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D’une enfance mahoraise à des études métropolitaines. Chapitre 1 – Haithia, étudiante en Droit à Toulouse 

Quatrième d’une famille de douze enfants, Haithia a grandi dans le quartier de Cavani. Mayotte n’offrant pas la possibilité de poursuivre ses études après sa Licence de Droit obtenue à Dembéni, elle s’envole en 2019 pour rejoindre Toulouse. Admise à l’université du Capitole, la jeune fille a 21 ans lorsqu’elle découvre la Métropole. Pour le JDM, elle revient sur cette expérience. 

« Est-ce que tu te souviens de ton arrivée ? 

Je m’en souviens très bien. Ma famille mzungu*, que j’avais rencontrée à Mayotte, est venue me chercher à l’aéroport. J’ai été éblouie par la grandeur des bâtiments, je rentrais dans un autre univers. Il y a eu l’étape où il a fallu faire les démarches, ce qui n’était pas la chose la plus drôle. Mais quand j’ai réussi, tout est rentré dans l’ordre, et j’ai commencé à visiter la ville et ses environs. 

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Ce que j’ai ressenti, c’est qu’on n’a pas le même système d’enseignement à Mayotte qu’en France métropolitaine. J’ai tout de suite remarqué que dans les amphis, quasiment tous les étudiants prenaient leurs cours sur l’ordi. Et je me rappelle que j’étais fascinée : on aurait dit un cybercafé ! J’avoue que ça m’avait fait très peur. À Mayotte, on prends les cours à la main, et je me demandais si j’arriverais à tout prendre en note. Mais au fur et à mesure, j’ai réussi à me faire violence pour ne prendre que l’essentiel. 

Ensuite, je n’avais pas vraiment de méthodologie précise pour apprendre, alors qu’il fallait maîtriser ses cours, que les notions s’enchaînaient. Il fallait que je trouve une méthodologie pour pouvoir être à jour. Et aussi le niveau : j’entendais les autres étudiants et je me disais : t’es à la ramasse, les autres sont déjà à un niveau beaucoup plus élevé que toi. C’est quelque chose qui au début m’a handicapée. Il fallait que j’essaye d’être au même rythme que les autres, que je n’accumule surtout pas de retard dans mon travail.

As-tu bénéficié d’un accompagnement ?

Il y a des associations d’étudiants mahorais à Toulouse, et dans chaque grande ville d’ailleurs. J’avais contacté une des responsables qui m’a expliqué les démarches, et comment il fallait que je procède si je rencontrais des difficultés au niveau de l’apprentissage de mes cours. Évidemment ce qu’il en ressortait c’était : régularité, régularité. Il fallait vraiment être régulière dans son travail. Et ça fonctionne très bien !

J’ai aussi eu énormément de soutien de la part de ma famille mzungu, qui m’a beaucoup aidée et accompagnée dans les démarches. Ça m’a permis de pouvoir tout de suite rebondir et me lancer dans cette nouvelle aventure. 

Comment te sens-tu au terme de ces années d’études ?  

J’ai quand même un sentiment de fierté, parce que j’ai réussi à valider mon Master – les 2 années validées du premier coup ! Maintenant que je vais devoir rentrer, j’ai un petit pincement au cœur parce que j’ai appris à aimer cette ville et ses habitants qui sont d’ailleurs très courtois. Et c’est vraiment une ville étudiante, très animée. Je ne pouvais pas rêver mieux. Je vais devoir laisser ça derrière moi mais je garde de très bons souvenirs, et je me dis que je reviendrai un jour y faire un tour. 

Pourquoi reviens-tu à Mayotte ? 

J’ai cette envie de pouvoir apporter quelque chose à ma population. Je m’explique. Je me dis que je serai peut être plus utile à Mayotte, en exerçant comme juriste ou encore en travaillant dans le milieu associatif. Je pense tout de suite à ACFAV, qui vient en aide aux femmes maltraitées. Et aussi j’ai envie d’être auprès de ma famille, de construire quelque chose là où tout a commencé. 

Si tu devais me parler d’une ou deux grandes différences entre Mayotte et la Métropole, tu penserais à quoi ? 

Les moyens de transport. C’est quelque chose qui m’a tout de suite marquée : le tram, le métro, les bus… À Mayotte on n’a pas ça. Et à Toulouse, tout est accessible, les bouquins, les cinémas… Tu peux aller à la bibliothèque universitaire, emprunter un maximum de livres. À Mayotte, quand tu empruntes un bouquin, 10 personnes attendent derrière, tu dois le rendre au bout d’une semaine ! C’est pour ça que je me suis dit : avec tous ces moyens, tu n’as pas d’autre choix que réussir. Tu as tout, le reste dépend de ta volonté. »

Propos recueillis par Marine Wolf

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