Depuis plusieurs jours une drôle de structure bleue flotte dans le lagon face à Musical plage, à Bandrélé. Annoncé en mai dernier, le bassin sportif est en cours d’installation. Maintenu à l’eau grâce à des bouées, le bassin comportera 8 couloirs de nage de 25 mètres de long, entourés d’une plateforme flottante. Installé à près de 150 mètres du rivage afin d’être toujours en eau peu importe la marée, il sera utilisable toute l’année et accessible par un ponton flottant. Mais ce n’est pas la seule infrastructure qui composera le site, puisque des éléments à terre sont actuellement en construction, à savoir : un local vestiaire, des douches, un lieu de stockage du matériel, un poste de secours et un belvédère de surveillance de baignade de cinq mètres de hauteur.
Bassin sportif flottant et baignade sécurisée

« Le bassin sera opérationnel fin août, début septembre », espère François Delaroque, référent du projet pour la mairie de Bandrélé, qui tient à préciser que « de fausses informations circulent sur les réseaux sociaux… Le ponton n’est pas à la dérive, mais on l’a décroché exprès dans l’attente de la construction des sites terrestres, car à terme c’est lui qui doit relier la structure flottante à la terre, c’est une question de sécurité ».
Le bassin sera destiné en priorité aux activités nautiques scolaires notamment des écoles, du collège et du lycée de Bandrélé, mais aussi du collège de Tsimkoura. « L’ARS effectue des contrôles mensuels sur la qualité de l’eau du site, et il en ressort que Musical plage a une eau de bonne qualité », assure François Delaroque, concernant les risques sanitaires. « Le bassin ne comporte pas de filet sous-marin car cela pourrait être dangereux pour les utilisateurs », ajoute le référent.
La population pourra tout de même bénéficier du site en se baignant dans la première zone de baignade surveillée de Mayotte, qui sera délimitée par des bouées et surveillée par un maître-nageur. L’accès au bassin flottant est interdit et sera contrôlé.

La « piscine en mer » pourra être mise à disposition gratuitement des associations, des clubs sportifs, ou des opérateurs privés, pour y proposer des activités nautiques encadrées. En mai, la mairie de Bandrélé a lancé un appel à manifestation d’intérêt auprès des structures souhaitant utiliser le bassin, pour le moment « seules les associations habituelles ont répondu », selon François Delaroque. « On pense que l’émulation autour du bassin va naître progressivement et on est prêt à recevoir toutes les propositions, notamment des clubs mais aussi des associations, pour permettre à tous les publics d’utiliser l’installation, comme les personnes en situation de handicap ».
Un appel à un effort collectif et une vision politique pour pleinement exploiter le site
« Le bassin est un super outil de travail, pour organiser des compétitions, des tournois, des stages, des formations, mais il faut que la Ville de Bandrélé aille jusqu’au bout de ses ambitions », estime Alain Baron, maître-nageur sauveteur, spécialisé dans l’entraînement des nageurs de compétition, président du club de natation Mayotte, et référent de la Fédération française de natation (FFN).

Il relève que prioriser les activités scolaires est une bonne chose mais qu’il est temps de développer une approche professionnelle des sports nautiques, notamment à l’approche des Jeux des îles de l’océan Indien en 2027, et qu’il faut rendre le plus accessible possible le site aux clubs de sports. « C’est regrettable que, pour les Jeux des Jeunes des îles de l’océan Indien cet été, on m’ait demandé s’il y avait des participants mahorais âgés de 14 à 17 ans, et que j’ai dû répondre qu’il n’y en avait aucun. Du côté du club de water-polo, les membres de l’équipe ne peuvent pas s’entraîner avant 17h/ 18h en raison de leurs vies professionnelles et en l’absence de lumières le bassin ne sera pas utilisable pour eux », explique-t-il.
Afin de développer cette approche professionnelle chez les élèves, la population mais aussi les municipalités, Alain Baron compte sur la Ville de Bandrélé pour mettre en place une politique d’attractivité, d’ambition, et cela passe notamment par les maîtres-nageurs. « Il faut donner envie aux maîtres-nageurs de venir, ils doivent pouvoir être accueillis en confort sur le site, il faut s’assurer qu’ils soient en sécurité », continue celui qui sensibilise les pouvoirs publics sur l’enjeu du développement de l’accès au lagon et aux activités dans l’océan depuis plus de cinq ans. « Pour que les clubs et les communes s’y intéressent et que le site soit exploité à son maximum, il faut une vision ».
Victor Diwisch