Cancer du sein : la lutte passe par la vigilance

Comme chaque année, Mayotte participe à la campagne nationale d’Octobre Rose pour informer sur le cancer du sein et encourager son dépistage. Le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC) et ses partenaires organisent diverses actions et événements sur l’île. L’objectif est de sensibiliser, éduquer et inciter à agir tôt.

Sur l’île, le cancer du sein reste le premier cancer chez les femmes, mais elles ne sont pas les seules concernées : environ 1% des cas impliquent les hommes, rappelle le docteur Abdou Madi président du CRCDC. Plus inquiétant encore, la maladie frappe des patientes de plus en plus jeunes. En seulement cinq ans, le nombre de cas a bondi de 17 à 55, soit une augmentation de 100%.

“plus un cancer est détecté tôt, plus il est facile à traiter”

La docteure Hai Mboreha est oncologue au Centre Hospitalier de Mayotte

Pour la docteure Hai Mboreha, oncologue au Centre Hospitalier de Mayotte, cette évolution rend le dépistage indispensable. Elle souligne que “plus un cancer est détecté tôt, plus il est facile à traiter”. La spécialiste en oncologie insiste sur le fait que même si un cancer sur six est repéré grâce au dépistage organisé, trop de cas continuent d’être diagnostiqués tardivement. “C’est pourquoi Octobre Rose est si important ici”, insiste-t-elle. De l’autre côté, son confrére le praticien Abdou Madi, confirme que le dépistage précoce “permet de sauver des vies et d’éviter des traitements lourds”. Il rappelle aussi que, malgré l’importance de cette démarche, “Mayotte souffre encore d’un déficit de dépistage”.

Sergio Alabarello, directeur de l’Agence Régionale de Santé, apporte des chiffres : “En 2024, plus de 6.700 personnes ont été sensibilisées à Mayotte. Cela montre l’importance de continuer à informer et à mobiliser”.

Un mois d’initiatives et d’actions collectives

Pour cette édition 2025, le CRCDC et ses partenaires multiplient les initiatives. Le programme prévoit notamment un concours artistique “Fils Rose” ouvert à toutes les formes d’art jusqu’au 25 octobre, ainsi qu’un village santé le 4 octobre. Un gala de charité se tiendra le 11 octobre en Petite-Terre, à l’hôtel Ibis, il permet de financer des kits d’accompagnement aux patientes en évacuation sanitaire (EVASAN). Anrifia Ali Hamadi, présidente de l’Association des Soignants Contre le Cancer (ASCA), insiste sur l’importance d’aller au-delà des soins : “soigner, ce n’est pas seulement traiter. C’est aussi accompagner, rassurer les familles et expliquer. Octobre Rose est l’occasion de briser les tabous autour du cancer et d’aller à la rencontre des habitants”.

Les organisations locales, comme l’Association mahoraise pour la lutte contre le cancer (AMALCA), interviendront dans les établissements scolaires et les entreprises. Le CHM proposera une “semaine rose” à vocation pédagogique. Le service de protection maternelle et infantile (PMI) quant à lui mobilisera ses sages-femmes pour des séances de palpation dans plusieurs villages. Le 18 octobre, une journée “Passam en rose”  se tiendra à Passamaïnty, sur le parking de la Cadema, avec animations et sensibilisation ouvertes à tous.

La Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte se mobilise également. L’organisme rappelle que le dépistage est pris en charge à 100 % pour les femmes de 50 à 74 ans. Une invitation est envoyée automatiquement dès 50 ans, par voie postale ou électronique. Et en cas de non-réception, il est possible de demander un duplicata directement au siège du CSSM. À l’occasion d’Octobre Rose et des 80 ans de la structure, la branche maladie tiendra par ailleurs un stand pour informer les femmes et répondre à leurs questions sur le cancer du sein.

Pour les femmes de moins de 50 ans, il n’existe pas de dépistage organisé. Mais il est recommandé de pratiquer régulièrement l’auto-palpation, dès 20 ans, et de consulter un médecin dès l’apparition d’un symptôme suspect.

Enfin, moment fort attendu : la traditionnelle marche d’Octobre Rose aura lieu le 26 octobre à Mamoudzou. Une occasion solidaire de rappeler que la prévention, à travers le dépistage, peut sauver des vies.

Shanyce Mathias

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