Distribution d’eau en Petite-Terre : s’adapter aux horaires déroutants

Depuis le 11 octobre, un planning spécial de distribution d’eau est en vigueur à Mayotte, le temps de travaux menés à l’usine d’Ouroveni. En Petite-Terre, les habitants de Labattoir et Pamandzi, censés subir des coupures de 48 heures, dénoncent des perturbations plus longues et des horaires non respectés, compliquant encore plus leur quotidien déjà marqué par les tours d’eau habituels.

Pour permettre des travaux à l’usine d’Ouroveni, la Société Mahoraise des Eaux (SMAE) a mis en place un planning exceptionnel de «tours d’eau» du 11 au 24 octobre 2025. Selon ce calendrier, les communes de la Petite-Terre, Labattoir et Pamandzi, doivent bénéficier de 24 heures d’ouverture pour 48 heures de coupure. Mais sur le terrain, la réalité semble bien différente. Plusieurs habitants affirment faire face à des coupures prolongées, parfois jusqu’à trois jours consécutifs, sans explication claire.

Eau irrégulière : chaque jour, une nouvelle organisation

Bidons d’eau prêts à l’emploi : les habitants doivent anticiper les interruptions.

À Labattoir, les habitants s’adaptent tant bien que mal aux coupures d’eau, dont les horaires changent sans prévenir. Résultat : chacun s’organise comme il peut pour tenir le coup.

Depuis le début du mois d’octobre, Sanya Mari, habitante du quartier des Badamiers, s’est adaptée comme elle peut aux coupures d’eau. Parfois, l’eau reste disponible alors qu’elle devrait être coupée, lui permettant de lancer une lessive ou de remplir ses bidons. Mais les interruptions surviennent aussi plus tôt que prévu. « Mercredi dernier, l’eau a été coupée à 10 heures au lieu de 14 heures, ils ne préviennent pas et nous ne pouvons rien faire à part subir », soupire-t-elle. Pour faire face à ces imprévus, la mère de famille a mis en place une organisation quasi militaire : deux bidons pour la cuisine, deux pour la salle de bain, deux pour les toilettes, chacun destiné à une tâche précise. Une méthode qui lui permet de gérer au mieux les horaires déroutants. « Hier, l’eau est revenue vers 21 h alors qu’elle était prévue pour 10 h. Après une journée de travail, remplir des bidons à cette heure-là, c’est épuisant », confie-t-elle.

L’eau revient parfois de manière imprévisible, obligeant les habitants à rester vigilants.

Un peu plus loin, Maïssara Madi Soilihi, vivant à Four-à-Chaux , décrit un quotidien tout aussi irrégulier. « L’eau arrive parfois à minuit », raconte-t-elle. « Quand elle revient, on se jette dessus, même tard, parce qu’ils peuvent la couper à tout moment ». Certaines, comme Saïdati Hadadi, ont fini par se détacher complètement du planning de la SMAE. « Franchement, leur calendrier ne sert à rien. Je n’y prête plus attention. J’ouvre juste le robinet pour vérifier si l’eau est là ».

A contrario, dans le centre de l’île, à Chiconi notamment, la situation semble totalement inverse, comme nous l’a indiqué un habitant. « Nous aurions dû avoir le début des coupures dimanche dernier à compter de 10h, et ce pendant 4 jours. Or jusqu’à maintenant, nous avons eu de l’eau en continue, jours et nuits, durant tout le début de semaine ».

Des coupures d’eau prolongées perturbant le quotidien

A Pamandzi, le quotidien est rythmé par des interruptions d’eau plus longues que prévu. Ainsi, la vie scolaire a été perturbée la semaine dernière notamment au lycée Polyvalent de Pamandzi où l’absence d’eau a conduit à l’annulation de certains cours. « Vendredi dernier, au lycée, il n’y avait pas d’eau. Du coup, samedi matin, nous n’avons pas pu avoir cours », raconte Lheyane Mathias, lycéenne.

Pour les habitants, la situation devient aussi problématique. Talia Kassim, résidente de Bahoni, explique que les coupures durent parfois jusqu’à trois jours, alors que le planning officiel ne prévoit que 48 heures. « Là nous avons de l’eau, mais quand elle sera coupée, ce sera pour trois jours. Du coup on est obligé de stocker plus que prévu ». Alicia Said-Ali, habitante du centre-ville de Pamandzi, a dû mettre en place une  organisation minutieuse. « La première fois que ça s’est passé, ça m’a pris par surprise. Maintenant, je remplis mes bidons d’eau pour moi et pour ma mère, pour ne pas être prise au dépourvu ». Pour elle, l’impact dépasse la simple gêne : « C’est surtout compliqué pour les personnes âgées qui vivent seules, et pour les enfants. Faut penser aussi à l’hygiène, surtout quand l’eau arrive tard le soir ou qu’elle manque plusieurs jours ».

Les habitants remplissent leurs bidons pour anticiper les interruptions d’eau

D’autres comme Ahmad Madi ne comprennent pas pourquoi ils subissent toutes ses coupures. « Nous avons une usine de traitement ici à Pamandzi, je ne comprends pas pourquoi on est autant affectés par les travaux d’Ourovéni ». Selon lui, la situation est aggravée par l’absence d’information : « En plus la SMAE ne dit rien, la moindre des choses serait de nous prévenir qu’il va y avoir une coupure, c’est vraiment inadmissible », s’agace-t-il.

Les travaux sur le réseau, qui se poursuivront jusqu’en fin de semaine prochaine, laissent présager un impact durable sur la routine des habitants, qui devront continuer à s’organiser pour faire face à l’incertitude. Ces derniers espèrent qu’à l’issue des travaux, une amélioration significative des tours d’eau sera perceptible dans leur quotidien.

Shanyce MATHIAS ALI

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