Sport, fruits et bonne humeur : une journée essentielle pour les maternelles de Koungou

L'école maternelle de Koungou a organisé, vendredi 26 septembre, un après-midi dédié au sport et à l'alimentation équilibrée. Près de 270 enfants ont participé aux ateliers et exercices proposés. L'école étant en fonctionnement dégradé depuis la rentrée, ce type d'initiative est précieux pour les enfants et leurs familles.

Sur le terrain de football de Koungou, vendredi 26 septembre, plus de 270 élèves de l’école maternelle du village ont pris part à des ateliers mêlant activités sportives et sensibilisation aux bienfaits des fruits et d’une alimentation équilibrée. L’événement, organisé par l’école, a réuni de nombreux parents, enseignants et partenaires, dont la Caisse des Écoles de Koungou, présente avec des stands de sensibilisation et des animations musicales.

Sensibiliser dès le plus jeune âge à l’alimentation équilibrée

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Animé par la Caisse des Écoles de Koungou l’après-midi a été bénéfique à tout le monde, enfants, parents et enseignants.

« Ça me fait plaisir de voir les enfants jouer ensemble, le sport et le bien-manger, c’est important », sourit Ali Saanti, maman d’un petit garçon de 3 ans qui s’amuse devant elle sur les parcours d’obstacles. C’est la première fois qu’elle et son enfant viennent ici pour courir et se défouler, et ils sont nombreux dans cette situation. « Mon fils joue avec sa sœur à la maison, mais on sort rarement, je suis vraiment contente de venir ici », se réjouit Madi Moussa Nissoiti, mère d’un garçon de 4 ans.

Après plusieurs minutes d’efforts, les enfants sont guidés vers les stands de sensibilisation à l’alimentation équilibrée. A travers différents jeux de cartes et de dés, l’objectif est de reconnaître les fruits et légumes, de les nommer et d’en connaître les bienfaits. Un bracelet spécial, une salade de fruits et une bouteille d’eau ont servi de récompenses.

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Chaque élève a reçu une salade de fruits frais.

« J’évite les produits trop sucrés, j’essaie de faire attention », souligne Ali Saanti. « Mon fils adore ça, mais ce n’est pas bon pour sa santé, j’essaie de limiter », ajoute Madi Moussa Nissoiti. Les deux femmes n’ont pas hésité a rejoindre la piste de danse improvisée sur le terrain qui a très vite attirée de nombreuses familles. Un moment de partage dans la bonne humeur bénéfique pour tous.

« On observe que les habitudes alimentaires de l’Hexagone s’installent ici. Les plats gras et les tacos se multiplient et séduisent les jeunes. Il est donc essentiel de sensibiliser à une alimentation équilibrée dès le plus jeune âge », souligne Faika Abdou Kaphet, directrice adjointe de la Caisse des Écoles de Koungou, qui a mis en place et animé les stands de distribution de salades de fruits, de jus et de jeux de cartes, et qui s’occupe des collations au sein des établissements de la commune.

Des activités sportives trop rares dans un établissement au fonctionnement dégradé

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Les enfants ont pu profiter de l’espace pour s’amuser sur différents ateliers sportifs. Pour certains, c’est la première fois qu’ils venaient sur le terrain.

De retour sur le terrain, Youssouf Mohamadi, professeur à l’école maternelle, encourage et accompagne les enfants à lever les jambes pour franchir de petits obstacles. « C’est la première fois que je vois certains élèves en pleine activité sportive, ils sont heureux », remarque-t-il. « Depuis décembre dernier après Chido, nous fonctionnons en conditions dégradées et nous faisons moins de sport ».

À la rentrée, l’école maternelle, initialement située en centre-ville près de la nationale, a été transférée sur le Plateau, dans les hauteurs de la ville, pour libérer ses locaux aux élèves de classe élémentaire. Ce déménagement n’a pas facilité la situation, les écoliers ont désormais 2 heures de cours par jour. Le programme scolaire préconise 30 minutes d’activité physique à l’école maternelle mais avec ce dispositif dégradé, cela est impossible.

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Youssouf Mohamadi, accompagne un élève sur un parcours d’obstacles.

« On privilégie les maths et le français, mais même ces cours sont difficiles à mettre en place pendant les deux heures allouées, c’est compliqué. On n’a même pas de récréation dans le fonctionnement actuel et les élèves ne prennent pas de goûter », constate Youssouf Mohamadi, qui espère un retour à des conditions normales d’ici mars.

« Certains parents sont perdus »

« J’aimerais qu’ils organisent ce genre de journée chaque mois, qu’ils fassent des activités sportives chaque semaine dans la cour de récréation de l’école, mais aussi en dehors. En plus des activités sportives cela permet aux enfants de se développer moralement », demande Asfoiti, mère de deux enfants qui viennent de faire leur rentrée cette année dans l’école maternelle.

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Les élèves ont participé à des jeux de sensibilisation sur les fruits et leurs bienfaits.

« Deux heures pour étudier, ce n’est pas suffisant. C’est compliqué pour les enfants, mais aussi pour les parents, qui doivent assurer un réel suivi. Certains sont perdus et ne savent pas comment accompagner l’éducation de leurs enfants. Certains peuvent se permettre de payer des cours supplémentaires, d’autres non. Depuis la rentrée, c’est vraiment difficile ».

Loin de se laisser décourager, Asfoiti a trouvé plusieurs solutions pour le bien-être de ses enfants. « Je mets des séances sportives à la télévision et ils les reproduisent à la maison. J’ai aussi acheté du matériel, ce qui nous permet de pratiquer différents sports, notamment du fitness. Je les emmène parfois à la plage pour des activités, mais avec la situation de l’île, c’est plus simple de le faire à la maison ».

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Depuis la rentrée, les élèves n’ont que deux heures de cours par jour, sans récréation.

Côté alimentation, malgré la rareté et le coût des produits, elle s’efforce de leur donner un maximum de fruits. « Je leur prépare des fruits frais et je privilégie surtout l’eau plutôt que les sucreries et les sodas », confie-t-elle.

« On essaye de mettre en place ces journées pour réajuster notre programme scolaire difficile, pour pallier le manque de sport. C’est la même chose pour les arts plastiques », explique Yann Christine, directeur de l’établissement, conscient des difficultés rencontrées. « Face à des évènements majeurs il faut s’adapter, mais les parents sont compréhensifs ».

Victor Diwisch

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