Dans cet arrêté, la préfecture justifie cette décision au regard de plusieurs éléments. Tout d’abord l’application des dispositions de la loi dite « ELAN » pour libérer le foncier illégalement occupé, mais aussi et surtout suite à un rapport d’enquête d’insalubrité présenté par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte en date du 12 septembre 2025, relatif aux désordres constatés et aux risques sanitaires associés.
Un manque d’hygiène entrainant un risque de contagion important

On peut ainsi lire que « Chaque foyer ne disposant pas de son propre point d’eau, les conditions de stockage de l’eau ne sont pas optimales et peuvent favoriser la survenue de maladies d’origine hydrique. Tous les contenants utilisés non fermés hermétiquement constituent autant de possibilités de gîtes larvaires susceptibles d’abriter des moustiques tels qu’aedes albopicus, vecteur de la dengue, du chikungunya ou encore du zika. L’absence d’alimentation optimale en eau génère un risque de survenue ou d’aggravation de maladies d’origine hydrique allant de désordre intestinaux mineurs jusqu’à des maladies aux conséquences potentiellement sévères, telles que l’hépatite A, la typhoïde, etc. ».
De gros problèmes d’insalubrité

Aussi, concernant l’assainissement, aucun dispositif de collecte et de traitement des eaux usées et des matières fécales n’existe dans le périmètre, indiquent les autorités. « Les sanitaires sont des latrines permettant uniquement une infiltration des eaux usées dans le sol sans traitement préalable. Une forte odeur nauséabonde se dégage de cas espaces (…) Les équipements sanitaires sont rudimentaires et le fait que les déjections se font dans des installations posées à même le sol sont des facteurs aggravants. Ces constats mettent en avant un risque infectieux, en plus d’un risque environnemental de pollution ».
En outre, la surpopulation accroît les risques de transmission de maladies. « Cela peut favoriser la transmission des maladies et entraîner une atteinte à la santé mentale des occupants ». Enfin l’humidité et le manque d’isolation favoriseraient la prolifération de parasites, relève l’arrêté. « Ce manque d’étanchéité et d’isolation pourrait également entraîner des infiltrations d’eau, l’introduction d’insectes et de rongeurs dans les locaux à usage d’habitation, porteurs de germes de maladies infectieuses, ainsi que l’apparition de moisissures pouvant entraîner des pathologies respiratoires ».
Un risque d’incendie

Les occupants utiliseraient des bougies et des lampes torches pour s’éclairer. « Ils sont confrontés au risque d’incendie. La survenue de ce risque est accentuée par la présence d’enfants (…) Dans la totalité des locaux visités par les agents de l’ARS, il n’existe pas d’espace ni d’équipement de cuisine adéquate à disposition des occupants. Le feu de bois est le principal moyen de cuisson. Il peut ainsi survenir un risque d’incendie, notamment pour ceux qui cuisinent à l’intérieur ou à proximité des habitations. Ce risque est aggravé par le fait que des couchages soient installés par terre, soient sur des lits pliants dans la même pièce que le coin cuisine », souligne l’arrêté.
L’insécurité et les troubles à l’ordre public
Depuis son installation, le campement de Tsoundzou 2 a généré des troubles à l’ordre public. De nombreuses tensions inter-communautaires ont eu lieu en son sein mais également avec les habitants du village, sans compter le harcèlement par les bandes de jeunes, ou encore des vols et des agressions le soir avec notamment plusieurs femmes victimes d’agressions sexuelles.
« Plusieurs facteurs sont susceptibles de faire renaître des troubles à l’ordre public tels que la réorganisation du campement et de sa composition (…) Parmi les troubles à l’ordre public persistant à ce jour, on observe le développement d’une économie illégale mercantile, ainsi que la vente à la sauvette de produits alimentaires non contrôlés ».
La préfecture considère que « ces manquements et ces désordres créent des risques graves pour la salubrité et la sécurité des personnes bien souvent en situation de précarité et de vulnérabilité, et qu’il convient de mettre fin à ces conditions d’habitation irrespectueuses de la dignité humaine, mais aussi dangereuse pour la sécurité et santé publique ».
Ainsi, il est ordonné aux personnes occupant le périmètre de « Tsoundzou 2 La guinguette » d’évacuer les lieux, dans un délai maximum de vingt-trois jours, à compter de la notification du présent arrêté, le 28 septembre 2025. Par ailleurs, des propositions d’hébergement ont été faites aux occupants du camp.