Mangajou s’est réveillé sous tension, ce lundi 17 novembre. Des véhicules brûlés, des biens dégradés et des barrages improvisés sur les routes : les habitants ont voulu exprimer leur ras-le-bol face à des violences qui se répètent depuis plusieurs semaines. Ce nouvel épisode, à quelques centaines de mètres seulement de la brigade de gendarmerie de Sada, a marqué les esprits et renforcé la colère des villageois.
« Encore une fois, Mangajou a vécu une nuit de terreur », résume le Soula Saïd-Souffou, conseiller départemental de Sada–Chirongui. Pour lui, il est temps que l’État et la commune prennent des mesures concrètes.
Chaos et véhicules en feu

Selon la gendarmerie de Mayotte, les événements ont débuté peu avant 21h30, dimanche 16 novembre, lorsqu’une trentaine de jeunes originaires de Sada se sont dirigés vers Mangajou. Sur le chemin, ils ont agressé des passants, mis le feu à quatre véhicules et dégradé d’autres biens. Des villageois ont tenté de s’interposer, entraînant des échanges au cours desquels quelques coups avec des armes blanches ont été portés. Les blessures constatées restent superficielles et certaines victimes ont été transportées au centre médical de référence (CMR) de Kahani.
Pour « disperser les jeunes », les forces de gendarmerie ont été déployées en nombre. L’opération a duré jusqu’à 1h du matin, les adolescents ayant érigé des obstacles sur les axes routiers, transformés en barrages. La gendarmerie souligne que, parallèlement à l’action de dispersion, elle suit de près la partie judiciaire : des plaintes ont été déposées concernant les blessures et les dégradations, et des investigations sont en cours pour identifier les auteurs.
« Nous allons porter une attention très particulière à la situation dans les jours et semaines à venir », assure le commandant Bidet. Une délégation de la Préfecture de Mayotte s’est rendue sur place lundi matin pour constater la situation.
Les habitants hissent des barrages

Du côté des élus locaux, la situation est jugée « intolérable ». Dans un communiqué, le Soula Saïd-Souffou, conseiller départemental de Sada–Chirongui, appelle à un changement radical de doctrine face aux violences : « Il faut cesser de chercher des justifications indécentes à la violence de ces groupes et agir enfin », insiste-t-il. Il demande également aux autorités communales et à l’État d’ « interpeller ces criminels et les remettre sans délai à la disposition de la justice ». L’élu assure par ailleurs son soutien aux habitants qui ont dressé des barrages : « La population ne fait que défendre son droit fondamental à la sécurité ».

Ce lundi matin, le programme de la journée illustre la volonté des autorités de reprendre le contrôle. À 9h, la mairie de Sada confirmait que la situation restait « toujours très tendue », au point de devoir reporter sa communication officielle. Une heure plus tard, à 10h, une réunion était en cours entre la mairie, la préfecture, des représentants des forces de l’ordre et la population. Objectif : sécuriser le village, apaiser les tensions et coordonner la suite de l’enquête judiciaire.
Les barrages dressés par les habitants reflètent une colère persistante face à l’insécurité et rappellent la période de janvier et février 2024, lorsque des blocages similaires avaient paralysé l’île pendant plusieurs semaines, alors que la population exigeait des réponses concrètes pour retrouver la sécurité.
Mathilde Hangard


