À l’occasion d’un Conseil d’orientation paritaire (COP) organisé à Mayotte le 7 novembre, la présidence paritaire d’AKTO s’est déplacée sur le territoire pour rencontrer les acteurs locaux de l’emploi et de la formation. L’OPCO (opérateur de compétences), chargé d’accompagner les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, était représenté par son vice-président, Laurent Barthélémy, et par Raphaël Caccia, trésorier adjoint, représentant le président Jean Hédou. La visite a permis de faire le point sur les priorités emploi-formation ainsi que sur cinq années d’intervention, dont une dernière année fortement marquée par la mobilisation après le cyclone Chido.
Depuis son agrément et la création du COP en 2021, AKTO indique s’être mobilisé auprès des entreprises et des salariés mahorais pour répondre aux besoins en formation dans un contexte jugé difficile par l’organisation, marqué par une offre limitée et un taux de chômage élevé, aggravé par le passage du cyclone Chido le 14 décembre 2024.
Trois axes d’action pour répondre aux besoins du territoire

Le plan d’actions présenté par l’OPCO repose sur trois axes. Le premier concerne le développement des compétences des salariés, avec un accent sur l’accès aux savoirs de base et la mobilité pour suivre des formations absentes localement. Au 30 septembre 2025, l’organisation affirme que 56 salariés ont été formés dans le cadre de l’Insertion par l’activité économique, sur des thématiques allant de la conduite d’engins à la sécurité et aux savoirs fondamentaux, et que 168 salariés du bâtiment et des travaux publics ont suivi des formations via l’EDEC BTP.
Le deuxième axe cible la promotion des métiers par l’alternance. AKTO indique avoir mené des campagnes adaptées aux jeunes et aux familles mahoraises. Deux sessions de formation auraient permis à 25 jeunes de découvrir les métiers d’employé commercial et d’agent de prévention et de sécurité, dans le cadre d’une Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective fondée sur les valeurs du sport. L’organisation précise qu’à la fin septembre 2025, 480 jeunes Mahorais avaient signé un nouveau contrat d’apprentissage, contre 408 un an auparavant.
Le troisième axe porte sur le soutien aux publics les plus fragiles, en particulier les apprentis. Selon AKTO, l’accompagnement social est central à Mayotte, où les difficultés d’accès aux infrastructures et aux transports peuvent provoquer des ruptures de parcours. Entre 2023 et 2024, 150 jeunes alternants en difficulté auraient bénéficié d’un suivi social.
Mesures exceptionnelles après le cyclone Chido

Après le cyclone Chido, le Conseil d’administration a annoncé des mesures exceptionnelles. Deux enquêtes menées dès janvier 2025 auprès des CFA ont révélé, selon l’organisation, que la majorité des établissements avait subi jusqu’à 30 % de dégâts, que certaines entreprises ne pouvaient pas accueillir leurs apprentis et que de nombreux jeunes faisaient face à des difficultés sociales importantes, allant de l’impossibilité de se déplacer à la perte de logement, du manque de nourriture à l’insécurité, parfois accompagnées d’un choc psychologique.
Pour y répondre, AKTO indique avoir revalorisé l’aide sociale des apprentis, passant de 500 à 3.000 euros maximum en 2025. Au 30 septembre, dix CFA avaient sollicité ce soutien pour 310 jeunes. Parmi les 777 apprentis recensés début 2025, 742 auraient pu poursuivre leur formation jusqu’au terme prévu.
Renforcement du soutien aux entreprises et à la mobilité

Par ailleurs, l’OPCO relève les plafonds d’aides dans le cadre du Plan de développement des compétences pour les entreprises de moins de 50 salariés : de 3.000 à 5.000 euros pour celles de moins de 11 salariés et de 5.000 à 7.000 euros pour celles de moins de 50 salariés, avec un plafond horaire porté de 30 à 40 euros. Les salaires sont pris en charge à hauteur de 12 euros maximum par stagiaire et les frais annexes jusqu’à 10 euros par jour. Le soutien à la mobilité ultramarine a également été doublé, passant de 5 à 10 jours, afin de permettre aux stagiaires de suivre des formations en Hexagone dans de meilleures conditions.
« Nous avons redoublé d’efforts à Mayotte depuis le cyclone Chido. La reconstruction de l’archipel ne se fera pas en un jour. Les entreprises et les actifs mahorais ont besoin d’être accompagnés dans le temps long », a déclaré Raphaël Caccia. « En tant qu’OPCO unique à Mayotte, il s’agit de garantir une stabilité vis-à-vis des entreprises, des salariés et des partenaires institutionnels », a ajouté Laurent Barthélémy.
Victor Diwisch


