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Mamoudzou

En campagne contre les fuites, le SMEAM gagne des batailles, pas encore la guerre

Tout au long de la crise de l’eau qui nous a coupé alternativement les robinets en début d’année, l’éradication des fuites était comptabilisée par le Syndicat des Eaux. Qui est passé à la vitesse supérieure depuis en confiant la tâche à des pro, Ax’eau. La campagne a démarré par le réseau le plus fragile, à Mtsamboro ce mardi. Avec bande son en démonstration...

« Les fuites représentent 20% de la ressource à économiser. Il est donc urgent de les déceler et de les éradiquer. Une décision que nous avons prise en arrivant aux manettes lors de la crise de pénurie d’eau en début d’année », rapporte Aminat Hariti, vice-présidente du Syndicat Mixte d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (SMEAM).

Constatant que sur les 800 kilomètres de réseau, le tiers est sujet à fuites, soit environ 300km, le Syndicat a lancé un appel d’offre pour externaliser les travaux à mener. C’est l’entreprise Ax’eau qui a remporté le marché. Créée en 2004, la société se présente comme le leader français de la recherche de fuites non-destructive, « le groupe Ax’eau comprend une centaine de salariés, et est doté d’une cellule export qui intervient partout sur la planète. La Côte d’Ivoire, Saint-Barthélemy, et actuellement Alger, nous délocalisons en fonction des besoins », nous explique Thibault Baccherini, Responsable technique dans la société. Il est actuellement à Mayotte pour un mois, accompagné d’un technicien, Lucas Aubert.

Cibler les fuites souterraines sur le réseau public, c’est un métier. Une technicité que ne possède pas encore la Mahoraise des Eaux (SMAE), pourtant filiale de VINCI Construction Dom Tom, dont c’est normalement la compétence, « nous avons donc lancé cette campagne avec un double objectif : récupérer le plus possible ces volumes d’eau potable qui partent dans la nature, et initier un transfert de compétences vers la SMAE », commente Aminat Hariti, qui reprend les chiffres de la pénurie, « il fallait économiser 3.000 à 5.000 m3 d’eau par jour, mais ce sont 2.000 à 3.000 qui sont perdus avec ces fuites, c’est énorme. »

Passage de la sonde dans la bouche d’eau

« Notre métier, c’est de rendre visible l’invisible »

On le sait, les caisses sont vides au Syndicat es Eaux. Il a donc fallu solliciter les fonds existants, et plutôt efficacement, nous apprend la vice-présidente : « Dans le cadre du plan de relance du gouvernement, 11 millions d’euros nous étaient attribués, nous avons tout consommé. Dont les 420.000 euros pour cette campagne d’éradication des fuites. »

Ce mardi 18 mai signe le jour J d’une campagne menée jusqu’au 13 juin. Nous avons une pensée pour l’agent du SMEAM qui devait nous accueillir sur place à Hamjago, hospitalisé à la suite d’une agression à Koungou ce lundi.

Un mois pendant lequel l’équipe de Ax’eau va arpenter les 6 premiers kilomètres de réseau où des fuites sont suspectées, comme l’explique Mistoihi Ali-Habibou, Dirceteur Investissement Eau potable au SMEAM : « Nous avons un indice linéaire de perte, mais nous ne connaissons pas les emplacements exacts des fuites. »

« Notre métier, c’est de rendre visible l’invisible », illustre Thibault Baccherini, en détaillant le travail en deux temps : « Nous commençons à prélocaliser la fuite en pratiquant des écoutes au sol à la recherche de vibrations spécifiques qui orientent vers le tronçon problématique. Puis, nous utilisons un appareil plus poussé pour définir l’emplacement exact, qui va permettre à la SMAE d’élaborer une fiche fuite et de programmer les réparations. » Démonstration à l’appui, on entend clairement le passage de fluide sous le bitume, lors d’un test au réservoir du col de Handrema, au village de Hamjago (voir la vidéo ci-dessus). Agir sans tarder semble une priorité dans l’organisation : « Il faut 24h entre la prélocalisation et la localisation, et ensuite, le SMEAM travaille main dans la main avec les communes pour agir rapidement. Le plan d’actions pour le mois est calé », assure Aminat Hariti.

Impossible de diagnostiquer l’origine de la fuite tant qu’on n’a pas le nez dessus, selon les techniciens, « ça peut être l’âge du réseau, des glissements de terrain… » Ce mois-ci sera consacré aux communes de Mtsamboro, « c’est l’indice linéaire de perte le plus élevé de l’île, celui qui va nous permettre d’économiser le plus », de Tsingoni et de Mamoudzou, « nous travaillerons de nuit sur certaines zones comme Kawéni ».

Les techniciens effectuent une mission d’un mois, vraisemblablement reconductible en attendant que la SMAE soit en capacité de prendre le relais.

Anne Perzo-Lafond

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