Ce qui devait être une traversée classique entre La Réunion et Durban s’est transformée en tragédie. Un voilier retrouvé à la dérive au large du canal du Mozambique a été tracté jusqu’au port de Longoni, à Mayotte. À bord se trouvaient deux personnes décédées, dont l’identification officielle n’a pas encore été confirmée.
Plusieurs médias australiens évoquent toutefois la possible présence de la navigatrice australienne Deirdre Sibly et de son compagnon français Pascal Mahé, une information que les autorités traitent avec prudence tant que les vérifications médico-légales ne sont pas terminées.
Un appel de détresse, puis le silence

Jeudi 27 novembre 2025, le voilier a lancé un appel de détresse alors qu’il naviguait dans le canal du Mozambique, une zone réputée difficile, tant pour ses conditions maritimes que pour la présence occasionnelle de pirates. Plusieurs navires, tels que des cargos, porte-conteneurs et un maxi-yacht, ont immédiatement modifié leur route pour tenter d’intervenir.
Selon ABC News, ils ont suivi le voilier durant de longues heures, tentant vainement d’établir un contact radio, tandis que l’embarcation poursuivait sa route en plein vent, toutes voiles dehors.
D’après le témoignage de Sue Good, sœur de Deirdre Sibly, un équipage d’un navire plus petit, lancé depuis un maxi-yacht, aurait finalement pu monter à bord. C’est à ce moment-là que les deux corps ont été découverts. Après quoi les autorités françaises ont pris en charge le voilier, tracté vers Mayotte et arrivé au port de Longoni le vendredi 5 décembre au matin.
Famille en attente, autorités prudentes
Le ministère australien des Affaires étrangères (DFAT) a confirmé apporter une assistance consulaire à la famille de la navigatrice. Sue Good, régulièrement tenue informée par le DFAT, a expliqué que les deux corps retrouvés étaient ceux d’un homme et d’une femme, mais qu’aucune identification formelle n’avait encore été effectuée.
« Nous savons seulement qu’ils ont été retrouvés morts sur le voilier, nous ne savons rien de plus sur ce qui s’est passé », a-t-elle déclaré à ABC News. Elle a ajouté suivre en direct la progression des navires autour du voilier grâce à l’application MarineTraffic, une situation qu’elle décrit comme « dévastatrice ».
Selon elle, sa sœur, navigatrice chevronnée depuis quarante ans, vivait une vie d’aventure et de mer, et voyageait avec Pascal Mahé depuis le mois de juin. Le couple avait quitté le Mozambique pour rallier Durban, avec un itinéraire susceptible de les mener ensuite vers Le Cap si les conditions météo le permettaient.
Enquête franco-australienne et compétence judiciaire clarifiée

Une enquête a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes du drame : accident, panne, conditions maritimes extrêmes ou acte criminel ? L’hypothèse d’une attaque de pirates a été évoquée par certains médias, en raison de la zone où a été émis le signal de détresse, mais aucune autorité ne l’a pour l’instant confirmée.
Le parquet de Mayotte a d’abord pris en charge les premières constatations, mais a précisé le samedi 6 décembre que l’enquête relevait désormais du parquet de Lorient, le voilier étant immatriculé dans ce port. Cette clarification implique une coordination judiciaire entre Mayotte, la métropole et les autorités australiennes.
À ce stade, l’origine de la dérive et les causes du décès demeurent inconnues. Les enquêteurs doivent encore établir si le drame résulte d’un incident mécanique, de conditions maritimes difficiles, ou d’un acte intentionnel. Les conclusions dépendront notamment de l’identification formelle des victimes et des analyses menées à bord du voilier.
Mathilde Hangard


