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La mission locale de Mayotte nourrie d’ambition veut aussi frapper aux portes de l’Europe

C’est au sein des locaux de son tout nouveau siège à Passamainty que la mission locale de Mayotte a reçu l’euro-député Stéphane Séjourné afin de présenter de manière efficace et condensée les besoins et objectifs propres aux challenges et défis de service public qui lui incombent.

C’est beau, c’est neuf et surtout, c’est accueillant et motivant. Six-cent mètres carrés répartis sur 3 niveaux; dont un rez-de-chaussée réellement dédié à l’atelier formation des jeunes en décrochage scolaire. Une formation justement toute récente étalée sur 8 mois, dont 4 sont consacrés à des ateliers de présentation, d’écriture, de prise de paroles, de préparation à des concours et/ou l’élaboration d’un projet professionnel. Ils sont une petite dizaine ce matin, âgés de 16 à 18 ans, voyant arriver l’impressionnante délégation estampillée aux couleurs du parti présidentiel Renaissance. En tête de cortège, son secrétaire général, Stéphane Séjourné suivi notamment, et de très près, par le sénateur Thani Mohamed Soilihi ainsi que la nouvelle présidente élue du parti majoritaire précité, Roukia Lahadji. 

Asma a pour projet de préparer le concours externe de cadet de la République.

Décrochage scolaire… une appellation bien débineuse pour désigner un système éducatif qui n’est pas toujours approprié en fonction du parcours personnel et du profil d’un jeune dont le devenir ne se relègue pas forcément en une issue fataliste et précaire. Et ironiquement, assez conséquents sont aussi les actuels chefs d’entreprise, voire même certains élus, à être passés durant leurs jeunes années en ces murs de la mission locale de Mayotte; c’est pour dire son efficacité ! 

 

En quelques chiffres

La mission locale de Mayotte, c’est 98 salariés répartis sur 7 antennes couvrant l’intégralité des 5 intercommunalités. Pour 2022, ce sont près de 13 000 jeunes inscrits, dont 1 582 en situation soit de formation, soit d’emploi, 1 8887 ayant suivi un parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (PACEA) et 1 011 un contrat d’engagement jeune (CEJ). 

(de g. à d.) Rouchdi Abal-Hassni, Nadia Djoumoi, Djabiri Madi

La spécificité de l’antenne mahoraise est dans son ratio d’investissement dont les sources* sont à 80% apportées par l’État et seulement 1% par l’ensemble des 17 communes là où il est normalement question pour les autres territoires d’une part plus importante des communes en comparaison de celle de l’État. Seule Petite-Terre finance son antenne, mettant de surcroît le local à disposition pendant que les autres bureaux, dont le nouveau siège à Passamainty, paient sur budgétisation interne leurs respectives locations alors que cet argent pourrait être dédié aux larges missions à destination du jeune public concerné. 

« Ici, on a un gros travail de lobbying à faire auprès des municipalités pour justement faire comprendre l’intérêt d’un tel outil et de sa nécessité sur un territoire comme le notre où les résultats sont justement là mais faute de moyens on ne peut faire au delà de nos capacités » , indique Nadia Djoumoi, nouvelle directrice Mission locale de Mayotte, droit dans les yeux de la délégation politique en présence. 

Harmonisation des lois et dispositifs 

Là où l’ensemble des associations de missions locales à travers la métropole et les territoires ultramarins, offrent de manière uniforme une aide ponctuelle exceptionnelle de 520 euros dans le cadre d’un dispositif PACEA ou bien cette même somme versée mensuellement durant une période d’un an, dans le cadre d’un contrat CEJ, Mayotte quant à elle ne peut prétendre aider ces jeunes qu’à hauteur de 298 euros. Un écart qui ne peut plus trouver justification en l’excuse de l’appel d’air et de la peur face à la politique migratoire sachant d’autant plus que ces respectifs dispositifs s’adressent aux jeunes qui présentent à minima une régularisation officielle sur le territoire au moyen d’un titre de séjour. Même le département de la Guyane, également touché de plein fer par l’immigration, la pauvreté, le taux de chômage élevé et le fort taux de natalité, bénéficie de l’alignement national. Un problème donc à l’envers qui suscite l’incompréhension générale pour laquelle Thani Mohamed Soilihi prend la parole : « Il y a un réel décalage en matière de convergence des droits. C’est ceux qui en ont le plus besoin qui sont paradoxalement les plus pénalisés sur notre territoire. Il faut arrêter l’hémorragie pour que cette jeunesse cesse de se disperser dans la nature. En 2012 par exemple, les fonctionnaires ont bénéficié d’une indexation au niveau de leur salaire, une augmentation donc de +40% dédiée à un public qui n’était pas spécialement en difficulté, pendant que des jeunes qui sont principalement les plus touchés par la pauvreté ont toujours, à l’heure actuelle, moitié moins. Il faut vraiment faire un travail commun là-dessus et reconsidérer cette harmonisation ».

