« C’est une première, d’habitude c’est la métropole qui vient appuyer les outre-mer car on n’a pas de départements voisins pour nous porter assistance ». Le colonel hors classe Olivier Neis, directeur du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Mayotte, est revenu sur le caractère inédit de l’ampleur des feux de forêts dans l’Hexagone, précisant « qu’on parle de la France entière, avec une mobilisation générale, on est dans une crise exceptionnelle ».
Une unité formée de sapeurs-pompiers de Mayotte et de la Réunion
Au regard de la violence et de la temporalité de cette crise, plus d’un mois de feu de forêt, « c’est tout naturellement que nous nous sommes portés volontaires, la direction générale de la sécurité civile ayant répondu favorablement à notre sollicitation », explique le directeur du SDIS de Mayotte. Il poursuit, « nous avons fait un appel à candidature parmi tous ceux qui sont spécialisés et qui sont à jour de leur formation. Ensuite, nous avons essayé de trouver un équilibre pour que chaque caserne soit représentée, qu’il y ait au minimum une femme et que ce soit des sapeurs-pompiers qui aient familièrement la capacité de pouvoir s’éloigner de Mayotte pendant au moins 21 jours ». Les dix sapeurs-pompiers de l’île ayant été sélectionnés ont rejoint leurs collègues de métropole pour parfaire l’extinction des feux en Gironde, dans le cadre d’un détachement de la Zone Sud de l’océan Indien, également composé de dix autres sapeurs-pompiers du SDIS de la Réunion.
La lutte contre la reprise des feux est loin d’être terminée
Si les feux semblent désormais « fixés » dans ce département, le colonel Neis entend rappeler que lecombat contre les flammes est loin d’être terminé : « le travail le plus pénible commence, il s’agit de traiter les lisières et de parfaire l’extinction des feux. Cela demande beaucoup de temps ». Une tâche d’autant plus éprouvante que les sols des forêts de Gironde sont constitués de tourbe, matière organique
fossile formée à partir de débris de végétaux.
« Dans les tourbières, l’apport en oxygène est suffisant pour favoriser la consumation des racines sur des dizaines des mètres et quand cela ressort, vous avez un nouveau départ de feu ». Les sapeurs-pompiers auront donc à « gratter, creuser, arroser et cela toute la journée » détaille le colonel hors classe. Il n’hésite pas à qualifier cette tâche de « pénible », « dure » et « éreintante » mais entend souligner son caractère essentiel dans la lutte contre les incendies : « ce travail-là, aujourd’hui, si les pompiers ne le font pas, le risque est la reprise du feu ».
L’envoi de renfort supplémentaire n’est pas envisageable
Dès lors, est-il possible d’imaginer un envoi supplémentaire de sapeurs-pompiers depuis Mayotte au regard de l’imprévisibilité des départs d’incendies ? Une situation inconcevable pour le directeur du SDIS dans la mesure où « le quotidien de Mayotte se doit d’être assuré, les interventions ne s’arrêtent pas ». En revanche, note-t-il, « s’il le fallait, nous pourrions assurer une relève ».
Alors que la sécheresse des sols et les fortes chaleurs laissent craindre désormais des épisodes d’orages violents dans l’Hexagone ainsi que de fortes inondations, la sollicitation des sapeurs-pompiers d’outre-mer n’est pour l’heure pas d’actualité. « Sur les feux de forêt, il y a un travail en profondeur, la France entière est touchée, le Loir-et-Cher, la Bretagne, le Jura etc. Une inondation localisée, on arrive à organiser une réponse tout à fait adaptée sur le plan départemental ou régional », informe Oliver Neis, avant de conclure « qu’il faudrait, je pense pour solliciter à nouveau les outre-mer de la même manière, la présence d’inondations sur l’ensemble de la France et sur plusieurs semaines ».
Pierre Mouysset