Le colonel Michael Randrianirina, commandant de l’unité d’élite CAPSAT, prêtera serment ce vendredi 17 octobre en tant que « président de la refondation de la République de Madagascar ». Cette cérémonie, qui se déroulera au Palais d’État d’Ambohidahy à Antananarivo, intervient après la destitution du président Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale le 14 octobre dernier, et marque ainsi une légitimation institutionnelle du changement de pouvoir.
Une transition sous haute surveillance

En effet, le nouveau régime a suspendu la Constitution, dissout le Sénat et la Haute Cour constitutionnelle, tout en maintenant l’Assemblée nationale en fonction.
Un Conseil militaire assure la transition, en promettant l’organisation d’élections dans un délai de deux ans. Le général Demosthène Pikulas a été nommé chef d’état-major des armées, consolidant ainsi le contrôle militaire sur l’ensemble du pays.
L’Union africaine suspend Madagascar de ses instances
Rapidement, l’Union africaine a réagi fermement en suspendant Madagascar de ses instances et activités, condamnant ainsi le changement de pouvoir au sein du pays. Cette décision a été prise lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui a également appelé au rétablissement de l’ordre constitutionnel et à l’organisation d’élections libres et transparentes, d’après un communiqué publié le 15 octobre.
Parallèlement, la France a exprimé ses préoccupations, appelant au respect de la démocratie et des droits humains. « Il est aujourd’hui essentiel que la démocratie, les libertés fondamentales et l’État de droit soient scrupuleusement préservés », a affirmé mercredi le Quai d’Orsay, à propos de Madagascar.
La jeunesse Gen Z entre euphorie et méfiance

À Madagascar, la destitution d’Andry Rajoelina laisse place à une incertitude profonde. La jeunesse contestataire, la Gen Z, qui a occupé les rues de la capitale pendant trois semaines pour dénoncer la corruption et les coupures d’eau et d’électricité, oscille entre satisfaction et méfiance face à la prise de pouvoir militaire.
Si l’arrivée des militaires a temporairement apaisé les violences, les jeunes craignent d’être écartés des décisions de cette transition. Plusieurs responsables de la société civile et du mouvement se sont regroupés pour préserver leur autonomie et se disent prêts à poursuivre leur mobilisation si leurs revendications n’étaient pas prises en compte.
Dans ce climat particulièrement incertain et fragile, chaque annonce civile ou politique est scrutée.
Mathilde Hangard