Originaire de Labattoir et titulaire d’un master en Sciences sociales, spécialité démographie à l’Université de Strasbourg, Hadidja travaille depuis 3 ans à la Communauté des communes de Petite-Terre en tant que gestionnaire de données SIG*. Le début d’une histoire d’amour avec la Géomatique.
Une timidité battue par un désir d’évolution professionnelle
Notre protagoniste l’a souligné lors de son discours de remise de diplôme, « il ne faut pas se sous-estimer ». Un conseil qu’elle a dû respecter personnellement, comme elle nous l’explique : « Depuis que j’ai signé à la CCPT, je ne me suis jamais reposée sur mes acquis, j’ai toujours cherché à améliorer mes compétences, notamment en suivant plusieurs formations au CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) ou en suivant divers cours en ligne. Mais ce n’était pas assez. J’avais entendu parler de l’ENSG**-Géomatique (École nationale des sciences géographiques), l’école numéro une en France dans mon domaine de prédilection. Cette dernière proposait une formation pour acquérir le Certificat supérieur géomatique et application (CSGA), une certification qui me permettrait d’avancer dans mon évolution. Je ne vous mens pas, j’ai longtemps hésité car j’estimais que la marche était beaucoup trop haute, que je n’y arriverai pas. En effet, l’accès y est très sélectif et souvent réservé à des profils d’ingénieurs. Après 2 ans de réflexion, j’ai fini par postuler pour l’année 2021-2022. Pour mon plus grand bonheur, j’ai été prise. Comme quoi, il ne faut pas se sous-estimer. »
14 mois de formation chevauchés avec le boulot : un train de vie d’enfer
Notre interlocutrice s’est donc inscrite à cette formation en distanciel, avec son boulot à temps plein à côté. Une situation délicate, surmontée grâce à une détermination mais aussi avec l’aide de sa structure. Elle nous en dit davantage : « Ma structure m’a beaucoup aidée en prenant en charge les frais de la formation mais aussi en m’offrant quelques ajustement, notamment au moment d’effectuer mon stage d’immersion (dans une autre structure). Ça n’en a pas rendu la formation moins dure pour autant. Nous avions un nouveau module toutes les deux semaines, pour l’école, suivis d’examens. Tout cela, à ajuster avec mes horaires de travail. Ça m’a coûté pas mal de nuits blanches, et de semaines continues. À un moment j’ai même pensé à abandonner mais je me suis accrochée et le succès n’en est que plus savoureux. »
La remise de diplôme
Bien évidemment, comme dans la plupart des remises de diplôme, l’émotion était vive, Hadidja ne déroge pas à la règle. Nous l’écoutons à ce sujet : « Voir mes pairs, avec qui on s’est beaucoup entraidés, mes intervenants, mes sœurs aussi qui avaient fait le chemin pour assister à la cérémonie; c’était beaucoup de fierté et de joie. Je me suis dit ‘wahou, je l’ai vraiment fait’! Le sentiment du devoir accompli, surtout lorsqu’on a tout donné pour en arriver là… il n’y a rien de plus beau. »
Un petit mot de fin ?
« Si j’ai vraiment un message à faire passer, c’est de toujours se donner les moyens de réussir, peu importe son domaine, et de ne jamais lâcher prise. Aussi, ne jamais se sous-estimer, on ne connaît pas réellement nos limites tant qu’on a pas essayé. Pour ma part, l’obtention de ce diplôme n’est que le début. Je vais continuer à me donner les moyens de tutoyer les sommets. »
On lui souhaite bien évidemment toute la réussite du monde car à la fin, c’est Mayotte qui gagne. Nous espérons aussi que ses conseils seront entendus, notamment par notre fugueuse et talentueuse jeune génération : Osez, tentez, triomphez !
Houmadi Abdallah
* Le gestionnaire de données SIG va rassembler les données de divers réseaux comme les réseaux d’eaux et d’électricité. De cette assemblage résulte l’élaboration de cartes synthétisant les informations sur le territoire. Ce genre de carte est essentielle dans les projets d’urbanisme.
**L’école nationale des sciences géographiques est l’une des 204 écoles d’ingénieurs françaises accréditées à délivrer un diplôme d’ingénieur. Elle est gérée par l’institut national de l’information géographique forestière (IGN). Le CSGA est une formation spécialisée permettant l’acquisition de compétences de niveau Maitrise d’Ouvrage dans le domaine de la géomatique, entièrement à distance. Elle s’adresse à des personnes déjà diplômées d’un Bac + 5 (Diplôme d’ingénieur ou Master M2) motivées pour devenir des spécialistes de la géomatique appliquée à leurs métiers. D’après son école, Hadidja est la première mahoraise à s’inscrire dans cette formation et la première à en ressortir diplômée. On en espère plein d’autres à l’avenir.