« Nous n’avons pas vocation à nous substituer à l’Education nationale, pas plus qu’eux ne vont se substituer au Conseil départemental en ce qui concerne la compétence en lien avec la formation professionnelle ». Les propos de Mouhktar Soilihi, Directeur de la formation professionnelle du Conseil Départemental, sont des plus explicites en annonçant la construction du centre de formation maritime à Pamandzi : il ne fera pas doublon avec le projet de lycée professionnel des métiers de la mer du rectorat.
« Le Conseil départemental a compétence en matière de formation professionnelle continue pour les demandeurs d’emploi et les personnes en recherche d’emploi. Dans ce cadre-là, c’est un centre de formation qui va œuvrer dans l’accompagnement des professionnels des chambres consulaires, essentiellement de la chambre d’agriculture et de la pêche », explicite le directeur.
Une complémentarité clairement définie
L’objectif du centre de formation porté par le Conseil départemental est double. Tout d’abord, « accompagner les professionnels des métiers en lien avec le domaine maritime enregistrés dans les chambres consulaires ». Puis « former les demandeurs d’emploi parce qu’il s’agit de créer des postes supplémentaires avec un bon niveau de qualification ». Ce sera ainsi « l’occasion de monter une école pour développer le champ de formation de la pêche et de l’agriculture, de la réparation mécanique ; tous les champs liés à l’activité des métiers de la mer et de l’économie bleue », souligne le directeur.
Une formation des professionnels des métiers de la mer actuellement menée par l’Ecole d’Apprentissage Maritime (EAM)… dont certaines actions de formation sont financées par le Conseil départemental.
Si initialement les projets du Conseil départemental et du rectorat devaient être menés conjointement, l’idée n’a pu être concrétisée. « Ne répondant pas aux mêmes exigences techniques et de fonctionnement, il était difficile de parvenir à mener ensemble le projet de centre de formation. Nous avons donc défini la ligne de complémentarité nécessaire pour qu’il y ait cohérence entre nos deux actions ». Effectivement, « l’Education nationale n’a ni vocation à former des pêcheurs, ni à répondre aux besoins liés aux problématiques d’accompagnement des entreprises qui sont inscrites dans les chambres consulaires ; pas plus que le Conseil départemental n’a vocation à former les élèves qui sont toujours dans un cursus en lien avec leur scolarité ».
Favoriser les synergies avec les pays du Canal du Mozambique, la coopération régionale en question
Par ailleurs, l’enjeu de ce centre de formation dépasse le simple cadre de Mayotte. Selon
Mouhktar Soilihi, l’intérêt est aussi de pouvoir « créer des synergies avec les autres écoles de ce type dans la région de l’Océan Indien aussi bien des partenariats franco-français, avec La Réunion, que d’envisager des synergies avec les écoles de ce type dans les pays du Canal du Mozambique ». Un moyen de faire « briller les entreprises locales qui auront vocation à être structurées avec les crédits européens; les entreprises de l’île pourront ainsi demander à coopérer avec d’autres pays ».
Un centre de formation pour combler le retard de Mayotte concernant la formation aux métiers de la mer vis-à-vis des autres acteurs régionaux qu’il s’agisse de La Réunion, possédant une école similaire, ou encore la Grande île.
Développer les débouchés économiques pour la jeunesse de Mayotte, c’est s’assurer de son intégration dans le tissu socio-économique tout en favorisant sa mobilité internationale.
Pierre Mouysset