La mission locale de Mayotte a organisé, ce mercredi un séminaire territoriale à l’hémicycle Younoussa Bamana, en partenariat avec le Conseil départemental, la Préfecture, France Travail ainsi que l’association des maires de Mayotte. L’évènement s’inscrit dans la continuité du plan de reconstruction post-cyclone Chido et vise à questionner la place des jeunes dans cette dynamique.
Jeunes et acteurs locaux réunis pour l’emploi et la formation

La rencontre, initiée par Djabiri Madi Ousseni, a rassemblé des représentants institutionnels, économiques et associatifs tels que la Gendarmerie, le CRESS, le RSMA, Licoli Dagoni ou encore Greta Safe. Chacun a pu présenter ses constats et ses propositions pour améliorer la coordination entre acteurs et renforcer l’accès des jeunes à l’emploi et la formation. Nadia Djoumoi, directrice générale à la Mission Locale de Mayotte, a rappelé que la construction de l’île passait aussi par la consolidation des parcours individuels.
Elle a aussi souligné l’importance d’un suivi plus humain et plus adapté aux réalités locales, tout en insistant sur la nécessité de renforcer les liens entre institutions et associations de terrain. « Derrière chaque dossier, il y a une personne avec son histoire, ses obstacles et ses ambitions. On ne peut pas traiter l’insertion uniquement sous l’angle administratif », a-t-elle décalré. Le séminaire a également donné la parole à plusieurs jeunes accompagnés par la Mission Locale.
Des parcours inspirants et un comité de jeunes actif
Parmi eux, Saïda Loutfi Mogné, 24 ans, fondatrice de l’entreprise Bien-être nomade, a présenté son activité inspirée des pratiques traditionnelles de massage et de soins naturels. « J’ai appris à masser avec ma grand-mère, ce projet est donc né de l’envie de sauvegarder cette tradition, car maintenant on a plus tendance à se soigner avec les médicaments de pharmacie alors que nous avons une médecine traditionnelle riche ». Adma Saïd, âgée de 26 ans et originaire d’Acoua, a quant à elle partagé son parcours de pâtissière et cake-designer. Mais la jeune femme a plusieurs autres cordes à son arc : make-up artiste, dessinatrice de hénné ainsi que créatrice de bouquets de fleurs et d’argents. « J’espère pouvoir créer mon entreprise d’ici mars, je suis donc venue à ce séminaire pour trouver de l’accompagnement », a-t-elle expliqué.
Le comité de jeunes de la Mission Locale a également été mis en avant. Ce nouvel espace de participation, qui a vu le jour l’année dernière, permet à des jeunes du territoire de faire remonter leurs besoins et leurs propositions directement à la direction. « L’idée est de permettre et de faciliter à la direction de bien travailler avec les jeunes en fonction de leurs besoins », a indiqué Rayanti Saïd, membre du comité. Deux ambassadrices ont été élue l’année dernière et l’une d’entre elle, Naïla Ali, a réussi à signer un contrat Tech.

Les échanges ont ensuite porté sur les difficultés rencontrées par la jeunesse mahoraise dans leurs parcours d’insertion autour de quatre tables rondes sur divers sujets comme les besoins administratifs ou encore le manque de débouchés professionnels. Plusieurs intervenants ont évoqué le manque de coordination entre les structures, la saturation des entreprises TPE ou encore la question de la mobilité. En effet, le manque de transport public a souvent été cité comme un frein majeur à l’emploi.
Le RSMA a rappelé que certaines offres restaient souvent non pourvues à cause des guerres entre les villages, tandis que la gendarmerie a insisté sur la nécessité de mieux préparer les jeunes aux concours et aux sélections nationales. Car même après le Bac certains ont un niveau très bas ce qui fait que Mayotte a souvent le plus grand taux d’échecs. Pour pallier cela, le service a dû mettre en place une remise à niveau d’un mois avant les examens.
Les pistes concrètes issues des tables rondes
Après les interventions, chaque groupe a présenté les solutions élaborées lors des tables rondes. La première table ronde, sur les dispositifs existants, rapportée par Mohamed Madjidi (CRESS Mayotte), a proposé d’utiliser la clause d’insertion dans les marchés publics pour intégrer les jeunes éloignés de l’emploi, et de créer des points d’accueil jeunesse avec des formations qualifiantes comme le BAFA ou le BEPJEPS. Le deuxième groupe, sur les besoins des jeunes, avec Binti Attoumani comme rapporteuse, a recommandé la désignation d’un référent unique auprès de la préfecture et le développement d’un accompagnement individualisé pour répondre aux besoins sociaux et culturels.
En ce qui concerne les nouvelles initiatives, il a été suggéré la création d’un annuaire regroupant toutes les structures et formations, ainsi qu’un suivi centralisé du parcours des jeunes via une plateforme ou un livret d’accompagnement. Enfin, pour les stratégies et politiques, rapportées par le psychologue Maeze Mendhy Soalihi, ce dernier a mis en avant le renforcement du lien entre entreprises et structures de formation, et le développement d’actions de sensibilisation et d’accompagnement social, psychologique et administratif pour faciliter l’entrée des jeunes dans le monde professionnel.
La Mission Locale a incité sur le fait que toutes les propositions vont être revues dans les semaines à venir, et que c’était certes le premier événement, mais certainement pas le dernier.
Shanyce Mathias Ali