La Foire de l’industrie et la Journée pour entreprendre rassemblent entreprises et porteurs de projets

Ce jeudi et vendredi, la ville de Mamoudzou accueille la deuxième édition de la Foire de l’Industrie et la dixième Journée Pour Entreprendre. L’événement réunit entreprises, porteurs de projets et institutions locales pour valoriser le savoir-faire industriel et artisanal, présenter des dispositifs d’accompagnement et proposer des animations, tables rondes et démonstrations sur deux jours.

Au fur et à mesure que les passants s’approchent de la Place de la République, ils peuvent remarquer les immenses chapiteaux blancs qui sont plantés mais aussi entendre les chansons d’artistes locaux comme Daday ou encore Zily. A l’intérieur, exposants et visiteurs s’animent autour des stands, chacun expliquant et découvrant ce que l’autre propose.

Pour ce premier jour de la Foire de l’industrie et de la Journée pour entreprendre, un événement mis en place par la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCI), plusieurs institutions et organismes ont répondu présent à l’invitation pour accompagner les personnes. Dans la longue liste nous pouvons retrouver le Département, l’ADIM, 2NZENA, France Travail, Vatel, EDM, … La rencontre a débuté avec le discours d’ouverture de Sophiata Souffou, première vice-présidente de la CCI, et de Bibi Chanfi, deuxième vice-présidente chargée du développement économique et de la coopération décentralisée au Conseil départemental.

Souhaita Souffou, lors du discours d’ouverture.

Sophiata Souffou a commencé son discours en soulignant l’importance de cette journée : « Quand j’entends parler d’entreprendre, ça me fait vraiment chaud au cœur. Aujourd’hui, grâce à vous, la jeunesse a pu montrer que l’entrepreneuriat fait partie du quotidien ». Elle a également rappelé que la Foire de l’industrie ainsi que la Journée pour entreprendre s’inscrivent dans la valorisation des savoir-faire locaux et le renforcement des filières stratégiques de l’île . « Notre objectif est de créer un espace privilégié pour échanger, entreprendre et innover, tout en mettant en lumière le potentiel industriel de notre territoire », a-t-elle exprimé face aux personnes assises dans le public.

Bibi Chanfi de son côté a pris le micro pour insister sur le rôle du Département dans l’accompagnement des entreprises . « Nous soutenons la création d’activités économiques, notamment après les difficultés engendrées par Chido. Il était nécessaire de redonner de l’activité aux entreprises, et nous avons mis en place des dispositifs pour les accompagner dans leurs investissements et leur trésorerie », a rappelé la deuxième vice-présidente. Elle a aussi mis en avant l’importance de la collaboration entre les structures d’accompagnement et les élus . « Il faut que nous nous organisions, que nous communiquions et que nous avancions ensemble pour soutenir efficacement les entreprises de Mayotte ».

Accompagner les porteurs de projets à chaque étape

Thaniat Satirou, formatrice d’anglais au Centre d’études de langue de la CCI.

Plusieurs entreprises étaient présentes pour informer et accompagner les porteurs de projets dans leurs démarches. Le cas par exemple, du chapiteau du Centre d’études de langues de la CCI (CLL), animé par Thaniat Satirou, formatrice d’anglais. Elle propose des formations sur plusieurs langues telles que : l’anglais, le portugais, le français ou encore le swahili, ouvertes aux salariés, entrepreneurs et demandeurs d’emploi. « Nous adaptons chaque formation aux besoins des apprenants, qu’il s’agisse de projets professionnels ou personnels, et nous leur offrons l’opportunité de mettre en pratique leurs compétences à travers des voyages d’immersion », explique-t-elle. Ces séjours se déroulent essentiellement en Afrique de l’Est. Le Mozambique pour le portugais, la Tanzanie pour le swahili et l’Afrique du Sud pour l’anglais. Les déplacements sont en grande partie financés par le Conseil départemental, ce qui permet aux participants de bénéficier d’une expérience internationale sans coûts trop élevés.

Un peu plus loin, Tamara Gustinati, directrice territoriale de l’Adie, association qui accompagne les porteurs de projets grâce au microcrédit et à des ateliers de formation, avant même la création de leur activité. « Nous intervenons à tous les moments de la vie d’un entrepreneur, pour l’aider à tester et structurer son projet, et lui fournir des outils adaptés à son développement », souligne-t-elle.

Le stand de l’école Vatel animé par des élèves et la directrice Rania Said.

En plus des stands pour les personnes en recherche d’emploi, il y’avait aussi l’école Vatel représentée par Rania Saïd, directrice de l’établissement. L’objectif de la structure éducatif était de présenter ses programmes de formation dans l’hôtellerie et le tourisme pour les jeunes Mahorais titulaires du bac. Les étudiants suivent six mois de cours sur le territoire, suivis de six mois de stage dans des établissements quatre et cinq étoiles partenaires de l’école partout dans le monde, leur permettant d’acquérir une expérience professionnelle concrète et de développer leur réseau. « Notre but est de donner aux jeunes les compétences et les opportunités nécessaires pour réussir dans le secteur hôtelier et touristique, ici à Mayotte et au-delà », a-t-elle indiqué.

