Parés de leur chapeau rectangulaire, symbole de réussite, les nouveaux ingénieurs sociaux et éducateurs spécialisés formés à l’antenne mahoraise de l’Institut Régional du Travail Social ont célébré la fin de leur parcours lors d’une cérémonie de remise des diplômes, ce jeudi 30 octobre, au lycée des Lumières de Kawéni, à Mamoudzou.

Au total, quarante lauréats issus de trois formations différentes ont été honorés : 15 éducateurs spécialisés, pour la quatrième promotion du territoire, ayant suivi un cursus post-Bac de trois ans équivalant à une licence ; 14 ingénieurs sociaux, première promotion locale à obtenir le Diplôme d’État d’Ingénieur social (DEIS) après une formation de 2 à 3 ans, équivalente à un Master 2 ; et enfin 11 titulaires du Certificat National d’Intervention en Autisme (CNIA), également une première pour le territoire et pour la région.
Depuis 2016, l’IRTS forme à Mayotte l’ensemble des travailleurs sociaux à des métiers variés – assistant de service social, éducateur de jeunes enfants, accompagnant éducatif et social, ainsi qu’ingénieur social et éducateur spécialisé – et délivre 13 diplômes d’État du travail social.
« Je suis fière est encore plus motivée pour la suite »

Ces métiers et compétences sont particulièrement recherchés et essentiels pour le territoire et ses habitants. Les éducateurs spécialisés et ingénieurs sociaux contribuent ensemble au soutien des populations dites « vulnérables ». Les premiers accompagnent, par exemple, des enfants en situation de décrochage scolaire, des jeunes placés en protection de l’enfance, des personnes âgées isolées ou des adultes en situation de handicap, tandis que les seconds coordonnent et pilotent les projets sociaux qui structurent cet accompagnement.
Diplômée, Farsia Ali porte désormais officiellement le titre d’ingénieur social au sein de l’UTAS (Unités Territoriales d’Action Sociale) de Mamoudzou, qui intervient dans l’aide à la famille et à la personne, la protection de l’enfance, l’insertion sociale et professionnelle, l’accompagnement des bénéficiaires du RSA ou la compensation de la perte d’autonomie. Elle y travaille depuis 2010.

« J’ai toujours aimé le social et j’ai toujours voulu progresser dans mon travail, apprendre et partager mes connaissances avec mes collègues et partenaires, pour que cela profite aux personnes aidées« , explique-t-elle. « Je souhaite contribuer au développement de l’île et faire avancer le territoire. Cette formation m’a offert de nouvelles perspectives pour réfléchir à mon métier et l’adapter à la réalité de Mayotte. La société et les lois évoluent, et il ne suffit pas de copier des projets venant de la Métropole : il faut sans cesse se remettre en question. Aujourd’hui, je comprends mieux comment rendre les projets réalisables, accompagner les équipes sur le terrain et aider à la prise de décision. Je me sens pleinement à ma place ».
« Mariée avec deux enfants et un emploi, ce n’était pas facile, mais quand on veut, on peut. Je suis fière et encore plus motivée pour la suite », ajoute Farsia, émue.
Le début de parcours professionnels très attendus à Mayotte
Comme elle, la plupart des nouveaux ingénieurs sociaux sont déjà salariés du Département, principal financeur des formations, ou travaillent dans des structures associatives. Les éducateurs spécialisés fraîchement diplômés ont également reçu des promesses d’embauche, notamment auprès du Département.

« Accéder à la fonction publique n’est pas une fin en soi. Je compte sur vous pour rester attentifs et proactifs au quotidien afin de faire progresser vos projets. Ce diplôme marque surtout le début d’un parcours professionnel », rappelle Elyassir Manroufou, conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2.
« Chaque année, plus de 10 millions d’euros sont investis pour accompagner les formations du médico-social, car nous avons vraiment besoin de ces compétences ici », poursuit Madi Moussa Velou, vice-président du Conseil départemental, chargé des Solidarités, de Action sociale et de la Santé. « Nous avons besoin de vous sur le territoire, et non à La Réunion… nous vous formons pour travailler à Mayotte, au service de la population locale ».

« Il faut former davantage d’éducateurs spécialisés à Mayotte. Beaucoup de personnes vulnérables restent souvent invisibilisées, et il est essentiel de pouvoir les accompagner », témoigne Yassaoun Abdallah Antiki, diplômé d’une licence d’éducateur spécialisé. « La suite ? Je ne sais pas encore, mais il y a beaucoup d’opportunités d’évolutions, dans le privé ou le public. Pour le moment, je travaille à la POPAM, auprès de personnes en situation d’addiction, mais je pourrai m’orienter vers d’autres structures et même continuer ma formation par la suite ».
En attendant, entouré de ses camarades, il lance son chapeau en l’air pour célébrer leur réussite.
Victor Diwisch


