C’est une équation difficile à résoudre à laquelle a dû s’atteler François Bayrou ces dernières semaines. Comment trouver plus de 40 milliards d’euros d’économies alors qu’il faudrait investir un peu partout (Éducation, Santé, Sécurité, Armée, retraites, …) ? Tout en sachant que le président de la République a récemment déclaré, il y a seulement quelques jours, lors de son discours aux armées, que le budget consacré à la défense de la nation serait sanctuarisé et même augmenté de plusieurs milliards d’euros ces prochaines années. Sans compter le contexte international et les tensions commerciales avec les États-Unis qui comptent taxés les produits européens avec des droits de douane à hauteur de 30% !
Un exercice ô combien difficile donc, voire un enfer pour l’hôte de Matignon alors que la croissance française est atone, et que le déficit public bat des records.
La dette de la France augmente de 5.000 euros toutes les secondes !
C’est avec un ton grave et solennel que le Premier ministre a débuté son « moment de vérité » avec un constat assez accablant de la situation. « Cela fait maintenant plus de 50 ans que la France n’a pas voté un budget en équilibre. Notre pays s’est habitué au déficit. Le surendettement est une malédiction, une asphyxie. N’oublions jamais l’exemple de la Grèce… ». Si François Bayrou a utilisé des mots aussi forts c’est que la dette de notre pays dépasse l’entendement. En effet, elle est de plus de 3.300 milliards d’euros, soit 114% de notre PIB. En 2029, si rien ne change, la part de la dépense pour rembourser l’intérêt de la dette sera de 100 milliards par an, selon François Bayrou.
« Elle est de plus de 150 milliards par an, cela représente 5.000 euros toutes les secondes. C’est la dernière station avant la falaise et l’écrasement mortel. La dette est un danger pour notre pays. Nous sommes à un moment critique, l’urgence est là et nous ne pouvons pas éluder cette menace », explique le chef du Gouvernement. Et d’ajouter que « la France est accroc à la dépense publique ». En effet, 57% de notre PIB est consacré à la dépense publique. « Nous sommes les premiers au monde. Nous sommes le pays avec les impôts et les charges sociales les plus élevées. Cela ne peut plus durer ».
Des plans d’action pour ramener le déficit public à 4,6% en 2026 et à 2,8% en 2029
Avec le contexte international tendu que nous connaissons maintenant depuis plusieurs années, François Bayrou a confirmé le maintien du respect de la loi de programmation militaire et l’augmentation du budget de la Défense de plus de 6 milliards d’euros ces deux prochaines années (3,5 milliards en 2026 et 3 milliards en 2027). « Nous devons faire face à de nouvelles menaces, de nouveaux affrontements. Nous devons faire un effort de réarmement, organiser notre défense et notre capacité militaire en se donnant les moyens. On ne peut pas rester à la traine ».
Le Premier ministre a ainsi présenté deux plans pour remettre les comptes de la France sur les rails. Un premier intitulé « Stop à la dette » et un second « En avant la production ». Le Gouvernement compte ainsi ramener le déficit public à 4,6% en 2026 ; 4,1% en 2027 ; 3,4% en 2028 ; et 2,8% en 2029. Pour cela tout le monde va devoir participer à cet effort car pour 2026, le Gouvernement compte trouver près de 44 milliards (43,8) d’euros d’économies ! Cela passera entre autres par une « année blanche », c’est-à-dire la reconduction à l’identique de certaines dépenses entre 2025 et 2026, sans augmentation et sans tenir compte de l’inflation. Ce gel va par exemple s’étendre au barème de l’impôt sur le revenu mais aussi mettre à contribution les retraités.
Par ailleurs, 3.000 postes d’emplois dans la fonction publique seront supprimés, ainsi que le non remplacement d’un fonctionnaire sur 3. Le patrimoine de l’État sera également mis à contribution avec la création d’une société foncière qui gérera son patrimoine « improductif ». Les opérateurs de l’État (agences, comités, etc.) seront réorganisés et pour certains purement et simplement supprimés, avec à la clé la suppression de 1.000 à 1.500 emplois. Les collectivités devront aussi faire un effort avec des dépenses ne dépassant pas les ressources. Autre sujet très sensible : les dépenses de santé qui seront limitées à 5 milliards au lieu des 10 milliards prévus. Certains médicaments ne seront plus remboursés, ainsi que certaines consultations jugées « inutiles », mais aussi les infections de longue durée. « Il faut modifier nos comportements individuels pour équilibrer la sécurité sociale », insiste le Premier ministre.
Le Gouvernement entend également intensifier la lutte contre toutes les fraudes et aussi s’attaquer aux niches fiscales et sociales. Il compte créer une contribution de solidarité touchant les plus riches pour que ces derniers contribuent davantage à l’effort collectif car « nous devons sortir de l’endettement ».
2 jours fériés seront supprimés
A travers le plan « En avant la production », le Gouvernement souhaite renforcer le tissu productif et soutenir les entreprises. « On ne produit pas assez, il faut travailler plus », constate François Bayrou. Pour cela deux jours fériés vont être supprimés dès l’année prochaine, à savoir le lundi de Pâques et le 8 mai. Cela devrait permettre d’engranger plusieurs milliards d’euros. Le Gouvernement envisage aussi de réformer l’assurance chômage ; de créer une allocation sociale unifiée avec les collectivités ; ou encore de reconfigurer le système social en refondant son système de financement.
Enfin et surtout, le Gouvernement veut simplifier et alléger les procédures bureaucratiques en échange d’une baisse des subventions accordées aux entreprises qui représenteraient 211 milliards d’euros par an selon un récent rapport du Sénat. Les entreprises bénéficieraient ainsi de plus de libertés et de simplifications. C’est la cure que propose François Bayrou pour notre pays car pour reprendre ses mots : « le pronostic vital de la France est engagé. Nous devons agir ensemble si l’on veut retrouver notre souveraineté, notre indépendance et notre liberté ».
B.J.