« Votre rôle est d’apaiser les situations ». La voix du capitaine Chamassi résonne dans l’amphithéâtre du collège de Kwalé. Une quarantaine de personnes sont venues récupérer leur t-shirt « Parents-relais ». Le jaune criard du vêtement répond à une logique de visibilité. Certes, cette couleur n’est pas neutre à Mayotte puisque les « gilets jaunes » avaient fleuri en 2018 pour calmer avec succès la vague de violence ayant entachée l’île, ils avaient mué en « maillots jaunes », avant de s’éteindre. Toutefois, « le dispositif actuel n’a aucun lien avec les gilets jaunes d’alors », tient à nuancer le capitaine, également directeur de la Direction de prévention et de la sécurité urbaine de la Police Municipale.
Une méthodologie reposant sur le trio d’actions : observer, renseigner et alerter
Cette action inédite entend répondre à « la méthodologie ORA, explique le directeur, pour observer, renseigner et alerter ». Dès ce lundi, les élèves du collège de Kwalé ainsi que ceux du collège de Passamainty pourront constater la présence d’une cinquantaine de bénévoles vêtus de jaune afin d’assurer la prévention contre la délinquance aux abords de ces deux établissements. « Ces personnes seront mobilisées au moment de l’arrivée des élèves, lors de la pause de midi et au moment de leur départ des établissements entre 15h et 17h », indique Chaharoumani Chamassi. Le principal adjoint de l’établissement de Kwalé a notamment souligné que les « Parents-relais » allaient être formés aux gestes de premier secours dans le cadre du dispositif de l’Education nationale « L’école des parents ».
Prévenir les épisodes de violence et rassurer
Ce dispositif a été mis en place pour faire face au regain de violence aux abords de ces
collèges depuis le début de l’année. Si pour l’heure seulement deux établissements sont concernés, le dispositif entend couvrir l’ensemble de la commune de Mamoudzou. « Les parents sont des bénévoles choisis en partenariat avec les associations de quartier qui ont eu un rôle de sensibilisation afin de leur faire comprendre les enjeux du dispositif », abonde le capitaine. Il attire également l’attention sur le fait que « la présence d’adultes du quartier, à proximité des établissements scolaires, permet de créer un lien de confiance mais aussi de crainte car ils sont susceptibles de connaître des enfants et donc d’en avertir leur cercle familial ». Un moyen de contrer le phénomène de parents démissionnaires, « avant de parler d’Education nationale, il faut de l’éducation familiale ». Le ton du directeur se veut ferme.
« Vous n’êtes ni de la police municipale, ni de la police nationale, ni une milice »
Présent lors de la remise des t-shirts, le maire de Mamoudzou n’a pas manqué de remercier les bénévoles, « vous êtes l’exemple que nous devons suivre partout sur le territoire de Mayotte. Je salue votre engagement citoyen et votre volontarisme », précisant que « lorsqu’il s’agit de sécurité, chacun a sa part à faire ». Chacun sa part mais dans les limites qui incombent à la loi. « Vous n’êtes ni de la police municipale, ni de la police nationale, ni une milice. Vous êtes des parents qui veillent à la protection des enfants et vous êtes là pour dissuader mais sans vous mettre en danger, en cas de problème, vous appelez le 17 ». Néanmoins, une distinction cruciale a été à plusieurs reprises abordée par le capitaine : la vengeance n’est en aucun cas un acte de légitime défense, « la seule chose qu’il ne faut pas faire c’est de mettre la tête du jeune au carré alors qu’elle était ronde au départ ».
Mais au-delà de cette prévention à l’égard des collégiens, les « Parents-relais » auront également un rôle d’observateur au regard du phénomène préoccupant des chiens errants souvent utilisés par les bandes de jeunes comme armes par destination. Un engagement citoyen qui entend rassurer les familles et maintenir un climat apaisé pour déminer tout futur épisode de violence.
Pierre Mouysset