Suite à la polémique engendrée par l’inhumation sans rite mortuaire musulman de 5 nourrissons mort-nés, une convention va être passée entre le CHM, l’ARS et les cadis* pour une meilleure prise en charge.
Ils sont onze enfants mort-nés à ne pas avoir été récupérés par leur famille ces derniers mois. Le CHM a décidé de procéder, le 4 juin dernier à l’inhumation, de 5 d’entre eux. Problème pour les cadis, les « juges » musulmans, la toilette mortuaire musulmane n’a pas été pratiquée avant l’inhumation des corps. Une convention entre l’ARS*, le CHM** et les autorités cadiales (salariées du conseil général) sera signée, vraisemblablement d’ici juillet, afin de formaliser la participation des autorités religieuses aux rites mortuaires au sein du CHM.
Dans un virulent communiqué de presse daté du 5 juin, le Grand cadi de Mayotte Nourdine Bacar estimait que « cet acte constitue une grande atteinte à la religion musulmane et dévoile une volonté d’un certain nombre de personnes à déstabiliser l’esprit de paix sociale pour lequel les musulmans de Mayotte se battent. »
La direction du CHM a aussitôt pris contact avec les autorités musulmanes afin de les associer, au moins en tant que conseil, à la préparation des corps. La mise en terre des enfants mort-nés sans toilette mortuaire n’a pas été délibérée, il s’agit plus « d’une méconnaissance », selon le directeur du CHM, Étienne Morel.
Un reclassement pour les cadis
Les deux partis ont annoncé ce midi, dans les locaux de l’ex-tribunal du Grand cadi à Mamoudzou, la prochaine signature d’une convention donnant un rôle aux autorités religieuses lors de l’inhumation de nourrissons mort-nés. Les cadis pourront également intervenir lors d’autopsies ordonnées par la justice.
« Nous voulons par cette convention associer le respect de la législation et des règles religieuses », prône le directeur du CHM. Cette convention ne concerne pas les obligations légales en matière de pompes funèbres, malgré plusieurs polémiques (voir notamment ici) sur le sujet
Des représentants des cadis devraient pouvoir s’occuper dans les prochains jours, des 6 corps d’enfants mort-nés toujours conservés au CHM, avant leur inhumation.
Près de 150 personnes sous l’autorité de 19 cadis sont toujours salariées du conseil général, malgré la perte de leurs prérogatives, depuis la départementalisation, notamment en tant que juge civil musulman. Depuis plus de 3 ans, une mission diligentée par la collectivité est chargée de trouver un nouveau rôle à ces religieux rémunérés par une collectivité publique. Leur participation aux rites mortuaires au sein des hôpitaux pourrait constituer une piste de reclassement.
Axel Lebruman
Le Journal de Mayotte
*ARS : Agenre régionale de santé
**CHM : centre hospitalier de Mayotte