La ministre des Outre-mer Naïma Moutchou est arrivée avec le préfet François-Xavier Bieuville, le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla, et le président du Conseil départemental Ben Issa Ousseni. Elle a ensuite procédé au salut des troupes, toutes mobilisées pendant et après Chido.

La ministre et le préfet ont décoré les membres de la société civile, de la culture, du monde agricole et du monde économique pour leur engagement ultramarin. Ils ont également récompensé les différents corps (Police de Mamoudzou, RSMA, SDIS, base navale de Mayotte…)
A l’occasion de cette cérémonie mémorielle Naïma Moutchou a déclaré : « Il y a un an jour pour jour, Mayotte était frappée en plein cœur. Le 14 décembre 2024, en quelques heures, une violence extrême s’abattait sur ce territoire. Des vents d’une intensité exceptionnelle. Une peur sourde. Et pour beaucoup, cette angoisse absolue : tout perdre. Les dégâts matériels ont été immenses. Des habitations ravagées. Des quartiers entiers défigurés. Pour certains, il ne restait plus rien. Et dans sa fureur, le cyclone Chido a aussi pris des vies. Il a blessé des femmes, des hommes, des enfants. Aujourd’hui, dans ce moment de recueillement, nos pensées vont vers toutes les victimes, vers leurs familles, vers ceux qui portent encore cette douleur silencieuse. Après son passage, Mayotte n’était plus la même. Un archipel meurtri. Un territoire figé dans un silence presque irréel. Les villages et la forêt semblaient s’être tus. Les ports n’abritaient plus que des épaves. Les villes ressemblaient à des ruines. Et chaque habitant était devenu, au sens le plus fort du terme, un survivant. Il y a un an, Mayotte était à terre.
Et pourtant, très vite, quelque chose de plus fort que la dévastation s’est levé. La solidarité. Les secours sont arrivés, depuis La Réunion d’abord. Des opérations d’« aller-vers » ont été engagées pour ne laisser personne de côté, pour aller chercher ceux qui ne pouvaient plus appeler à l’aide. Des ponts aériens et maritimes ont été mis en place, depuis l’Hexagone comme depuis les territoires voisins, pour acheminer des renforts, de l’eau, des vivres, du matériel. Très vite aussi, les Mahoraises et les Mahorais eux-mêmes se sont organisés. On a relevé les murs. On a nettoyé les rues. On s’est entraidé, sans attendre. Secouristes, soignants, policiers, gendarmes, militaires, agents de l’État, agents des collectivités, bénévoles : la mobilisation a été totale. Exemplaire. Toute la France a été touchée par ce qui s’était passé ici. L’élan de solidarité a été réel, profond, massif. Il s’est exprimé jusque dans le niveau exceptionnel des dons recueillis.
Et comment ne pas se souvenir de ce 31 décembre 2024, lorsque l’Arc de Triomphe s’est illuminé aux couleurs de Mayotte. Ce soir-là, la Nation tout entière regardait vers vous. Chido, en shimaoré, signifie « miroir ». Un miroir brutal. Un miroir sans filtre. Un miroir qui a révélé les fragilités profondes du 101e département français. Il faut le dire avec honnêteté : Mayotte souffrait déjà avant Chido. Les rotations scolaires, les tours d’eau, l’insécurité, les difficultés de déplacement, et tant d’autres réalités pesaient déjà sur le quotidien.

Cette accumulation avait nourri un sentiment d’abandon. Parfois même un sentiment de mépris. Et la parole publique, peu à peu, avait commencé à perdre de sa force. C’est précisément pour cela que l’État a fait le choix de ne pas s’arrêter à la seule gestion de l’urgence.
Rétablir les fonctions vitales, stabiliser le territoire, c’était indispensable. Mais ce n’était qu’un début. Il fallait une ambition politique claire, assumée, durable.
La loi de programmation pour la refondation de Mayotte, annoncée depuis tant d’années, a enfin été votée et promulguée. Ce texte est historique. Par son contenu. Par sa portée. La convergence sociale, ce chemin vers l’égalité réelle des droits, trouve pour la première fois une traduction législative concrète. La fin du titre de séjour territorialisé, revendication ancienne et légitime des Mahorais, y est inscrite.
Et l’État prend des engagements financiers clairs, à travers une programmation annuelle des investissements jusqu’en 2031, pour bâtir enfin les infrastructures essentielles au développement de l’archipel. Un an après, nous devons aussi regarder la réalité en face. La vie quotidienne reste difficile. Les stigmates de Chido sont encore visibles. Et l’ampleur de la tâche demeure immense.
Mais si la vie a pu reprendre, c’est parce que des actions concrètes ont été menées, jour après jour, depuis un an. La reconstruction a commencé. Elle doit maintenant s’inscrire dans la durée. Pour améliorer durablement le quotidien des Mahoraises et des Mahorais, il reste encore beaucoup à faire. Et personne ne peut agir seul. Services de l’État, collectivités, acteurs de la société civile : chacun a un rôle à jouer.Et pour réussir, une condition est essentielle : rester unis. Préserver la confiance. La construire, parfois la reconstruire.
Devant vous, je veux réaffirmer l’engagement total et la détermination du Gouvernement pour Mayotte. La beauté de son lagon, la ferveur de sa jeunesse, la richesse de ses traditions, l’attachement profond de ses habitants à la France : tout cela fait la fierté de la République.
Lorsque Chido a frappé, il n’a pas seulement emporté des toits, des routes, des repères. Il a aussi mis à l’épreuve un lien. Et ce lien a tenu. Ici, à Mayotte, la France n’est pas une idée lointaine ni un principe abstrait. Elle est une attente. Une exigence. Un choix renouvelé, même dans l’épreuve. Peu de territoires expriment avec autant de force cette fidélité à la République, précisément quand tout vacille. Ce que je ressens ici me touche profondément, aussi au regard de mon propre parcours. Parce que je sais que l’on ne s’attache pas à la République par facilité, mais parce qu’on croit en ce qu’elle promet lorsqu’elle tient parole. Après Chido, l’attachement de Mayotte à la France ne s’est pas affaibli. Il s’est affirmé. Et cette fidélité oblige. Elle oblige l’État. Elle oblige la Nation. Elle nous oblige à être à la hauteur.
L’enjeu, au fond, est simple et immense à la fois : tenir enfin, pleinement, définitivement, la promesse républicaine à Mayotte. Terre de France, dans le canal du Mozambique. Nous réussirons ».
La cérémonie s’est terminée avec un dépôt de gerbe au monument aux morts et le défilé de clôture des troupes.
B.J. et V.D.


