Des centaines de personnes ont répondu à l’appel à la grève de l’intersyndicale ce jeudi

Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'appel à la grève lancé par l’intersyndicale ce jeudi 18 septembre place de la République à Mamoudzou. En fin de matinée, les représentants syndicales se sont rendus en Petite-Terre pour une discussion avec le préfet.

Ce jeudi 18 septembre, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées place de la République à Mamoudzou pour répondre à l’appel à la grève lancé par l’intersyndicale. Sous les drapeaux de la CFE CGC, de la CGT Mayotte, de la FSU Mayotte, de Sud Solidaire Mayotte, de l’UD FO Mayotte, de l’UIR CFDT Mayotte et de l’UNSA Mayotte, les grévistes ont fait entendre leurs revendications, centrées sur l’alignement des droits sociaux et la revalorisation de l’indexation.

Grève, manifestation, intersyndical, Mayotte
Les syndicats demandent l’alignement immédiat des droits sociaux, l’augmentation du taux d’indexation des salaires et des retraites, et dénoncent les inégalités persistantes.

Au cœur de leurs demandes figurent l’alignement immédiat et sans conditions des droits sociaux des Mahorais avec le reste de la République, incluant le SMIC, le code du travail et la Sécurité sociale, ainsi que l’augmentation du taux d’indexation des salaires et des retraites à l’égal de l’IRCANTEC. Ils réclament également le respect des conventions collectives, le versement de l’IRPL à tous les fonctionnaires locataires et un accès universel à l’eau potable, dénonçant les inégalités persistantes et appelant à une justice sociale effective sur l’île.

Après s’être rejoints place de la République, les représentants des syndicats se sont rendus en Petite-Terre afin de discuter avec le préfet. « On attend pas grand-chose de cette rencontre, on connaît la préfecture », confie une représentante de la CGT-Ma, « le but est surtout de continuer nos actions et de mettre la pression avec notre délégation nationale ».

Le cortège regroupait des représentants de différents milieux : des fonctionnaires du Conseil départemental, du personnel du CHM mais aussi des enseignants et personnels de l’Éducation nationale. C’est le cas de Sarah Martin, enseignante au lycée de Tsararano et trésorière de la branche éducation de la CGT, venue avec Naïma Ali Hared, enseignante au lycée des Lumières.

« L’école à Mayotte est en péril »

« On aimerait être dans nos classes, mais la situation n’est plus tenable », déplore Naïma Ali Hared. « Nous sommes venus protester contre un budget qui aura des répercussions catastrophiques sur notre quotidien », ajoute Sarah Martin. « À la rentrée, nous avons constaté une diminution de 40 % des enseignants, alors que les classes continuent de grossir d’année en année et à cela s’ajoutent encore les conséquences du cyclone. Ce n’est pas normal que les moyens diminuent ».

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Sarah Martin, enseignante au lycée de Tsararano et Naïma Ali Hared, enseignante au lycée des Lumières.

« Il y a déjà un problème pour recruter des enseignants sur un territoire aussi difficile. Moins de moyens signifient moins d’attractivité pour attirer des professionnels qualifiés, alors que l’objectif devrait être d’améliorer le niveau des élèves de Mayotte, encore inférieur à celui de la métropole », poursuit Naïma Ali Hared. « Mayotte devrait être un laboratoire pour une école avec davantage de moyens, dans un territoire attractif où l’on peut se projeter sur le long terme. Malheureusement, c’est l’inverse : les titulaires partent, les contractuels sont très mal traités — certains n’ont pas été payés pendant des mois, travaillent sous des tentes et manquent de matériel » renchérit Sarah Martin. « Il y a aussi un manque criant de personnel d’encadrement et de professionnels qualifiés pour orienter les élèves », poursuit-elle.

« Au lycée de Kahani, les violences ont conduit à la fermeture de l’établissement après que le personnel a exercé son droit de retrait. Au lycée de Sada, le personnel est en grève en raison de l’incohérence de la gestion », liste Sarah Martin. « Entre le manque de moyens, la violence et l’absence d’encadrement, l’école à Mayotte est en péril », ajoute sa collègue.

« On aime notre métier, ce qui nous motive toujours, c’est de continuer à aider les élèves. Nous nous sentons utiles, beaucoup de jeunes comptent sur l’école pour avoir une vie différente de celles qu’ont eu leurs parents, c’est ce qui nous fait tenir », constate Sarah Martin. « L’école est une bouée de sauvetage pour les jeunes », insiste Naïma Ali Hared, mais désormais c’est l’école elle-même qui a besoin d’être sauvée, alertent les deux enseignantes.

Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le taux de grévistes pour l’académie de Mayotte s’élève à 37,95% dans le premier degré, et à 11,32% dans le second degré. Des chiffres plus élevés qu’en métropole ou la participation au mouvement social atteint en moyenne 14 à 17 %. Les personnels de Vie Scolaire affichent un taux plus élevé, à 23,76 %.

Un accident mortel en marge de la manifestation

A noter que la manifestation a baissé en intensité suite à l’accident survenu sur le quai d’embarcation dans lequel le maréchal des logis-chef Nicolas Verriez, de la brigade de gendarmerie maritime P602 de Dzaoudzi, a perdu la vie.

L’homme est tombé dans l’eau dans « des circonstances pour l’heure inconnues », indique la gendarmerie. « Gravement blessé lors de sa chute, le militaire est extrait de l’eau en arrêt cardio-respiratoire. Malgré les gestes de réanimation prodigués par ses camarades, puis par les secours sur le quai de Mamoudzou, le MDC Verriez est décédé peu après des suites de ses blessures ». Âgé de 36 ans, il était pacsé et père de deux enfants. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l’accident.

Le ministre d’État, ministre des Outre-mer, Manuel Valls a ainsi écrit sur le réseau social X : « J’apprends avec une profonde douleur le décès du maréchal des logis-chef Nicolas Verriez survenu ce matin à Mayotte dans l’exercice de ses fonctions à la gendarmerie maritime ».

Victor Diwisch

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