L’arrêté préfectoral précisait les contours de limitation d’utilisation de la ressource en interdisant le lavage des véhicules, l’arrosage des jardins, le remplissage des piscines, etc. Mais il faut aller plus loin, et toutes les consommations sont visées, jusque dans les mosquées.
Est notamment invoqué par le Grand Cadi « la préservation de la vie » comme « une des cinq finalités à préserver par-dessus tout », « Or, l’eau est pour nous la source de vie comme en dispose le verset 30 de la sourate 21 : « (…) de l’eau Nous avons créé toute chose vivante. » Il est donc impératif de sensibiliser la population sur l’intérêt de la sobriété dans nos usages de la ressource en eau ». Est également visé le gaspillage, « Mangez, buvez et habillez-vous sans prodigalité ni ostentation », « et ne gaspille pas indument » (sourate 17).
Mahamoudou Hamada Saanda invite à « changer nos habitudes de consommation de la ressource en eau et faire preuve de sobriété. Mais en vérité, l’abandon des mauvaises habitudes en toute chose est la condition sine qua non pour retrouver une pluviométrie positive, e, avançant « trois arguments coraniques et prophétiques ».
Interdiction des grands manzaraka
S’en suivent 20 recommandations, certaines d’ordre religieux, d’autres relevant des politiques publiques.
Les premières invitent à afficher les consignes de bon usage de l’eau dans les salles d’ablutions des mosquées, à accomplir les ablutions « dans un récipient d’environ 625 ml » fourni par la préfecture, pour maitriser la quantité d’eau, ou à couper le robinet par intermittence à chaque étape du rituel de purification avant la prière, à prêcher dans les mosquées lors de la prière de vendredi contre les dangers de « l’israf » c’est à dire le gaspillage des bienfaits et l’excès dans les péchés, à privilégier les cérémonies de mariage restreintes pour la famille proche (Chidjabou et Walima) et à interdire les grands manzaraka par arrêté préfectoral à compter de novembre 2023 en conformité avec le verset : « (…) Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès », à inciter sans cesse la population au istighfar (demande de pardon) avec une intention sincère lors des invocations à l’occasion des prières quotidiennes, à administrer le Doua du Kunout19 dans chaque prière en y incluant les invocations spécifiques de la pluie, à célébrer la prière de la pluie dite « istisqâ’ » à l’échelle de tout Mayotte dans les mosquées ou sur terrains ouverts (y compris les femmes et enfants lorsque c’est possible) selon plusieurs dates à définir dans l’année, à instituer une journée de collecte de la ZAKAT AL-MAL tous les ans. Les fonds collectés seront reversés aux associations œuvrant pour les orphelins et les plus démunis et pour le bien-être des enfants malades dans les hôpitaux de Mayotte. Ces fonds seraient administrés par le Conseil Cadial garce à la création d’une « Régie des recettes ».
Outre des mesures financières destinées à la SMAE, dont le remboursement de la part abonnement de la facture pour les usagers, et une facturation plus fréquente, des mesures de bon sens sont évoquées par Mahamoudou Hamada Saanda.
Mener une vaste campagne de sensibilisation de la population à la préservation de la ressource en passant par les maires, mener un programme d’activités éducatives auprès des scolaires, doter les bâtiments publics d’un système de récupération d’eau de pluie, accentuer les politiques de protection des rivières en couvert végétal et en terme de lavage de linge pour lequel des laveries sociales doivent être mises en place, poursuivre la campagne en cours de forages et construire la 3ème retenue collinaire.
« C’est dans cet esprit d’union entre principes de l’Islam et principes Républicains que tout sujet sera résolu de manière efficace et perspicace à Mayotte », conclut le grand Cadi.
A.P-L.