En raison d’un mandat perturbé, les maires demandent de reporter les municipales à Mayotte

« Depuis 2020, nous avons enchaîné les crises », plaide Laïthidine Ben Saïd en qualité de Secrétaire général de l’Association des Maires de Mayotte. Après deux ans de Covid, les pénuries d’eau et les mouvements sociaux se sont enchainés, rappelle-t-il dans un contexte post-Chido.

Les maires de Mayotte ont lancé une démarche originale, celle de la demande de report d’une année des élections municipales sur le 101ème département. Prévues en France en mars 2026, ils souhaitent la décaler en mars 2027.

Une requête qui n’a pas encore été déposée au ministère de l’Intérieur, mais formulée auprès du président de l’Association des maires de France (AMF) « pour qu’il nous conseille à ce sujet », nous explique Laïthidine Ben Saïd, secrétaire général de l’Association des maires de Mayotte (AMM), et maire de Mtsamboro.

AMF, David Lisnard
David Lisnard, président de l’AMF, était à Mayotte en avril 2024. Ici en compagnie du maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla, et du président de l’AMM, Madi Madi Souf

Qui explique les raisons de ce report : « A Mayotte, nous sommes allés de crise en crise. Depuis notre élection, il a fallu gérer l’urgence. A commencer par la crise mondiale du Covid qui a également impacté tous les maires de France. » On se souvient que le premier tour des municipales s’est tenu le 15 mars 2020 dans un contexte fragile et dénoncé par beaucoup comme risqué en raison d’une généralisation de la pandémie. Le premier confinement était d’ailleurs annoncé par le président Macron le lendemain, le 16 mars 2020. Le second tour prévu initialement le 22 mars avait été décalé au 28 juin suivant. D’ailleurs, en Hexagone, des élus avaient également plaidé pour un report des municipales au mois de juin 2026. Ce démarrage tardif incite notamment les maires à demander un report, surtout que les confinements et déconfinements se sont succédés jusqu’en 2022.

Chido, le coup de grâce

Et à Mayotte, ce ne fut pas la seule crise du mandat, rappelle l’élu. « Nous avons enchainé avec la crise de pénurie d’eau en 2023, au cours de laquelle la réorganisation de nos services vers la distribution des bouteilles d’eau était indispensable. » Ensuite, la énième crise sociale de début 2024, « nous avons été bloqués de nombreux jours, avec des agents qui ne pouvaient venir travailler ». Les collectifs manifestaient contre le titre de séjour territorialisé et les actes de délinquance. Et c’est sans compter les actes de délinquance commis çà et là sur plusieurs jours après les opérations de démolition d’habitat insalubre.

Le gel hydroalcoolique avait été pour la 1ère fois l’invité des élections de mars 2020

Une année 2024 terminée sur le pire cataclysme qu’ait connu Mayotte, le cyclone Chido, suivi par la forte tempête tropicale Dikeledi : « Le bâtiments ont été détruits, nous n’avons plus pu travailler depuis mi-décembre. Il a fallu mobiliser des bâtiments municipaux comme abris d’urgence, organiser leur nettoyage, et recommencer, avant d’organiser une rentrée en mode très dégradé. Nous n’arrivons pas encore à nous en remettre, et là encore, alors que nos agents ont été touchés, il a fallu s’organiser pour la distribution d’aide alimentaire ».

Des élus récemment mis en cause par un article du Monde pour cautionner des détournements de denrées et matériels dans l’après Chido, par leurs propres agents. Une accusation globale qui avait entrainé des réactions, notamment celle du maire Mamoudzou qui appelait à une enquête sérieuse.

C’est davantage un conseil qu’attendent les maires de la part de l’AMF, avec une certitude pour Laïthidine Ben Saïd, « personnellement, que les élections se tiennent en 2026 ou 2027, cela ne changera pas ma décision de me représenter à ma propre succession. »

Anne Perzo-Lafond

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