Pour Thani Mohamed Soilihi, il faut porter d’une même voix les revendications d’alignement national notamment en matière d’aide(s) versée(s) aux jeunes

Un travail commun bien entendu adressé aux hautes-sphères étatiques et européennes par les voies et voix plus ou moins directes du secrétaire général du parti Renaissance et du soutien indéfectible qu’il incarne auprès du président Emmanuel Macron : « Mayotte est le département le plus jeune de France. Le sujet de l’insertion, des débouchés professionnels et de la jeunesse au sens large est quelque chose d’essentiel ici et s’il fallait choisir un territoire pilote en France sur la résolution de ces problématiques, c’est sans contestation Mayotte », répond Stéphane Séjourné faisant aussi état du bien concret que le déblocage de l’enveloppe budgétaire de 290 millions d’euros des fonds européens suscitera en matière de dépenses sociales à Mayotte.

Vers une régionalisation 

S’il est bien un point positif à souligner, c’est en termes d’évolution du statut juridique et du rattachement officiel et logistique de la mission locale mahoraise sous l’égide d’une future association régionale ultra périphérique océan Indien. Un rattachement souhaité qui comptera 5 missions locales (contre 4 en amont qui ne ciblaient que la Réunion et un statut simplement régional). Une régionalisation donc qui suscite la curiosité de Roukia Lahadji qui ne manque pas de questionner sur l’intérêt d’une telle évolution. « la mutualisation des compétences pour une meilleure complémentarité de nos respectifs services » répond du tac au tac la directrice, Nadia Djoumoi. Parmi les proches projets à venir allant justement dans ce sens, l’échange de 8 professionnels de la Réunion venant travailler quelques jours sur le territoire mahorais et inversement afin de s’imprégner notamment des respectives méthodes de travail mais aussi des cultures et de la construction du tissu familial plutôt élargi, spécialement propre à Mayotte, où les tontons et les tatas sont nombreux, échappant à la compréhension de nos voisins réunionnais. Et cette non assimilation justement parmi tant d’autres met en difficulté l’accompagnement de ces jeunes mahorais lorsqu’ils vont sur le territoire voisin.

Une harmonisation des compétences donc dans le but de parler le même langage et ce, même à échelle nationale à travers les différents territoires afin de mettre en commun et en lumières les bonnes pratiques mais aussi les erreurs. En somme, parler de manière uniforme : « On ne peut pas se permettre de s’isoler si on veut prétendre obtenir et élargir nos soutiens » interpelle Djabiri Madi, directeur développement et communication de la Mission locale de Mayotte, avant de poursuivre : « En ce sens, je suis donc heureux de vous annoncer que le président national des missions locales va venir à Mayotte pour la première fois au mois d’avril prochain ». Un événement notoire aussi pour une reconnaissance du beau chemin déjà parcouru localement.

Objectifs 2023 dont un bien particulier…

Parmi les aspirations nobles, propres à l’expansion de cette association en matière aussi d’expertise de la jeunesse mahoraise :

  • Le souhait réel de pouvoir gagner en autonomie en achetant ses propres actions de formations spécifiques afin de proposer aux jeunes un panel de solutions plus larges, un peu à l’image du système Pôle Emploi,
  • La mise en place d’un service social : au sein même de la mission locale, comprenant un travailleur social, un psychologue ainsi que des éducateurs spécialisés. Un projet qui se voudrait co-financé par le département et le FSE (fonds social européen).
  • La création d’un laboratoire d’innovation avec des espaces dédiés invitant les jeunes à devenir acteurs de leur propre projet futur. En somme, un outil répondant aux besoins réels du jeune mais aussi du territoire. 
  • Et enfin, le rêve réel d’envoyer 10 jeunes mahorais aux jeux olympiques de Paris 2024 afin de leur faire découvrir cet événement indescriptible pour qu’ils reviennent « avec plein d’étoiles dans les yeux » nourris par l’ambition de faire carrière dans le domaine du sport et des métiers attenants.
Stéphane Séjourné, Thani Mohamed Soilihi et Roukia Lahadji très attentifs aux explications de l’intervenant formation Mission locale Mayotte

Sur ce dernier point, l’euro-député Stéphane Séjourné s’est engagé à faire le relais auprès de la ministre des sports, Amélie Ouéda-Castéra, afin de se pencher particulièrement sur la nature et la symbolique de cette requête sachant toutes les retombées et mises en avant communicatives que cela représentera positivement pour Mayotte.

 

MLG

 

Ensemble de la délégation Renaissance posant aux côtés de la direction de la Mission locale mohoraise

 

  • Source de financement essentiellement émis par l’Etat à hauteur de 80% / 18% de financement départemental pole social et formation /  2% Pole emploi et communes

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