Les Outre-mer sont en première ligne face aux violences. Ces territoires font face à une situation sécuritaire en dégradation. Chaque année, près de 30 % des homicides en France ont lieu en Outre-mer et plus de 1.000 ultramarins sont victimes d’agressions chaque jour. Aussi, après 2 années de LPM (Loi de programmation militaire) et 44 % des effectifs mis en place, les armées prévoient de déployer, jusqu’en 2030, 650 hommes et de nouvelles capacités, notamment des avions et des hélicoptères modernisés, mais aussi des capacités d’intervention au sol.
Contrôles renforcés aux ports, aéroports et littoraux

A travers une stratégie de sécurité interservices et interministérielle pilotée par les préfets des territoires ultramarins, l’État compte mettre en œuvre des dispositions permettant de lutter contre les filières criminelles notamment. Il s’agit ainsi de multiplier les opérations de contrôle spécifiques : opérations 100 % dans les aéroports de Guyane, des Antilles ou de La Réunion ; opération SCOTOPELIA de surveillance du trait de côte dans les Antilles ; nouvelles capacités de surveillance et d’intervention maritimes, notamment par la mise en service progressive des patrouilleurs et des avions de surveillance moderne (« rideau de fer » à Mayotte).
Il est aussi question de permettre aux enquêteurs d’accéder aux images de vidéosurveillance des ports, ou encore de transmettre des données concernant les bateaux qui font escale dans les ports. L’État compte également acquérir de nouveaux moyens matériels comme des scanners mobiles de basse intensité pour les Douanes en Guyane et à La Réunion, et expérimenter un dispositif de « Frontières intelligentes » à Saint-Barthélemy.
Mieux surveiller les flux migratoires
On le sait, sur notre territoire à Mayotte, les flux migratoires venant notamment des Comores ou de l’Afrique des Grands Lacs sont très importants. Aussi, le Gouvernement souhaite mettre en place de « Nouvelles capacités » avec l’augmentation des heures de mer de la Marine nationale dédiées à la surveillance et à l’intervention dans l’océan Indien. De plus, il est prévu le déploiement d’une centaine de militaires supplémentaires à Mayotte pour appuyer les forces de l’ordre dans la lutte contre l’immigration clandestine depuis la terre.

Ce combat contre l’immigration clandestine nécessite par ailleurs une meilleure coordination avec la création d’un état-major opérationnel à Mayotte pour lutter contre l’immigration clandestine, ainsi que le déploiement d’une cellule d’échange du renseignement relatif au trafic international de migrants à la Réunion (CERTIM). En outre, afin de renforcer la coopération régionale pour lutter contre les filières criminelles, l’État compte mettre en place des formations communes et des partenariats opérationnels entre les forces de sécurité et les forces armées des pays voisins, par le développement des académies dans le Pacifique, l’océan Indien et la zone Antilles-Guyane.
Prendre en charge et accompagner les mineurs

Qu’ils soient auteurs ou victimes, les mineurs nécessitent une prise en charge particulière, tant du point de vue de la prévention, de la détection ou de l’accompagnement. Le ministère de la Justice s’engage ainsi à renforcer la prise en charge des jeunes engagés ou risquant de se tourner vers les réseaux criminels, notamment par la mise en œuvre d’actions éducatives, par un accompagnement renforcé (mise en place d’une équipe mobile interdisciplinaire dédiée à l’outre-mer) ou encore par la réalisation d’études approfondies sur la prostitution des mineurs dans les territoires ultramarins. En effet, alors que les Outre-mer concentrent 4 % de la population française, ils représentent 10 % des violences intrafamiliales et 11 % des féminicides. Il est donc impératif de renforcer les actions de prévention, d’information et d’accompagnement dès le plus jeune âge.
Enfin, pour mieux se préparer aux risques naturels et faire face aux catastrophes qu’ils engendrent (cyclones Belal en janvier 2024 à La Réunion, Chido à Mayotte en décembre 2024, et Garance en janvier dernier à La Réunion), l’État entend donner aux territoires ultramarins et à leurs habitants de meilleurs outils pour détecter ces risques et se protéger face à ces crises majeures. Ainsi à Mayotte il est prévu l’installation d’un radar hydrométéorologique (seul département d’outre-mer n’en disposant pas), et à La Réunion de mettre en place des éléments avancés permanents (« harpon ») de 5 militaires des formations militaires de sécurité civile (FORMISC) en mesure d’accueillir des renforts en cas de crise majeure.