Richesse à proprement parler, pour notre jeune territoire français insulaire qui, depuis son affiliation en 2014 en tant que région ultrapériphérique de l’E.U. — parmi 8 autres — a pu bénéficier d’aides s’élevant à plus de 280 millions d’euros rien que pour la période 2014-2020. Des fonds de types, développement agricole, régional ou encore social. Des aides incroyables poussant Mayotte et sa jeunesse vers la pleine expansion tant convoitée, tant espérée. Une jeunesse qui jouit d’un système éducatif, d’accompagnement et de formation à travers différents outils structurels de notre île via un parcours classique ou, justement, une approche plus sociale telle que la Mission Locale qui, pour sa 2ème année, organise à l’attention de ses bénéficiaires, un mois ayant pour large thématique l’Europe et tout le champ des possibles que cela sous-entend.
Un peu d’histoire…
Le 9 mai 1950 est une date hautement symbolique pour les pays membres de l’Union européenne. Elle marque quelque part la naissance concrète et actée des fondations mêmes de la Communauté européenne, qui se voulait à l’époque ciblée sur une mutualisation des productions de charbon et d’acier visant une expansion économique des états adhérents et, par la même occasion, un plein développement de l’emploi et du niveau de vie au sortir de ce second conflit mondial. Prononcée par le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, Robert Schuman, au sein du fameux Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, cette toute première CECA* comptait 6 états : la Belgique, l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest, les Pays-Bas, le Luxembourg et la France.
La mobilité pour s’ouvrir les synapses !
En cette première et symbolique journée dédiée à l’Europe, l’antenne Mission locale de Petite-Terre, et ses jeunes bénéficiaires, ont accueilli le Centre régional d’information jeunesse (CRIJ) qui est venu présenter le large panel d’opportunités proposées, notamment dans le cadre du dispositif Corps européen de solidarité.
Un dispositif visant les 18 à 30 ans, sur des missions de toutes sortes de thématiques, de type volontariat, pour une durée variant de 2 à 12 mois, à travers les 27 pays de l’U.E. mais également d’autres pays partenaires. Accompagnés par l’agence Erasmus+ de Paris, les heureux volontaires n’ont rien à débourser, tout est intégralement pris en charge : billets d’avion, hébergement, nourriture, assurance, logistique transport et argent de poche en prime, en plus de se voir gratifiés d’une expérience professionnelle qui n’est pas des moindres et parfois même, une pleine révélation aux dires de Said Ali Abdillah, référent mobilité au CRIJ, qui fait part de son oeil expert depuis la mise en place de ce dispositif à Mayotte en 2016 : « Il est arrivé de nombreuses fois que des jeunes partent pour des missions sans trop savoir ce qu’ils souhaitaient faire pour leur futur et à leur retour, ils étaient transcendés et leur projet de vie s’était dessiné. Depuis sa matérialisation sur notre département, seulement une cinquantaine de jeunes ont saisi cette opportunité. Ça n’est pas assez et c’est bien dommage sachant qu’il n’y a ni quotas ni restrictions économiques. Ce manque d’engouement s’explique aussi par l’état d’esprit des nouvelles générations qui ne sont pas très ouverts à la mouvance, au dynamisme et à sortir de leur zone de confort ».
Une forme de nonchalance aussi expliquée par la peur de l’inconnu et de quitter son petit territoire comme le souligne Nadia Djoumoi, directrice de la Mission locale de Mayotte : « Depuis l’année dernière où nous avons mis en place ce dispositif grâce au partenariat avec le CRIJ, nous avons 2 jeunes qui sont partis en mission au Canada et qui sont revenus totalement métamorphosés. La claque qu’ils ont reçu leur a ouvert une vision beaucoup plus élargie du Monde auquel nous appartenons et cette expérience les a positivement préparés pour le marché de l’emploi. S’ils sont peu nombreux pour le moment à ne pas saisir ces chances qui leurs sont offertes, c’est que l’aspect sécuritaire du cocon insulaire connu est plus fort que la curiosité de l’ouverture. Ce genre de matinée informative est une superbe opportunité pour susciter leur curiosité et leur présenter notamment ce que le système économique européen leur alloue » .
« Car nous sommes aussi européens »
Dans cette pleine émulation matinale où les ateliers ludiques de culture Made in Europe, s’imbriquent avec les invités intervenants, il est aussi la présence du Conseil départemental de Mayotte, autorité de gestion des programmes de fonds européens. Une symbolique présence pour ces jeunes qui, pour certains, entendent parler pour la première fois de l’Europe telle une entité à laquelle ils sont aussi rattachés « Nous faisons complètement partie de l’Union européenne » souligne Aïna Salim, Directrice des programmes et de la gestion des fonds au sein du CD « Nous n’avons pas à nous poser de questions là dessus. Cette identité européenne et ses fondements sont très importants et il faut le rappeler à ces jeunes. Ma venue est également l’occasion d’échanger avec eux, de les informer et de les questionner au regard de leur avenir qui peut aussi s’ouvrir sur un champ géographique très large à échelle européenne. Ils sont mahorais, certes mais ils sont également français et européens, il ne faut pas l’oublier… »
Tout au long de ce mois de mai dédié à la bannière bleue étoilée, l’antenne de la Mission locale de Mayotte organisera des ateliers ludiques interactifs et informatifs pour sensibiliser ses jeunes au regard de l’impact de l’Europe à Mayotte les poussant vers une indispensable ouverture d’esprit.
Pour le dernier jour de ce mois qui s’annonce riche, il sera organisé, d’une part, un quizz spécial Union européenne auprès du grand public dans la rue et sur la barge et, d’autre part, une exposition photo sera présentée sur le parvis de l’Office du Tourisme de Petite-Terre, le tout, animé par ces ambassadeurs (Mission locale) de l’Europe en devenir.
MLG
*Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA)