Tout d’abord, la question sur toutes les lèvres en métropole des stocks de gaz n’a pas lieu d’être ici, assure le DG de Somagaz, « nous en avons encore 350 tonnes dans les cuves et le prochain gazier arrive ce 10 septembre. Toutes nos livraisons sont sécurisées, et planifiées. »
Il revient sur le prix de la bouteille de gaz, en légère diminution, puisque fixé par le préfet à 26 euros pour le mois de septembre. Un prix toujours beaucoup plus élevé qu’à La Réunion, où elle se vend à 15 euros : « Je comprends quand les gens râlent contre l’écart de prix. Mais nous n’avons pas la chance d’avoir à Mayotte une aide exceptionnelle de la Région et du Département ». Il rapporte néanmoins que le conseil départemental fait à Mayotte un effort sur l’octroi de mer, « son montant ne pèse pas lourd du coup dans le prix total ».
Si le carburant à la pompe monopolise les aides, c’est en raison de l’impact qu’il a dans le budget quotidien des ménages, « la bouteille de gaz, on en change toutes les 5 semaines environ à Mayotte ».
Un combustible n’est pas concerné par les remises, c’est le pétrole lampant, dont le prix dépasse celui du gazole pour le coup ce mois ci, 1,23 euro contre 1,16 euro, en raison des aides de l’Etat, du CD et de Total.
Ça ne gaze plus pour le lampant
Pour l’instant, la vente du pétrole lampant est autorisée dans trois stations, nous rapporte Karine Poisson, Directrice générale de TotalEnergies Mayotte : Kawéni, Petite Terre, et Tsoundzou, où elle était malgré tout momentanément arrêtée la semaine dernière. On va de toute manière vers une suppression complète de la vente de ce produit hautement dangereux, nous explique Eric Lefevre : « Nous sommes le seul département de France où ce combustible est encore utilisé pour des réchauds. Or, c’est un produit dangereux, à l’origine de nombreux accidents domestiques d’une grande gravité ». Il est théoriquement destiné aux lampes à pétrole, comme son nom l’indique.
Il est utilisé à Mayotte pour la cuisson alimentaire, et acheté en petite quantité. « Ceux qui viennent avec des bidons dans les stations sont généralement des revendeurs qui ont des papiers, et qui revendent ensuite à d’autres sans papier, à coup d’un litre, par ci, par là. » Même si le pétrole lampant n’est pas concerné par la remise de l’Etat, son prix s’est infléchi avec le risque que ces revendeurs ne profitent d’un effet d’aubaine. Des contrôles devraient être mis en place.
Avant de supprimer drastiquement le combustible, le produit de substitution est naturellement la bouteille de gaz. Mais pas au format 12 litres, trop imposant pour les petits réchauds, « nous étudions la mise en place de petites bouteilles de gaz, mais cela demande des préalables. Car même si elles sont vendues 13 ou 14 euros, ça sera compliqué pour les populations concernées de débourser cette somme, quand elles achètent actuellement au jour le jour pour quelques euros. Et il faut adapter les réchauds, et de notre côté, faire évoluer les techniques au Centre enfouisseur »
Un groupe de travail s’est monté avec la DG de Total, la SGAR, et donc Somagaz, « pour proposer la meilleure offre possible. Nous nous positionnons pour un remplacement échelonné sur 3 ans à partir de 2024. »
Anne Perzo-Lafond