Six mois après le passage du cyclone, on peut déjà faire un bref premier bilan. Et si tout n’est pas parfait, loin de là, les choses avancent quand même … doucement, certes, mais ça avance. Ainsi, plusieurs aides ont été débloquées avec par exemple 15 millions d’euros budgétisés pour 2.000 dossiers déposés dans le secteur agricole. Cela redémarre lentement mais n’oublions pas que la filière a été totalement sinistrée. Ou encore le soutien aux entreprises dont 4.273 d’entre elles ont reçu un soutien de 22 millions d’euros. Par ailleurs, 100 millions d’euros ont été débloqués pour les collectivités. Un prêt à taux zéro a également été mis en place pour les particuliers depuis bientôt 2 mois et à ce jour, selon nos informations, seulement 2 dossiers ont été déposés !!! « Il serait temps que les gens s’en empare », nous indique une source.
Les grands projets structurants attendus depuis longtemps

En outre, la loi pour la refondation de Mayotte, qui doit être présentée en séance à l’Assemblée nationale la semaine prochaine, devrait permettre d’accélérer les choses, tout du moins on le souhaite, et c’est l’objectif même de sa raison d’être. Ainsi les grands projets structurants pour le territoire devraient enfin voir le jour comme la future cité judiciaire, le 2e hôpital mais aussi la convergence sociale, et surtout le futur aéroport et le développement actuel du port de Longoni en un grand port maritime. Le problème de l’accès à l’eau fait aussi partie des enjeux de la loi pour la refondation de Mayotte avec la poursuite des campagnes de forage. Celle menée en 2024 va ainsi permettre d’apporter 4.000m3 en plus par jour, et celle de 2025 devrait apporter 3.000m3/ jour. Mais surtout deux projets importants et attendus depuis longtemps : la 2e usine de dessalement à Ironi Bé et la 3e retenue collinaire.
Une meilleure gestion des déchets
Concernant la gestion des déchets, même s’il en reste encore, le plus gros a été enlevé et l’ouverture d’un 2nd casier à l’ISDND de Dzoumogné pour un montant de près de 20 millions d’euros, financé par l’État, devrait permettre de voir les choses un peu plus sereinement pour les années à venir. Toutefois, il est à noter que les filières de recyclage sont encore trop développées dans l’ile. Peut-être un axe de réflexion à mener…
Un rideau de fer pour resserrer les mailles du filet

Concernant le rideau de fer annoncé en grande pompe, là aussi les choses avancent. Le 101e département aurait retrouvé « ses pleines capacités de surveillance » et selon nos informations deux caméras fixes de surveillance de longue portée, permettant de voir à plusieurs mille nautiques seraient en cours d’acheminement. De plus, 4 nouveaux radars devraient également être installés prochainement dans l’île. Ce système de surveillance sera complété dans plusieurs mois par la présence de deux drones ainsi qu’une surveillance satellitaire. A cela vont s’ajouter le futur ponton à Mtsamboro ou encore les anciennes barges qui devraient se situer un peu plus au large formant ainsi une zone défensive avancée en quelque sorte. L’objectif : « resserrer les mailles du filet ».
L’environnement et les transports

Sur le volet environnement et l’annonce d’un plan de reboisement par le ministre des Outre-mer, l’ensemble des parties prenantes se veut prudent et semble privilégier le pragmatisme en attendant les différentes études scientifiques sur la pertinence d’un tel projet. Vis-à-vis des transports, là aussi de nombreuses avancées ont été faites, avec notamment le futur réseau interurbain qui doit voir le jour prochainement, mais aussi Caribus qui est entré dans sa deuxième phase de travaux. A cet égard, d’ailleurs, concernant le conflit qui oppose en ce moment la Cadema aux taxis au sujet de l’utilisation de la voie réservée aux bus, l’État a laissé entendre qu’il pourrait ne pas financer la seconde phase des travaux de Caribus si les taxis devaient avoir gain de cause…
L’Éducation au cœur des préoccupations

Enfin, une grosse interrogation demeure concernant la prochaine rentrée scolaire prévue fin août. Se fera-t-elle dans des conditions optimales, sachant que beaucoup d’établissements ont été endommagés ? La nouvelle rectrice, Valérie Debuchy nommée récemment, aura sans doute l’occasion de revenir sur ce sujet dans les prochaines semaines. A ce stade, la piste des modulaires semblent privilégiée afin qu’un maximum d’élèves puisse avoir cours. Toutefois, dans un récent rapport, la chambre régionale des comptes (CRC) considère que cela ne doit pas devenir la norme et que cela doit rester provisoire pour des questions de sécurité notamment.
La loi pour la refondation de Mayotte devrait permettre à ce territoire de franchir une étape cruciale pour son développement futur : un nouvel aéroport en Grande-Terre et peut être la création d’un grand port maritime à Longoni, dont la DSP se terminera en 2026, ce qui permettrait de développer un hub commercial et faire de Mayotte une zone économique incontournable dans la région… Ajoutez à cela la convergence sociale et peut être l’inscription de la double barrière de corail de l’île au lagon au patrimoine de l’Unesco… autant de chantiers qui devraient permettre à Mayotte de se développer pour enfin changer de visage.
B.J.