Les captures d’écrans du site Windy se multiplient sur les réseaux sociaux. Toutes aussi alarmistes les unes que les autres, on y observe la spirale hypnotique rouge d’un potentiel cyclone déferlant sur l’archipel des Comores en milieu de semaine prochaine. Mais tout cela est à prendre avec prudence. « On surveille avec énormément d’attention une zone suspecte où il y a tous les ingrédients propices à la formation d’un cyclone » indique Emmanuel Cloppet, directeur régional de Météo France. Selon lui, la probabilité de voir cette zone suspecte générer une tempête tropicale est « modérée, de 30 à 50% ». A l’incertitude sur le devenir même de cette perturbation s’ajoute « une grande incertitude quant à la trajectoire, qui sera liée au timing. »
En d’autres termes selon les modèles prévisionnels, si la tempête se forme rapidement au cours du week-end, elle sera plus encline à descendre vers le Canal du Mozambique et pourrait frapper l’archipel des Comores. Si elle tarde un peu, elle partira plutôt vers le sud-est, direction La Réunion et Maurice. « Il reste beaucoup d’incertitudes » insiste le météorologue qui estime qu’on « verra au milieu du week-end si la cyclogénèse prend forme ». Il reste donc tout à fait possible qu’elle ne donne lieu à aucune tempête.
Si c’était le cas, « et si cet événement se dirige vers le canal du Mozambique, il faudra se préparer rapidement » rebondit le préfet Jean-François Colombet qui rappelle qu’en cas d’alerte rouge « il reste 3 heures pour réagir et se mettre à l’abri ».
Des modèles, pas des prévisions
En résumé, Météo France juge plausible les deux scénarios présentés par le site Windy, mais invite à la prudence. « Les sites comme Windy tirent leurs informations des mêmes données que les prévisionnistes, ces modèles ont fait d’énormes progrès, en revanche il y a deux limites » prévient Emmanuel Cloppet.
D’une part « ce n’est pas une science exacte, à 72 heures, la marge d’erreur est de 200km, donc des prévisions à 5 ou 7 jours ont une marge d’erreur énorme. Ensuite le site montre une seule simulation, or à chaque échéance, on a 50 scénarios différents, ça reste donc un outil très partiel par rapport aux prévisions de Météo-France. C’est pourquoi quand on prévoit une trajectoire, on publie un cône d’incertitude ».
Enfin prévient le responsable, « il faut se méfier des réseaux sociaux qui tendent au sensationnalisme, dire que la semaine prochaine on aura un cyclone à Mayotte, rien ne le permet à l’heure actuelle ».
Y.D.