« Plus on apprend, plus on se rend compte qu’il y a des choses à apprendre ». S’adressant aux élèves d’une classe du lycée polyvalent de Chirongui Tani Malandi, le nouveau recteur de l’académie de Mayotte semble presque s’adresser cette pensée à lui-même. Venu visiter l’établissement en présence de l’équipe pédagogique dont le principal Eric Keiser, Jacques Mikulovic n’a pas manqué de prendre le pouls de cette jeunesse en quête de réussite. De l’atelier de bijouterie, où le professeur Fari Said Ismaël présente les productions réalisées par sa section, à celui de la signalétique où les jeunes ont notamment participé à remettre à neuf l’ensemble des panneaux du rectorat, en passant par l’atelier couvreur-zingueur, Jacques Mikulovic questionne, écoute, échange quelques mots.
« La réponse il faut la co-construire »
Certes, il s’agit d’un lundi aux allures de rentrée officielle mais depuis que le recteur de Mayotte est arrivé sur l’île la semaine dernière, les visites d’établissements scolaires se sont enchaînées. « Dans le cadre du dispositif école ouverte, je me suis rendu dans des écoles primaires, des collèges, des lycées et même un centre de vacances », fait-il savoir. Une entrée à la matière plus discrète lui ayant également permis de s’entretenir avec le préfet de Mayotte, le président du Conseil départemental, l’association des maires de Mayotte ainsi que des élus et des maires lors de ses déplacements dans les établissements scolaires. « Ils partagent le diagnostic […], je pense qu’il y a une forte attente de l’Etat et je pense, pour ma part, que la réponse il faut la co-construire », résume le recteur. « Le pari de l’intelligence c’est que collectivement on pourra apporter des réponses. Mais il doit y avoir le partage d’une volonté », constate-t-il. Au regard de l’hétérogénéité des situations à Mayotte, « il faut des réponses originales », souligne-t-il, avant de poursuivre : « il faudra peut-être penser construire un logiciel spécifique et il n’y a pas de raison que Mayotte ne puisse pas être un modèle novateur dans la prise en charge de sa jeunesse ».
Penser l’éducation dans son environnement
Selon le recteur, « l’éducation nationale toute seule ne pourra pas trouver une réponse » et nécessite d’inclure dans une démarche de complémentarité les acteurs du territoire : parents, collectivités, élus. Il s’agit de faire « évoluer le paradigme éducatif ». « Si j’ai un message à faire passer c’est que le temps éducatif nous appartient à tous. Il n’appartient pas qu’à l’éducation nationale », estime Jacques Mikulovic. La restauration, le transport, la santé des élèves, sont autant d’affluents ayant une influence sur l’environnement pédagogique.
Même constat concernant la construction de futures infrastructures qui doivent être pensées « comme un équipement qui nous appartient à tous. Il faut le penser en termes de modularité, de polyvalence, d’usage scolaire sur le temps scolaire et mais également périscolaire sur d’autres temps ». Des propos qui ne sont pas sans évoquer ceux de la 5e vice-présidente du Conseil départemental. En introduction de la présentation du plan de développement de l’offre périscolaire à Mayotte, en août dernier, elle avait mentionné que « l’offre périscolaire est un sujet qui nous concerne tous, la jeunesse en tête ».
De ces vastes chantiers qui attendent le nouveau responsable de l’académie de Mayotte, une conviction a fait son chemin : « la jeunesse est un potentiel qui doit être une chance pour l’île et cela passera par l’éducation ». Un message d’espoir dont les contours devront se garder de prendre les traits d’un mirage.
Pierre Mouysset