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Tirs à boulets rouges entre élus et leaders du mouvement

La mobilisation du 7 mars à Mayotte
Les élus lors de la mobilisation du 7 mars à Mayotte avant les engagements de la ministre Girardin

Nous sommes désormais dans une guerre de légitimité qui se mène à coup de communiqués envoyés aux médias. A chaque fois que les élus demandent une levée de barrages, c’est comme s’ils mettaient 100 balles pour relancer la détermination des manifestants. Les premiers le font par légitimité républicaine en pensant défendre les intérêts de leurs électeurs en souffrance, sanitaire, économique ou scolaire, les seconds leur rétorquent qu’ils n’ont aucun pouvoir moral sur le mouvement. Le premier ministre en ne s’adressant qu’aux premiers n’œuvre pas à la résolution du conflit. Il a d’ailleurs assouplit sa position dans son dernier courrier en s’adressant aussi aux « parties prenantes ».

Deux communiqués reçus ce week-end en sont les tristes illustrations. Le premier signé par le Comité de coordination des élus de Mayotte (nouvelle instance née du conflit) mené par Mohamed Bacar, le maire de Tsingoni, appelle à une levée des barrages au double motif des avancées en matière de lutte contre l’insécurité et contre l’immigration clandestine, et la nomination d’un délégué du gouvernement. (Lire communiqué presse des élus)

Guerre de légitimités

Les principaux leaders présentaient leur "Table de revendications"
Les principaux leaders lors du lancement du mouvement

Les leaders du mouvement ont répondu aussi sec qu’au contraire, « en si peu de temps, les actions de l’Etat ont montré leur limite », constatant l’arrêt de toute action de reconduite en raison de la crise provoquée par les Comores. Et en matière de barrages, rappellent que les élus sont mal placés pour en demander la levée, s’étant désolidarisés du mouvement. « Devons-nous désormais vous classer dans le camp des adversaires des Mahorais ? », concluent-ils. (Lire communique 25 mars réaction aux élus)

Si les élus veulent remettre leurs services au travail, quitte à énerver un peu plus les manifestants, en indiquant « la réouverture des services publics des collectivités à partir du lundi 26 mars 2018 » et invitant les parents « à envisager le retour des enfants dans les écoles », ils jouent aussi leur rôle de passerelle entre la mobilisation et le gouvernement. En saluant « la détermination de la population qui a permis d’amener le Gouvernement à prendre en compte la réalité des difficultés de notre jeune Département », tout d’abord, et en demandant au premier ministre « d’associer les représentants du collectif et de l’intersyndicale à la rencontre qu’il programme pour la mi-avril. »

Le lien se renouera-t-il ou le divorce restera-t-il consommé ? Jusqu’à quel point ?

En tout cas, « la grève contre l’insécurité et pour des plans de rattrapage continue et les actions sont maintenues », indiquaient ce dimanche soir les leaders.

A.P-L.
Lejournaldemayotte.com

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