Ce n’est qu’au début du mois de mars 2023 que les sénateurs de Mayotte, Abdallah Hassani et Thani Mohamed Soilihi, ont obtenu une réponse conjointe, par courrier, de la part des ministres Bruno Le Maire et Jean-François Carenco. Depuis 2021 le recensement de Mayotte prend la même forme que sur le reste du territoire français. Il s’effectue par cinquième tous les ans. Chaque année une enquête nouvelle est organisée par l’Insee avec quelques adaptations au territoire mahorais. Les premiers chiffres du recensement de la population à Mayotte ne seront donnés qu’en 2025 avait précisé l’Insee, notamment en ce qui concerne la population officielle et les informations socio-démographiques sur la population et les logements.
Fournir des chiffres fiables et réalistes
Dans leur courrier, les sénateurs avaient attiré l’attention du gouvernement « sur les enjeux de la mise en œuvre d’un système d’information statistique de qualité à Mayotte et tenant compte des spécificités de ce territoire ultramarin », ainsi que sur la mise en garde d’« effet tunnel » concernant le recensement.
De par son statut, Mayotte bénéficie de productions statistiques importantes comme celles des comptes économiques annuels complets ainsi que de l’indice des prix à la consommation mensuel départemental. A cet égard, l’accord-cadre pluriannuel entre l’Insee et la direction générale de l’outre-mer (DGOM) a été renouvelé pour la période 2023-2027, ce qui va permettre de produire davantage de résultats pour le département, notamment une enquête sur la formation des adultes avec un module sur l’illettrisme. Or comme le souligne le gouvernement, « Les systèmes d’information statistique dépendent de sources administratives, indispensables pour la production de statistiques ».
Et c’est là que le bât blesse puisque les fondements du système d’information statistique mahorais ont besoin d’être consolidés, comme l’indique le gouvernement dans son courrier. « Les sources administratives présentent des limites en termes de qualité à Mayotte pour être utilisées à des fins statistiques, du fait de leur incomplétudes ou de l’absence de normalisation des adresses. Par ailleurs, certaines sources sont mises en œuvre à Mayotte avec délai ». Il est donc nécessaire de réaliser des progrès dans ce domaine en structurant et en organisant mieux les administrations locales avec lesquelles l’Insee peut avoir des échanges.
Une méthode de recensement alignée sur celle de l’Hexagone
Le gouvernement assure ainsi qu’« un travail sera engagé afin de construire un plan d’actions opérationnel, permettant d’améliorer et de fiabiliser les sources administratives constituant le socle indispensable pour la production de statistiques sur le territoire ». Le tout est de savoir quand et comment ? Car même si la méthode du recensement de la population a changé, la connaissance du nombre d’habitants quelles que soient leur nationalité et leur situation administrative sur un territoire constitue une source majeure pour les statistiques, a fortiori à Mayotte. Ce sont des données primordiales pour disposer de chiffres fiables car ce sont eux qui conditionnent l’octroi de subventions et d’aides de la part de l’État. Puisque c’est en fonction de son nombre d’habitants que le département et les communes de l’île toucheront des dotations financières plus ou moins importantes de la part de la France mais aussi de l’Union Européenne.
Les modalités de recensement à Mayotte se sont donc alignées sur celles de la métropole, il est essentiel que les différents acteurs mais aussi les communes concernées par la collecte d’informations soient fortement mobilisées pour obtenir des chiffres et des données fiables. L’Insee assure de son côté être très investie et de mettre en œuvre des méthodologies adaptées aux spécificités de Mayotte, « notamment à la forte évolution des bâtis précaires ».
Au 1er janvier 2023 la population sur le territoire de Mayotte s’établissait à un peu plus de 310.000 habitants selon les estimations de l’Insee et l’île enregistre chaque année plus de 10.000 naissances.
Les premiers résultats (fiables) du recensement de la population mahoraise, selon la nouvelle méthode, seront donc publiés à la fin de l’année 2025, faute de mieux.
B.J.