Mayotte, île jeune et chère : la population augmente, les prix grimpent

À Mayotte, la population a franchi les 329.000 habitants selon le recensement exceptionnel de 2025. L’île reste le département le plus jeune et le plus fécond de France. Pendant ce temps, l’inflation monte : +0,3 % sur un mois et +1,5 % sur un an, portée par les prix de l’alimentation.

Après deux mois de stabilité, les prix repartent doucement à la hausse à Mayotte. Dans sa publication du mois de septembre 2025, l’Insee constate que « l’indice des prix à la consommation repart à la hausse à Mayotte (+ 0,3 %) ». Sur un an, « les prix à la consommation augmentent de 1,5 % à Mayotte », un rythme « légèrement supérieur au niveau national (+ 1,2 %) ». 

Rien d’explosif donc, mais un signal : la vie chère grignote à nouveau le pouvoir d’achat sur l’île dont la population est la plus jeune de France. Une problématique d’autant plus aiguë qu’en 2023, le revenu moyen par habitant à Mayotte était d’environ 9.760 euros par an, parmi les plus bas de France, et que de nombreux foyers doivent recourir à l’eau embouteillée, vendue à prix fort, face à une crise chronique de l’eau, aggravée par des difficultés techniques en octobre 2025 dues à des travaux dans l’usine de potabilisation d’Ourovéni.

Une jeunesse massive, une démographie en hausse 

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À Mayotte, la jeunesse est partout.

Dans son bulletin d’octobre 2025, l’IEDOM annonce « 329.000 habitants » lors du recensement exceptionnel. Mayotte reste ainsi le département le plus jeune de France, avec « 23 ans en moyenne à Mayotte contre 43 ans en France », souligne l’Institut.

Le taux de fécondité demeure exceptionnel : « 3,6 enfants par femme » contre 1,6 dans l’Hexagone, assurant à l’île une croissance démographique parmi les plus fortes du pays.

Cette vitalité se heurte à la réalité du quotidien : écoles saturées, services publics débordés, infrastructures sous pression, manque chronique d’eau et reconstruction post-cyclone encore fragile. Le bulletin rappelle les séquelles du cyclone Chido, survenu le 14 décembre 2024 : « La reconstruction peine à se mettre en place presque un an après le passage de Chido alors que la saison cyclonique approche ». 

Pour y remédier, la Commission européenne propose « 89,6 millions d’euros d’aide provenant du Fonds de solidarité de l’Union européenne », en plus d’un préfinancement de 24 millions d’euros déjà versé.

Les prix alimentaires tirent l’inflation

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Les prix sont repartis à la hausse : + 0,3 % en septembre, tirés par l’alimentation.

Sur le front des prix, la hausse reste modérée mais ciblée. L’Insee observe que « les prix de l’alimentation augmentent de 0,9 % après deux mois consécutifs de baisse ». Les produits frais bondissent de « 5,5 % sur un mois », quand les autres produits alimentaires reculent légèrement (– 0,2 %).

Sur un an, le constat est plus amer : « les prix de l’alimentation augmentent davantage (+ 5,1 %) qu’au niveau national (+ 1,7 %) ». Un chiffre lourd de sens dans un département où « l’alimentaire pèse pour 24 % dans la consommation des ménages ».

L’énergie, elle, souffle un peu. « Les prix de l’énergie repartent à la hausse en septembre (+0,8 %) », précise l’Insee, mais restent en net recul sur un an (-8,6 %), surtout à cause de la « baisse des tarifs de l’électricité (- 18,4 %) ». Les carburants, eux, remontent légèrement : « le litre de gazole augmente de 4 centimes et celui du supercarburant de 3 centimes ».

Les autres postes (produits manufacturés, services, tabac) restent stables. « Les prix des produits manufacturés se stabilisent », les services sont « stables », et « les prix du tabac » ne bougent pas. Mais sur un an, les services progressent tout de même de « 2,2 % », notamment les « loyers, eau et enlèvement des ordures ménagères (+ 2,3 %) ».

L’économie sous surveillance

Entre surendettement, inclusion financière et vigilance face aux fraudes, l’économie mahoraise reste sous surveillance.

Au-delà de l’inflation, l’IEDOM met en avant la question de l’accès aux services financiers. Chaque mois, son « baromètre mensuel de l’inclusion financière » publie les chiffres du surendettement, des désignations de droit au compte bancaire et des incidents de paiement. L’Institut diffuse aussi le rapport annuel de l’Observatoire des tarifs bancaires, qui mesure « les niveaux moyens et évolutions des 14 services de l’extrait standard, ainsi que de 3 tarifs réglementés » entre avril 2024 et avril 2025.

Mais au milieu de ces chiffres, des alertes. L’IEDOM et l’ACPR avertissent contre « l’association COPPAM Assurances Solidaires », en recommandant « de ne pas donner suite aux sollicitations de cette association et de ne pas tenir compte des attestations d’assurance qui seraient produites à son nom ». La Banque centrale européenne, elle, conseille « de conserver de l’argent liquide chez soi pour tenir 72 heures en cas de crise ». Et à l’heure du Cybermois 2025, la campagne européenne contre les arnaques en ligne, le portail Mes Questions d’Argent livre ses « astuces pour éviter les arnaques en ligne » et renforcer les réflexes de cybersécurité.

Un département en attente de souffle

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Bientôt un an après le passage de Chido, la reconstruction reste lente sur le département (illustration)

D’un côté, une jeunesse majoritaire, un dynamisme démographique hors norme, et des fonds européens annoncés pour rebâtir. De l’autre, une inflation discrète mais présente, une reconstruction à la traîne, et une vigilance accrue face aux risques financiers et numériques. En octobre 2025, Mayotte reste un laboratoire social et économique singulier : une île où la jeunesse massive façonne la société et pousse la demande en services et infrastructures, mais où la précarité, les prix élevés et les retards de reconstruction continuent de freiner son développement.

Mathilde Hangard 

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