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À Carobolé, une dernière nuit avant le vide

« Je pense que nous serons les derniers à passer la nuit ici ». Depuis le quartier Carobolé de Koungou, ce dimanche soir, la voix de Raïssat* est couverte par les fracas de tôle. « Ils sont en train de finir de déconstruire les maisons et récupérer le matériel, nous on a pas eu le temps encore », explique la jeune femme. « Je ne sais pas comment on va faire », lâche-t-elle encore tristement au milieu du quartier déserté. Ce lundi, les bulldozers et autres tractopelles doivent venir détruire ce qu’il restera de Carobolé et ses près de 400 habitations. Un dispositif sécuritaire important devrait également être déployé.

Car, comme Raïssat, les autorités savent que « les gens sont en colère ». Si ces dernières justifient notamment leur action par la présence de délinquants dans le quartier – ce que ne nie pas Raïssat – la jeune femme se désole de voir plus de 800 personnes « sans solution ». « Personne ne nous écoute, on a essayé de faire valoir nos droits mais ça n’a aboutit à rien », dénonce-t-elle. Le CCAS de la commune de Koungou et l’Acfav ont pourtant sillonné le quartier.

« On ne nous a rien proposé »

« Il y a eu quelques logements proposés pour 21 jours mais souvent très loin et comme les enfants vont à l’école à Koungou les gens ont refusé », explique-t-elle. Quant à la famille de Raïssat, aînée de sept enfants français, « on ne nous a rien proposé » malgré une demande faite lors des visites assure encore la jeune femme.

Alors, comme la grande majorité de ses voisins, la famille va s’installer plus loin, défrichant un nouveau terrain. Certains optent pour le bord de mer, d’autres pour la forêt, dans des quartiers en construction aux conditions de vie et d’accès encore plus difficiles.  « On n’a pas d’autre choix… Mais ça me fait peur, il n’y a pas d’eau, il y a des gens dangereux, j’espère que je vais m’habituer », poursuit faiblement celle qui vit depuis 15 ans à Carobolé.

Si l’incompréhension et la douleur se fondent chez Raïssat en une certaine forme de résignation, « ça va être violent », craint la jeune femme. « Il y aura beaucoup de bagarres, même s’ils sont déjà installés ailleurs les gens vont vouloir se défendre, tout le monde est beaucoup trop en colère ».

Grégoire Mérot

*Le prénom a été changé

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