Publication du décret d’aides aux entreprises sinistrées : en deçà des besoins

Pour aller plus vite, la compensation de la perte du chiffre d’affaires pour le secteur privé à la suite de Chido n’a pas été intégré au projet de loi Urgence mais fait l’objet d’un décret. Acté à 20% du chiffre d’affaires et versé sur deux mois, il sera insuffisant pour sauver ce qui peut l’être

Ce lundi soir d’examen du projet de loi Urgence pour Mayotte à l’Assemblée nationale, le ministre chargé des outre-mer annonçait que l’aide exceptionnelle aux entreprises sinistrées serait publiée sous forme de décret, et non intégrée à la loi, pour accélérer l’accompagnement du secteur privé. Il est sorti ce mardi 14 janvier 2025, pour le « mensiversaire » de la triste date de passage de Chido. L’aide est conforme à ce qui avait été annoncé par Manuel Valls, 20% du chiffre d’affaires plafonné à 20.000 euros alors que les chefs d’entreprises, que ce soit Carla Baltus pour le Medef ou le regroupement CCI, UMIH, CMA, CAPEB, CPME, U2P, demandaient qu’elle atteigne 50% du chiffre d’affaires.

Les modalités sont précisées à l’article 3. Il s’agira d’une subvention attribuée par la direction générale des finances publiques aux entreprises éligibles. Elle se monte à 20% du chiffre d’affaires mensuel moyen de 2022, et est plafonnée à 20.000 euros par mois. Les entreprises éligibles sont celles qui ont été créées avant le 31 octobre 2024, exerçant à Mayotte, et en règle sur les plans administratif et fiscal. Voir les conditions à l’article 2  ICI.

En ne portant que sur deux mois, cet accompagnement sous-entend que les entreprises pourraient rependre leur production à 100% dès le mois de février. C’est totalement impossible, les machines sont détruites, les toits envolés, etc. Il suffit de voir quelle difficulté a l’Éducation nationale pour tenter d’initier une rentrée à tiers temps pour se douter que le reste des activités est à cette image.

Les montants calédoniens a minima

François Bayrou, Chido, Mayotte debout, Mayotte, MEDEF, UMIH, CCI, CPME
Le restaurant Kamcham dont il ne reste que les murs

D’autre part, pour atteindre les 20.000 euros d’aides, soit 20% du chiffre d’affaires, il faut mathématiquement que celui-ci se monte à 1,2 million d’euros par an. Une denrée rare à Mayotte où le tissu économique est constitué très majoritairement de Très Petites Entreprises (TPE), 83% des entreprises emploient 1 à 9 salariés en 2021 selon l’INSEE. L’aide totale ne sera donc que très modeste.

De son côté, la représentante du Medef Mayotte, qui a ses entrées à Paris, continue à se battre, « on ne lâche rien. Nous allons faire une demande complémentaire en prenant exemple sur la Nouvelle Calédonie où l’aide après les évènements se montait à 37,5% du chiffre d’affaires, plafonnée à 500.000 euros par entreprise. Or ce que nous avons vécu est sans aucune comparaison comme l’ont souligné François Bayrou et Manuel Valls pour lesquels la France n’avait pas connu une telle catastrophe depuis la 2ème Guerre mondiale », souligne Carla Baltus. On ne peut que déplorer de nouveau l’écart entre les parole et les actes dans cette gestion de crise post-Chido.

Le retard pris par le vote du budget de la France pour 2025 pourrait être une chance avec un réajustement rendu possible de l’aide pour Mayotte.

Le Medef Mayotte continue également à demander la prise en compte de l’activité partielle par l’Etat pour les salariés, et l’exonération des cotisations sur un an, et non sa suspension comme indiqué dans le projet de loi, « sinon, on ne pourra pas se relever », constate-t-elle.

Si les ministres constatent oralement les uns après les autres la catastrophe laissée par Chido à Mayotte, les chefs d’entreprise comme les habitants ont besoin de preuves d’amour.

Anne Perzo-Lafond

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