Festival Milatsika 2025 : deux soirées pour écouter l’Océan Indien et au-delà

Les 17 et 18 octobre, le Plateau de Chiconi accueillera la 19ᵉ édition du Festival Milatsika. Entre héritages de l’océan Indien et sonorités venues d’ailleurs, deux soirées de concerts inviteront le public à célébrer la diversité et la créativité musicale.

Depuis près de vingt ans, le Festival Milatsika s’est imposé comme un rendez-vous majeur de la vie culturelle mahoraise. Cette 19ᵉ édition reste fidèle à l’esprit du festival : faire dialoguer les traditions musicales de l’océan Indien avec les influences contemporaines et internationales.

« Milatsika est une plateforme où les cultures se rencontrent et s’enrichissent mutuellement », rappelle son directeur artistique Del Zid. « C’est un espace où les traditions ancestrales et les tendances contemporaines cohabitent harmonieusement, créant une mosaïque sonore et visuelle qui reflète la richesse de notre monde ».

Un rendez-vous déjà incontournable

Créé en 2007, Milatsika est aujourd’hui considéré comme l’un des événements culturels majeurs de Mayotte. Chaque année, il attire un public fidèle et varié — environ 1.300 personnes en 2023 — et continue de renforcer son rôle de vitrine pour la scène locale tout en s’ouvrant sur l’océan Indien et au-delà. En 2024, la 18ème édition avait déjà réuni une dizaine d’artistes autour de concerts et d’ateliers, confirmant l’ancrage du festival dans la vie culturelle du territoire.

Milatsika 2025, Chiconi, musique, concert, Mayotte
Révélé l’an dernier sur la Scène Ouverte, le groupe Mwalim Klan est de retour (Photo Milatsika Festival).

Le vendredi 17 octobre, la soirée d’ouverture sera placée sous le signe des musiques insulaires revisitées. Le public pourra découvrir les voix puissantes et les percussions de Loko Gasy, groupe malgache qui modernise le style ancestral antsabeko tout en préservant son âme communautaire.

La scène mahoraise sera représentée par Sarera, formation qui s’appuie sur des instruments traditionnels comme le gaboussi et le dzendzé pour réinventer des sonorités ancrées dans la mémoire de l’île. Les Mwalim Klan, révélés l’an dernier par la Scène Ouverte, reviendront avec leur reggae engagé, nourri par les réalités sociales et environnementales de Mayotte.

La soirée s’ouvrira aussi sur d’autres horizons avec El Gato Negro, artiste voyageur dont la musique afro-latine et caribéenne illustre l’ouverture que revendique Milatsika.

Un samedi placé sous le signe de la jeunesse

Le samedi 18 octobre mettra l’accent sur l’énergie des concerts et la vitalité des nouvelles générations. Les frères Mouss et Hakim, connus pour leur engagement au sein de Zebda, apporteront une chanson mêlant rock, funk et rythmes méditerranéens. Le groupe Younger Spirit fera découvrir son blues-rock énergique, influencé par des icônes comme Ben Harper et Neil Young. Quant au groupe comorien Watoro, il viendra partager son afro-blues festif, célébrant les liens entre les îles et l’importance de la mémoire collective.

Subo SKL et Chaldi au programme

Milatsika 2025, Chiconi, musique, concert, Mayotte
Né à Chiconi, Subo SKL mêle innovation et authenticité (Photo Milatsika Festival).

Parmi les talents locaux, Subo SKL se distingue par sa capacité à mêler innovation et authenticité. Né à Chiconi, il découvre dès son enfance la musique d’Afrique de l’Est grâce aux CD (compact disc) de son père, puis s’ouvre au Hip-Hop américain, à la Dancehall et au Reggae de l’océan Indien grâce à ses cousins. Très tôt, il explore également le rap français et commence à composer ses propres morceaux avec son frère « Raki ». Aujourd’hui, chaque titre de Subo reflète ce riche mélange d’influences, porté par son perfectionnisme et sa précision musicale.

Milatsika 2025, Chiconi, musique, concert, Mayotte
L’artiste Chaldi n’hésite pas à promouvoir la culture mahoraise (Photo Milatsika Festival).

Chaldi, quant à lui, incarne pleinement la nouvelle génération d’artistes mahorais engagés. Plongé dans la musique dès l’âge de six ans aux côtés de son père, il développe un style singulier, nourri par les influences de son oncle Soundi Velo et de Karoumia. Batteur pour Zaza Matchatchari dès l’âge de onze ans, il affine son sens du rythme avant de fonder Ghetto Marzik en 2010. Rapidement reconnu localement, il rejoint ensuite la Gavrosh Family et marque les esprits avec son premier clip « Jeunesse Ni Maoré ». Ses projets récents continuent de promouvoir la culture mahoraise et de faire résonner son engagement auprès de la jeunesse.

Une expérience collective

Milatsika 2025 ne se veut pas seulement une succession de concerts mais un moment de rencontres et d’ouverture. Ateliers immersifs, discussions et installations artistiques permettront d’explorer la création sous d’autres formes.

Milatsika reste le principal festival de l’île, porté à bout de bras par Del Zid

« Nous voulons vous offrir une expérience encore plus interactive et participative, où chacun puisse éveiller ses sens et nourrir sa curiosité », explique Del Zid. L’équipe du festival poursuit également son engagement pour un événement durable : « nous avons renforcé notre démarche écoresponsable, car nous croyons en un avenir où la culture et la durabilité vont de pair ».

Le prix d’entrée est de 10 € par soirée, billetterie sur place. Plus d’informations sur le site du festival : www.festivalmilatsika.com et la page Facebook officielle.

Victor Diwisch

Partagez l'article :

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Grève des barges : confusion, colère et tensions sur les quais

Ce lundi, une grève illimitée a fortement perturbé les traversées entre Dzaoudzi et Mamoudzou. Les rotations ont été réduites, l’information aux usagers a manqué et la tension est montée aux débarcadères. Passagers et conducteurs ont attendu plusieurs heures sous le soleil pour espérer embarquer, dans une atmosphère d’incompréhension, de fatigue et de colère.

Mayotte n’a pas « raflé » l’aide européenne : elle a encaissé le cyclone le plus dévastateur de son histoire

Derrière les chiffres de Bruxelles, une réalité physique et humaine saute aux yeux : Chido a pulvérisé un territoire déjà fragilisé. Si l’Union européenne accorde quatre fois plus à Mayotte qu’à La Réunion, c’est parce que le désastre y a été total — et structurel.

Du Togo aux Seychelles : six jeunes de Mayotte partent pour des missions internationales

Le Togo, Maurice et les Seychelles, dans quelques mois, 6 volontaires du programme Territoires Volontaires (TeVo), rejoindront l'une de ces destinations pour une durée de 8 à 12 mois. Ce lundi 6 et mardi 7 octobre, ils préparent leur voyage lors d'un stage de deux jours au Comité Régional Olympique et Sportif de Mayotte.

Des décombres à l’émotion : le cyclone Chido revisité par la création artistique

À l’Office du Tourisme de Mamoudzou, l’exposition “Les mémoires du vent” a été inaugurée vendredi soir. Elle a rassemblé peintures, photographies et installations sur le thème du passage du cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024. Les artistes ont offert un espace de mémoire et de résilience à une population encore marquée par la catastrophe.