30.8 C
Mamoudzou
vendredi 3 mai 2024
AccueilEconomiePilotage maritime : « Le métier est un véritable sacerdoce », relève Henry Caubrière

Pilotage maritime : « Le métier est un véritable sacerdoce », relève Henry Caubrière

Si les pilotes maritimes sont des marins véritablement passionnés par leur métier, la question de leur remplacement lors des départs en retraite était un des sujets du BFE qui se tenait à Sakouli ce 21 et 22 février 2023. Rien n'est moins évident.

Alors que se termine le Bureau Fédéral Elargi (BFE), sorte de congrès des pilotes maritimes qui se tenait sur deux jours, nous avons interviewé Henry Caubrière, président de la Fédération française des pilotes maritimes (FFPM), qui dresse un bref bilan de ces journées de rencontre entre l’ensemble des stations de France, et évoque les problématiques propres à la profession.

Le métier de pilote maritime est méconnu sur le territoire, et ce congrès aura permis de mettre en lumière ces officiers, plus hauts diplômés de la Marine marchande, qui embarquent à bord des cargos en entrée et sortie de port, pour conseiller le commandant sur la manœuvre. Chacune des 29 sociétés de pilotage de France est indépendante, elles sont dimensionnées en fonction du trafic maritime. Il y a une cinquantaine de pilotes à Marseille et sur la Seine, quand à Mayotte, trois suffisent. Lorsqu’un pilote part à la retraite, après 20 ans de service dans le même port, Longoni en l’occurrence, un concours est organisé pour le remplacer. C’est ce qui s’est passé l’année dernière à Mayotte, Pierre-Emmanuel Duclau est ainsi venu rejoindre Rémi Xiberras, et Gilles Perzo à Longoni.

Les trois pilotes de la station de Mayotte reçoivent un ouvrage de collection des mains du président Caubrière

Le remplacement des pilotes sur l’ensemble du pays était un des sujets abordés justement lors du BFE, rapporte Henry Caubrière. « Nous sommes actuellement 330 pilotes en France, dont 100 vont être à renouveler dans l’année à venir. Cela ne devrait pas poser de problème pour les grandes stations, davantage pour les petites. » Car le métier est un véritable « sacerdoce », explique-t-il, « il faut être disponibles 24h sur 24, ce qui limite la prise de vacances, notamment pour Saint-Pierre-et-Miquelon où n’exerce qu’un seul pilote. »

A côté Gilles Perzo, président de la station de Mayotte acquiesce, « le problème se pose à Mayotte où le manque d’attractivité joue contre nous. Les institutionnels nous ont expliqué avoir le même problème pour trouver des fonctionnaires. S’ajoute l’éloignement familial pour ceux qui ont leurs attaches en métropole. » Or le pilote est indispensable au port, sans lui, les navires ne peuvent entrer et sortir.

Recadrer l’image

Pour Henry Caubrière, le sujet se pose désormais à plus grande échelle : « Nous assistons à l’arrivée d’une nouvelle génération d’officiers, très attachés à la qualité de vie, et qui ne sont pas prêts à tout sacrifier pour le métier. Cela devient donc un problème générationnel. » Il souligne qu’en dépit de l’image d’insécurité qui colle à Mayotte, le BFE s’est malgré tout tenu, « cela ne nous a pas empêché de venir ! ». Et beaucoup de pilotes sont venus en famille. Malgré tout, plusieurs représentants de station n’ont pas sauté le pas des 8.000 km qui nous séparent de l’Hexagone, « certains reportages télé font très mal », souligne-t-il.

Soirée de fin de BFE en présence d’invités et des pilotes de différentes stations

Celui qui est aussi pilote du Havre a beaucoup « touché » Mayotte lorsqu’il naviguait. « En 1993 et 1994, nous mouillions dans le lagon, avec autour de nous, des paysages magnifiques que je n’ai pas oubliés. Huit ans plus tard, un copain de mon frère m’a questionné à propos de l’île, et il décidait de s’y installer comme médecin pendant 15 ans. »

D’autres sujets relevant de la profession ont été abordés lors du BFE, comme l’aptitude auditive des marins : « La vision est contrôlée dès le concours et régulièrement ensuite, avec un 10/10 toléré après correction pour chaque œil, mais on ne se souciait pas de l’audition. Nous allons nous rapprocher des Affaires maritimes, car il y a carence en ce domaine pour tous ceux qui portent des prothèses auditives. » Les dernières lois sociales ou les données liées au taux de dépréciation du matériel ont aussi donné lieu à des partages d’informations.

Et du député Mansour Kamardine

Son vol Air Austral de ce jeudi ayant été reporté, Henry Caubrière a eu le temps de faire un peu de tourisme, et de prendre connaissance des enjeux locaux : « Je suis intimement persuadé que cette île a ses chances, on sent un fort dynamisme, et le port a lui même un grand avenir régional. En métropole, les gens ne vous connaissent pas, il faut changer ça. » C’était aussi un peu l’objectif de la tenue de ce BFE à Mayotte.

Anne Perzo-Lafond

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Jade Hôtel & Spa, hôtel, Mayotte

Ouverture prochaine du Jade Hôtel & Spa à Bandrélé

0
Il a monté son projet dans le Sud-Est de l’île : Inzou Ana, entrepreneur local, a toujours rêvé nous dit-on, d’offrir à Mayotte un « hôtel de haut standing ». Nous attendrons donc de tester, mais le...
Air Austral, RunAir, Sematra, La Réunion, Mayotte

Préavis de grève Air Austral : « aucune perturbation à ce jour », indique la compagnie

0
Les trous d’air se suivent depuis la tempête nommée Covid pour la compagnie régionale. Les rallonges de l’Etat puis des actionnaires publics et privés peinent à lui faire relever le nez. Syndicats et direction doivent s’accorder sur l’ampleur de la réduction de la masse salariale incitant le SNPNC-FO à déposer un préavis de grève pour le 10 mai
France Travail, Action recrut', MRS, Mayotte

France Travail : chute des intentions d’embauche entre 2023 et 2024 à Mayotte

0
Une enquête sur les Besoins en main d'oeuvre des entreprises de Mayotte en 2023, permet de cerner à la fois le moral des entreprises et leur capacité à se doter de collaborateurs adéquats. Un marché de l’emploi complexe que celui de Mayotte où le déficit de diplôme pourrait être comblé par de nouveaux dispositifs
Laverie solidaire, Mayotte, CADEMA

Ouverture d’une laverie solidaire à Hajangoua accessible à tous

0
Après avoir inauguré la première laverie solidaire en 2021 à Dembéni, la Cadema poursuit sa politique sociale et environnementale en en ouvrant une seconde à Hajangoua. D’ici la fin de l’année ce seront 10 laveries solidaires qui devraient voir le jour sur le territoire de la Cadema, assure Rachadi Saindou
CADEMA, Caribus, Mayotte

Tests de lancement de nouvelles lignes de transport en commun Caribus

0
Il s’agit d’une transition en attendant la mise en place du service Caribus. Depuis ce jeudi matin, des taxi-navettes desservent deux lignes, 3 et 4, toutes les 10 minutes

Recent Comments