L’offensive diplomatique déployée par les Comores pour occuper la tête de l’Union africaine semble apporter ses fruits. Le président Azali Assoumani en a même pris un joyeux plaisir le 30 décembre pour féliciter ses équipes et tous ceux qui ont apporté leur soutien et travaillé pour rendre possible ce scenario qui sera une première dans l’histoire politique de l’archipel.
Des malentendus aplanis avec le Kenya en 2022
Les Comores avaient assuré la deuxième vice-présidence de l’organisation continentale de 2021 à 2022 et devraient ensuite selon la coutume occuper la première vice-présidence. Sauf que la République du Kenya avait exprimé son intention de candidature à ce poste. La présidence de l’Union africaine revient de droit à la zone de l’Afrique de l’Est après avoir été occupée en 2022 par la région l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal en l’occurrence.
Les convoitises affichées par les autorités de Nairobi avaient suscité des malentendus diplomatiques au sein de l’organisation basée à Addis-Abeba en Ethiopie. Le Kenya s’était entêté notamment sur le fait que la présidence de l’institution ne devrait pas être assurée de suite par deux pays francophones : le Sénégal puis les Comores. Pour Uhuru Kenyatta, « il faut un pays anglophone pour occuper la présidence après un pays francophone ».
L’Algérie en froid diplomatique avec l’Union des Comores après la reconnaissance par Moroni du Sahara marocain et l’Afrique du Sud proche du Kenya avaient compliqué tout compromis sur le sujet. Mais l’arrivée de William Ruto a fait basculer la donne sur ce dossier diplomatique qui avait divisé la grande famille africaine. Aujourd’hui, tout semble aller dans le bon sens pour les Comores qui avaient mis les bouchées doubles ces six derniers mois. Le président Azali avait envoyé des émissaires sur toute l’Afrique pour faire partager la cause comorienne.
La prochaine présidence à partir de février 2023
La rencontre entre le président comorien et son homologue élu du Kenya à Washington à l’occasion du sommet Etats-Unis/Afrique a permis d’aplanir les malentendus autour de ce poste de premier vice-président, d’après un diplomate comorien. Le retrait annoncé du Kenya a été confirmé par le président Azali Assoumani lui-même qui a loué « l’élégance » et « la grandeur de la nation kenyane », félicitant les pays amis qui ont accompagné les Comores dans ce combat diplomatique.
« Je tiens ainsi à saisir cette occasion pour exprimer notre gratitude envers le Kenya et plus particulièrement à Son Excellence, notre frère le Président William Ruto, qui a eu l’élégance et la bienveillance de retirer la candidature de son pays, à la présidence de l’Union africaine », a souligné le chef de l’Etat comorien dans son discours annuel sur l’état de la Nation. « La noblesse de cette décision cruciale, conforme à la grandeur de la nation kenyane et de la sagesse profonde de ses dirigeants, permettra aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, de trancher sur la question de la présidence de notre organisation continentale », a-t-il ajouté.
Pour finir, Azali Assoumani a certifié les chances des Comores à présider aux destinées de l’organisation continentale. « Nous avons donc bon espoir de voir notre pays présider l’Union Africaine, dès le prochain Sommet Ordinaire d’Addis-Abeba, Insha-Allah », a-t-il dit. « Avec la dynamique que nous avons lancée, pour que notre pays accède à la présidence de l’Union africaine, nous avons pu apprécier, la portée de la fraternité et de l’amitié qui nous lient avec les pays frères et voisins », a-t-il conclu. La dernière fois que les Comores avaient dirigé une grande institution internationale remonte à 2004. Le pays avait présidé pendant l’Assemblée générale des Nations-Unies.
A.S.Kemba, Moroni