Malgré la décision de la justice, le blocage des camions de produits frais de la Sodifram par des salariés en grève se poursuit. Les rayons des supermarchés du groupe commencent à se vider.
La grève de certains salariés de la Sodifram commence à avoir un impact dans les supermarchés du groupe. Dans les enseignes Shopi de Mamoudzou-centre et de Passamainty, dans le Sodicash de Mamoudzou et à Sada, les rayons de produits frais se vident. A Pamandzi, certaines références commencent aussi à manquer.
Les magasins qui ont de plus grandes capacités de stockage vivent sur leurs réserves comme le supermarché de Kawéni qui continue, par exemple, de fonctionner quasiment normalement. Les enseignes plus petites ne disposent plus, elles, de produits frais pour remplir les rayonnages.
Depuis lundi, une trentaine de salariés en grève se relaient pour bloquer la voie d’accès aux installations logistiques du groupe à Kawéni. Aucun camion ne peut passer pour ravitailler les magasins.
Un bras de fer
«Nous sommes dans un rapport de force. Nous ne bougerons pas tant que des négociations ne sont pas engagées», affirme Taanli Mouhoudhoir, représentant syndical FO à la Sodifram. De fait, le piquet de grève qui entrave la circulation des camions du groupe a été renforcé ce vendredi matin avec des bouts de bois mais aussi de la verdure. Le syndicat, qui a acté de la décision de la justice, a décidé de passer outre. Saisi en référé, le tribunal a interdit ce mercredi toute entrave faite aux camions sous peine d’une amende de 50 euros par jour et par gréviste qui poursuivrait malgré tout le blocage. «On est prêt à payer pour obtenir gain de cause», faisaient valoir les manifestants ce vendredi matin.
La situation paraît bloquée car si les grévistes attendent le début des discussions pour lever le piquet, la direction demande la fin du barrage pour entamer les négociations. «La directrice a émis le souhait de discuter à condition d’enlever les entraves, confirmait Toiliha Darcaoui, le DRH du groupe. Quand une grève est correcte, on peut engager des discussions pour que chacun expose ses arguments et qu’on arrive à un compromis. Mais quand les règles ne sont pas respectées, ce n’est pas possible.»
Vers une intervention des forces de l’ordre?
Les salariés demandent toujours le règlement de l’intégralité du salaire de leur représentant syndical. Pour les mois de mars et avril, il n’a en effet perçu qu’une partie de sa rémunération correspondant aux 35 heures mensuelles de son activité de représentation mais pas le complément. Pour la direction du groupe, l’homme n’effectue plus ses 134 heures restantes dans un magasin, en dépit des réglementations.
Ce vendredi, si les discussions ne s’engagent pas, la direction se réserve le droit de saisir à nouveau la justice pour obtenir une ordonnance permettant l’intervention des forces de l’ordre. En attendant, le groupe s’organise pour trouver d’autres façons de réapprovisionner les magasins. Par chance pour les consommateurs, ce conflit social intervient en milieu de mois, une période plus creuse en terme de fréquentation des supermarchés.
RR
Le Journal de Mayotte