Une ambassadrice mahoraise à Miss Universe : le défi de Nourya Aboutoihi

Le 21 novembre 2025, Mayotte fera son entrée pour la première fois dans l’histoire du concours Miss Universe. Une grande première pour l’île, portée par Nourya Aboutoihi, anciennement Miss Excellence Mayotte 2023. Elle est désormais la représentante officielle du territoire en tant que Miss Universe Mayotte 2025.

Pendant dix ans, Neimati Toumbou Dani a présidé le comité Miss Excellence Mayotte, organisant chaque année l’élection régionale. Dix années à mettre en lumière les jeunes femmes mahoraises, à valoriser leur talent et la culture du territoire. Et cette année, un nouveau cap : Mayotte entre dans la famille Miss Universe, une première dans l’histoire de l’île.

Neimati Toumbou Dani, présidente du Comité Miss Excellence Mayotte

Tout a commencé l’an dernier, quand le comité international a contacté Neimati Toumbou Dani. Après l’ouverture du concours à la Guadeloupe et à la Martinique, le comité Miss Universe voulait aussi intégrer Mayotte. L’idée a séduit tout de suite, l’enjeu était évident : donner de la visibilité à une île souvent mal connue et ainsi permettre aux Mahorais de se reconnaitre dans un événement mondial. Mais 2024 a été une année compliquée pour l’île aux parfums. Le cyclone Chido qui a frappé le territoire en décembre 2024 avait tout bouleversé. Les dégâts matériels, les pertes humaines ainsi que le manque de moyens avaient énormément impacté le moral de la population et du comité Miss Universe Mayotte. Résultat : la participation de l’île a été reportée. Cette année, malgré un contexte toujours fragile, la présidente et son équipe ont décidé de prendre part au concours, par respect pour la promesse faite au comité international, mais surtout pour prouver que Mayotte peut se relever. « Nous avons pesé le pour et le contre, et on s’est dit que nous allions faire l’effort avec ce que nous avons. Même avec peu, on veut représenter notre île dignement », explique Neimati Toumbou Dani.

Entre ambition et obstacles

Derrière les paillettes, la réalité reste compliquée. Les comités de miss sont des associations, elles n’ont donc pas les mêmes aides financières qu’une entreprise. « Nous n’avons pas de budget fixe. On vit de subventions ponctuelles et de partenariats, mais c’est souvent très limité », rappelle la présidente. Organiser une élection régionale coûte déjà très cher : le chapiteau, la logistique, les lumières, les tenues… Et pour une élection internationale, la facture explose. « Rien que deux grands chapiteaux, c’est 30.000 euros ! Sans décor, sans lumières, sans chaises. Les gens ne se rendent pas compte », confie Neimati Toumbou Dani.

Même les apparitions des miss reposent sur un budget conséquent. « Chaque sortie coûte cher : coiffure, maquillage, tenue, cela peut aller jusqu’à 1.200 euros.  Et nous, on est une association. On ne vit pas de ça ». Elle ajoute, avec une pointe de tristesse, que « Parfois, on refuse des invitations parce qu’on n’a pas le budget pour habiller la miss. C’est frustrant, mais c’est la réalité ». En raison des manquements financiers, il n’y a pas eu d’élection pour choisir la Miss Universe Mayotte 2025 mais seulement un casting à huit clos. Nourya Aboutoihi étant la détentrice du titre 2023, elle a tout naturellement été choisie pour représenter Mayotte.

Se préparer pour briller sur la scène internationale

Nourya Aboutoihi, Miss Universe Mayotte 2025, originaire de Mtsapéré et Mbouini

La candidate qui portera les couleurs de Mayotte est Nourya Aboutoihi, âgée de 25 ans, originaire de Mtsapéré et Mbouini. Déjà couronnée Miss Excellence Mayotte 2023, elle est aujourd’hui désignée pour incarner la beauté et les valeurs du territoire. Étudiante en Bachelor de Tourisme à Toulouse, la jeune femme incarne la jeunesse mahoraise ambitieuse, curieuse et fière de ses racines. Choisie pour sa prestance, sa personnalité, et ses convictions, elle remplit aussi les critères du concours international : « Nourya mesure 1m74, parle français et anglais mais surtout elle a de l’engagement et du charisme », souligne la présidente du comité Miss Universe Mayotte. L’ambassadrice se prépare depuis plusieurs mois, accompagnée d’une coach professionnelle.

Au programme : défilés, exercices d’élocution, expression scénique, cours d’anglais et préparation mentale. « Les concours de beauté c’est un autre monde, il faut être prête à tout », insiste Neimati Toumbou Dani. Et surtout, à gérer la pression. Car dans ce milieu les critiques sont souvent gratuites, sans compter les réseaux sociaux… « Les candidates sont scrutées à la loupe par les gens, si la Miss apparaît deux fois avec la même paire de boucles d’oreilles ou une robe déjà portée, internet va s’enflammer donc il faut faire attention à tout cela ».

Une aventure avant tout collective

L’écharpe de Nourya Aboutoihi ne porte pas son nom, mais celui de son île : Miss Universe Mayotte

Pour Neimati Toumbou Dani, cette participation n’est pas juste un concours de beauté. C’est un symbole fort pur tout un territoire. « On ne part pas forcément pour gagner, même si ce serait magnifique. L’objectif est plus de participer, d’apprendre, de voir comment ça se passe pour mieux se préparer pour la prochaine fois », raconte la présidente du comité Miss Universe Mayotte. Derrière ce projet, il y’a surtout une volonté de redonner espoir, montrer que malgré les difficultés, Mayotte avance. Que les Mahorais peuvent rêver grand.

« Quand on n’a pas de projet, on stagne. Là on se projette, on se challenge. C’est une fierté que Miss Universe ait choisi notre petit caillou », se félicite Neimati Toumbou Dani. L’écharpe de Nourya Aboutoihi ne porte pas son nom, mais celui de son île : Miss Universe Mayotte. Et c’est tout un peuple qu’elle représente. « Chaque like, chaque partage, chaque mot de soutien compte », glisse la présidente. « Même des pays concurrents nous encouragent. On espère que les Mahorais feront pareil. Ce serait beau de sentir toute l’île derrière elle ».

En novembre prochain, direction la Thaïlande, pour représenter l’île aux parfums parmi les plus belles femmes du monde.

Shanyce MATHIAS ALI

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