Micro entrepreneurs et artisans locaux

Sonia Perez et son stand de bijoux fait à partir de sable des plages de l’île.

Le Made in Mayotte s’est fait aussi une place de choix lors de cette première journée, à travers des stands mettant en avant l’artisanat, les savoir-faire locaux et l’entrepreneuriat individuel. Rozana présentait ses créations mélangeant la culture mahoraise et malgache, avec des porte-clés, paniers, vêtements ainsi que des tissus. « Mon objectif est de mettre en avant  les petits entrepreneurs, et de chercher de la visibilité pour l’artisanat de Mayotte et Madagascar », a confié la mère de famille. Juste à côté, Sonia Perez, géologue de formation et créatrice de bijoux à base de sable local, proposait ses pièces uniques. Chaque couleur de sable correspond à un endroit différent de l’île. « J’ai commencé à ramasser le sable de manière respectueuse dès que je suis arrivée à Mayotte, et transformer ces couleurs en bijoux, c’est ma façon de partager un peu de l’île avec ceux qui repartent. L’île a 200 couleurs de sable différents c’est fascinant  ».

Simulation du filtre par Isaac Tamime.

En dehors du fait main local, il y’avait également Ecol’eau, une micro entreprise co-dirigée par Isaac Tamime, qui propose un système simple de filtration de l’eau, destiné à rendre l’eau du robinet potable et à limiter l’usage de bouteilles plastiques. « Ce dispositif permet d’économiser jusqu’à sept palettes de bouteilles d’eau et de préserver la nature, la santé et l’économie locale  et peut être changé après 6 mois ou un an », explique-t-il. L’initiative est née au début de la crise de l’eau qui touche Mayotte depuis quelques temps. Le jeune homme et son collègue ont décidé de chercher un moyen d’aider la population mahoraise. Ils sont alors tombés sur ce système de filtre qui avait été mis en place il y’a plusieurs années pour filtrer l’eau pendant le choléra. Ecol’eau fait son chemin petit à petit et à déjà posé plusieurs filtres sur le territoire, dans des écoles ainsi que dans des entreprises.

Echange sur l’agriculture et l’environnement

Le responsable du développement durable à la CCI a été le premier à rejoindre la table ronde.

Après avoir fait le tour des différents chapiteaux, les visiteurs ont pu assister à une table ronde consacrée à l’environnement et l’agriculture. Trois intervenants ont pris la parole pour présenter leurs initiatives et échanger avec le public . Mouslim Payet, vergé et gérant de la Maison Artisanale de Mayotte, Nasser Moussa, porteur de projet en hydroponie et aquaculture mais aussi un représentant de la CCI chargé du développement durable.

Mouslim Payet a rappelé les difficultés rencontrées par l’agriculture traditionnelle sur le département, confrontée au manque de surfaces cultivables, à la géographie difficile et à la concurrence étrangère. Il a insisté sur la nécessité d’un accompagnement renforcé . « Malgré les contraintes, nous devons transmettre aux jeunes la passion de l’agriculture et leur montrer qu’avec de la motivation et de la persévérance, il est possible de réussir sur notre territoire ». Quant à Nasser Moussa, il a présenté ses projets innovants, combinant hydroponie et aquaculture pour produire à la fois des légumes et des poissons en circuit fermé, et sans utiliser de terre, avec un impact minimal sur les ressources naturelles. Il a expliqué que cette méthode permettrait d’utiliser jusqu’à 90 % d’eau en moins qu’en agriculture traditionnelle et d’optimiser les rendements, tout en restant respectueux de l’environnement.

La table ronde terminée, les échanges se sont poursuivis autour des stands. Les personnes présentes ont continué à découvrir les initiatives et à se renseigner. Salama Madi, venue se renseigner pour l’avenir scolaire de sa fille, confie : « j’ai entendu parler de l’école Vatel et je voulais avoir plus d’informations. Ce genre d’événement est vraiment pratique, tout est réuni au même endroit ». Céline François, elle, est passée par curiosité et pour faire quelques achats avant de quitter l’île. « Nous venions chercher des souvenirs et avons découvert des produits purement mahorais. J’ai pris des huiles, des épices et du savon c’est une belle manière de soutenir les artisans locaux », a exprimé la jeune femme.

Les animations ont continué tout au long de l’après-midi, avec de la danse et des visites des stands ainsi qu’une deuxième table ronde. La journée s’est clôturée par un live musical. Une seconde journée est aussi prévue ce vendredi toujours sur la Place de la République à Mamoudzou.

Shanyce MATHIAS ALI

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