« Il y a eu des naissances, il y a eu des personnes qui sont arrivées à Mayotte, la population générale c’est sûr qu’elle a augmenté », indique Zaharouna Zakaria, responsable des enquêtes auprès des ménages pour l’Insee Mayotte, qui a participé au dernier recensement exhaustif réalisé sur le territoire en 2017.

Les agents recenseurs des différentes communes s’étaient alors rendues dans tous les villages, tous les quartiers, toutes les maisons pour recenser l’ensemble de la population, ils avaient décompté 256.518 habitants. Depuis huit ans l’Insee n’a jamais réitéré une telle opération mais publie des estimations annuelles de la population, dont la dernière, datant du 1er janvier 2024, notait 321.000 habitants. Suite au passage du cyclone Chido, l’institut n’a pas pu mener à bien l’estimation de 2025. Avec les nombreux dégâts sur le bâti, elle a donc décidé d’organiser un recensement exhaustif de la population. La première partie dédiée à la cartographie du territoire et des habitations a débuté en avril dernier, quant à la seconde, consacrée aux visites chez l’habitant, elle commencera en novembre prochain et se terminera en janvier 2026.
Un outil pour des politiques publiques adaptées

Un défi de taille qui nécessite la mobilisation de 700 à 800 agents recenseurs des différentes communes, et surtout un enjeu majeur pour le futur de Mayotte et son développement car le recensement sert d’outil aux communes pour adapter leurs politiques publiques.
« Le recensement exhaustif de la population est une opération conjointe menée entre l’Insee et les mairies », note Loup Wolff, directeur interrégional de l’Insee La Réunion-Mayotte, après une réunion sur le recensement organisée avec les maires des différentes communes, ce mardi premier juillet, à la mairie de Mamoudzou. « La participation des communes est l’une des conditions à la réussite du recensement », continue le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, « c’est une opération bénéfique pour elles, puisqu’elle permet de déterminer le montant de la dotation globale de fonctionnement qui leur sera attribuée ». « Jusqu’à présent, en matière de politiques publiques, nous étions dans l’approximation », décrit le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Mikidache Houmadi, « l’année prochaine nous saurons avec précision comment on peut rendre service à la population entière grâce aux données récoltées ».
« Ce n’est pas une opération de police »

Population, mairies, collectivités, État, la réussite du recensement et son bon déroulement sont nécessaires pour tout le monde. C’est pourquoi il est important que les agents recenseurs soient bien accueillis par la population et puissent travailler dans de bonnes conditions. Dans certains quartiers les agents recenseurs sont confondus avec la police et les habitants craignent des opérations de décasage. « Il faut faire comprendre aux habitants que ce n’est pas une opération de police, et c’est pour cela que les recenseurs choisis par les communes sont des personnes connues dans leurs quartiers », explique François-Xavier Bieuville, « les polices municipales seront mobilisées pour accompagner les agents sur le terrain quand cela sera nécessaire, mais c’est délicat car la police peut faire fuir les habitants effrayés. On doit trouver un dosage subtil entre l’Insee, la commune et la police, pour que tout le monde soit recensé ».
Avant de mener leurs enquêtes et de rentrer dans les domiciles, les agents présentent toujours leur carte professionnelle, qui prouve leur appartenance à l’Insee. Ils seront aussi vêtus d’une chasuble spécifique pour faciliter leur reconnaissance par la population. Les données récoltées sont anonymes et on pour seul objectif d’élaborer des statistiques.
Pour informer la population, une campagne de sensibilisation sur le recensement va bientôt commencer à Dzaoudzi, d’autres communes vont suivre le pas.
Victor Diwisch