La 12e édition des Jeux des jeunes de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien, CJSOI, a débuté ce dimanche à Maurice. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée hier soir, en présence de la 4e vice-présidente du Conseil Départemental Zouhourya Mouayad Ben Chargée des Sports, Culture et Jeunesse.
Habituellement, les Jeux des Jeunes ne créent pas les remous qui perturbent ceux de leurs aînés. Tous les 4 ans, les sportifs de Mayotte lorsqu’ils montent sur la première marche du podium, doivent se contenter des couleurs et de l’hymne des Jeux, en lieu et place de la Marseillaise. C’est la charte des Jeux des Iles qui le veut ainsi, des restrictions de taille qui gomment sa nationalité au profit d’une « pacification » des tensions avec l’Union des Comores, un des membres historiques. Mayotte étant la dernière entrée en 2006, par la petite porte donc, au milieu des autres îles membres que sont Madagascar, Djibouti, Maurice, les Comores, La Réunion et les Seychelles, dont certains concourent depuis 1979.
En 2015, les Jeux sont organisés à La Réunion, et Patrick Kanner, le ministre des sports français a le courage de trancher : « Le drapeau de Mayotte, c’est le drapeau français ». Les athlètes comoriens quittent la cérémonie d’ouverture et ne participeront pas aux Jeux.
Entre chacune de ces poussées de fièvre quadriennales, l’émotion semble s’essouffler, mais reste dans les esprits.
Place au sport
Il est généralement demandé aux Etats de respecter l’article 1 de la charte qui veut instaurer par ces Jeux « l’amitié et la compréhension mutuelle entre les peuples des Iles de l’océan Indien dans l’esprit de l’Olympisme ».
Profitant de l’occasion, ce dimanche un membre de la délégation mahoraise a arboré aux jeux des jeunes, un drapeau français et les jeunes mahorais ont chanté la Marseillaise. Rien de répréhensible en soi, ce n’est pas interdit en l’état depuis les tribunes. Mais l’homme en question n’était pas un anonyme, puisque animateur d’une radio locale, et frère de la députée Estelle Youssouffa, « c’est surtout qu’il a obtenu une accréditation pour faire partie de la délégation de la DRAJES* par l’intermédiaire de sa femme qui travaille au CROS, nous lui avons donc demandé de le retirer par rapport à un contexte complexe qui n’est pas résolu », nous explique Madeleine Delaperrière, directrice de la DRAJES.
Elle rapporte être très impliquée sur ce sujet, « nous faisons un travail de fond pour faire évoluer la charte, c’est un travail de dentelle ».
Rejoignant sur ce sujet Madi Vita, directeur du Comité Régional Olympique et Sportif, qui nous rappelle sa position : « Si nous voulons faire avancer les choses, c’est avant ou après les jeux qu’il faut se mobiliser, pas pendant. Car sinon, nous serons menacés de boycott, voire de radiation des jeux, et ce sont les jeunes qui se sont entrainés qui seront pris en otage ».
Les regards sont donc tournés vers les Jeux des Iles qui seront organisés l’année prochaine à Madagascar. La dentelle sera-t-elle tissée d’ici là ? Et rappelons que Mayotte a proposé sa candidature pour être île organisatrice en 2027. On imagine combien la diplomatie pourrait freiner cette candidature si un consensus n’est pas obtenu d’ici là… et encore faut-il que les infrastructures certifiées soient au rendez-vous, mais c’est une autre histoire.
Pour l’instant, contentons-nous donc d’encourager nos 50 jeunes dans les trois sports où ils ont été sélectionnés, le beach-hand, le futsal et la pétanque.
Anne Perzo-Lafond
* Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports