Ils sont partout les hommes en orange. En métropole, que ce soit un kitesurfeur au large de la pointe bretonne de l’Aber Wrac’h, une évacuation sanitaire sur l’île d’Hoëdic, un voilier piégé par la marée en baie de Somme ou en Outre-mer, pour une voie d’eau sur un catamaran de 56 pieds en Martinique, nuit et jour, ils sont sur le pont.
Bien que la station soit récente à Mayotte, les 38 bénévoles dont 6 patrons de vedette n’en sont pas moins sollicités. « Depuis le début de l’année, nous sommes sortis 29 fois, soit davantage que les 3 stations de La Réunion réunies », commente Robert Amis, président de la station de Mayotte. Et l’année a commencé en beauté, « nous avons été appelés le 1er janvier à 2 heures du matin pour intervenir sur l’îlot Mtsamboro suite à une bagarre. Nous avons quand même demandé le soutien de la PAF ».
L’intervention sur des kwassas en danger représente moins de la moitié de leurs interventions, »il s’agit de kwassa sanitaires car notre semi-rigide Tamani est équipé notamment en oxygénothérapie, en défibrillateur, etc. Nous les déposons systématiquement aux autorités compétentes, soit au quai Ballou, soit à l’hôpital. Mais nous sommes surtout sollicités par des pêcheurs en panne de moteur, pour des kayakistes qui se sont renversés et qui ne peuvent remonter à bord, pour des remorquage… » Un catamaran de 5 tonnes pointant ses deux coques à l’entrée du lagon a déclaré sa panne de moteur, « il était à trois milles au large, il a fallu le remorquer », renchérit Alain Pucel, patron de la station.
Passation de témoins
Il faut dire que leur Tamani est très prisé, un semi-rigide alu Zodiac Milpro propulsé par deux fois 300 cv, qui monte la consommation annuelle à 20 tonnes de carburant. « le navire le plus lourd que nous avons remorqué faisait 60 tonnes. L’objectif de ses hommes et femmes, elles sont 10, de la mer, « être capable de secourir n’importe qui sur le lagon ou au large en une heure. Lors de la panne des pêcheurs au banc de l’Iris, les pilotes maritimes sont allés les sécuriser, et nous les avons pris en charge ensuite ».
Les formations se font à Saint-Nazaire pour les patrons, »une école financée par TotalEnergies, notre principal donateur après l’Etat », et pour les nageurs de bord, qui se mettent à l’eau, tous les deux ans à Mayotte.
Une sauvegarde de la vie humaine qui est gratuite, seuls les remorquage sont payants, et qui appelle donc des dons* déductibles des impôts, les recettes principales de la SNSM. Bien que bénévoles, une astreinte a été mise en place pour réagir au moindre appel. « La pérennité des bénévoles et des patrons de vedette, c’est notre principal problème. Quand en métropole un marin pêcheur à la retraite s’inscrit à la SNSM, on sait que c’est pour 20 ans, à Mayotte, c’est différent, je suis le seul retraité », s’exclame Robert Amis, ex directeur du STM.
D’ailleurs, il y avait du changement dans l’air ce mercredi. Alain Pucel va passer la main le 1er juillet, date à laquelle le Délégué interdépartemental sur La Réunion-Mayotte, François Bacqué est également remplacé par Jean-Pierre Million-Rousseau, qui connaît déjà Mayotte.
Ces secouristes de la mer interviennent par tous les temps, et ont pris une place centrale à Mayotte désormais dotée d’une station à la hauteur de ses grandes sœurs.
Anne Perzo-Lafond
* La SNSM attend vos dons sur patron.dzaoudzi@snsm.org ou au 0639 62 31 11