A Tsoundzou 2, l’incertitude des exilés après l’annonce du démantèlement du camp

À Tsoundzou 2, l’annonce faite le 26 août par le préfet concernant le démantèlement du camp plonge les exilés, en majorité des demandeurs d’asile, dans l’incertitude quant à leur avenir immédiat. Le camp, installé depuis février dans une zone forestière aux abords de la nationale, ne cesse de s'agrandir et dispose désormais de points d'eau, d'un magasin, d'un coiffeur, et des lieux de culte.

Dans le camp de Tsoundzou 2 en début d’après-midi, ce samedi 30 août 2025, l’incertitude règne parmi les exilés. Quelques jours après l’annonce du démantèlement du camp par le préfet, le 26 août au journal télévisé de Mayotte La 1ère, l’idée d’un retour à la rue effraie un grand nombre d’entre eux.

Un camp qui s’agrandit avec une vie en communauté

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Un homme assis dans le « salon de coiffure » du camp. Semaines après semaines quelques lieux de vie et de services sont apparus.

Depuis la création du camp en février dernier, avec l’autorisation de la préfecture, le nombre de personnes n’a cessé de grandir, passant d’une centaine à plus de 400 selon les témoignages recueillis. Si la situation y est toujours précaire, en raison de l’absence de toilettes, d’un manque de nourriture, d’un accès aux soins difficile et d’un problème de sécurité, les conditions de vie se sont néanmoins améliorées avec l’installation de points d’eau. Les maisons en bambou et en cordes permettent aussi à certains de retrouver un minimum d’intimité et de se protéger de l’extérieur.

Semaines après semaines, les habitants du camp ont développé une certaine vie en communauté, même si cela n’est pas tous les jours facile avec des tensions internes. Une épicerie est apparue au milieu des tentes et des maisons, tout comme un coiffeur, une « cafétéria », des lieux de cultes et de rencontres. Il n’est plus rare de voir des scooters livrer des commandes directement dans le camp qui est devenu un véritable village pour les demandeurs d’asile.

Le démantèlement synonyme de retour à la rue

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Pour certains de ses habitants, le camp est un refuge, certes précaire, mais précieux après un exil éprouvant et de multiples déplacements.

« On a entendu les rumeurs du démantèlement, maintenant on attend, on ne sait pas quand cela va se passer », s’inquiète Eric, arrivé à Mayotte depuis la République Démocratique du Congo (RDC). « Personne n’est encore venu nous voir, nous donner des informations, on est dans le doute ».

Pour les exilés présents à Mayotte depuis maintenant plusieurs mois, voire quelques années, ce démantèlement représente un énième déplacement forcé. Dans l’attente de l’avancée de leur demande d’asile, avec des solutions d’hébergement insuffisantes, ils sont livrés à eux-mêmes et enchaînent les milieux précaires. Certains d’entre eux ont vécu au lycée Bamana après le passage du cyclone Chido en décembre dernier, puis ils ont passé plusieurs jours au collège de Kwalé avant d’être expulsés dans la rue, puis être installés à Tsoundzou 2.

Si la situation reste intenable sur les plans humanitaire, écologique et foncier, le camp leur offre malgré tout, à court terme, un refuge précaire. « Maintenant j’ai de nouveau peur, car je ne sais toujours pas où aller si le camp est détruit », confie Gabriel, lui aussi originaire de RDC.

Combien de personnes « vulnérables » relogées ?

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En janvier dernier, des centaines de personnes avaient été évacuées du collège de Kwalé. Si la majorité des femmes et des enfants avaient été pris en charge, beaucoup d’hommes s’étaient retrouvés livrés à eux-mêmes. La situation risque de se répéter.

La préfecture a toujours indiqué prendre en charge les personnes dites « vulnérables », c’est-à-dire les femmes avec enfants, les mineurs isolés et les personnes âgées. Le 26 août, le préfet François-Xavier Bieuville l’a d’ailleurs rappelé, indiquant avoir prévu « un certain nombre d’hébergements d’urgence qui mettent à l’abri des personnes dites vulnérables ». Mais la question reste de savoir combien de personnes sont concernées.

A Tsoundzou plusieurs « opérations » ont déjà permis à des femmes et des enfants d’être relogés en partenariat avec les associations qui disposent de places de logement, mais depuis mai ces efforts ont diminué. Hadidja Uwimana, 49 ans, et ses enfants, rencontrés début juin, sont toujours là, tout comme de nombreuses familles. Pour eux, l’annonce du démantèlement du camp est difficile, mais ils se raccrochent tout de même à l’espoir de pouvoir enfin obtenir un hébergement. « Et nous les hommes, on va devenir quoi ? », questionne un jeune, un brin énervé.

« Les personnes qui ont obtenu le statut de réfugiés espèrent aussi que la préfecture utilise la destruction du camp pour les laisser partir vers la métropole », confie Gabriel. « Tous les jours on parle entre nous, on se demande qui va faire quoi après le démantèlement. La peur domine, mais pour d’autres il y a aussi de l’espoir ». Le jeune homme ne quitte plus son téléphone pour ne rater aucune information sur le camp, il a d’ailleurs suivi avec attention l’interview du préfet qu’il n’a pas hésité à partager avec les autres habitants.

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Les dégâts suite à l’incendie qui s’est déclaré, le 1er septembre dans le camp (Photo : Gabriel).

En attendant le démantèlement, les exilés poursuivent leur vie, tant bien que mal. Certains commencent déjà à préparer leurs sacs à dos car ils le savent, chaque nuit est désormais comptée. Contactée, la préfecture n’a pas communiqué la date retenue pour l’opération.

Lundi 1er septembre au matin, un incendie s’est déclaré en plein centre du camp. Des « délinquants » seraient à l’origine du feu, selon les habitants de Tsoundzou. Plusieurs maisons et tentes sont parties en fumée, les restes d’affaires calcinées sur le sol. Il n’y a eu aucun blessé grave mais l’événement a rappelé à tout le monde à quel point tout pouvait disparaître en quelques secondes, tel un prémisse du démantèlement à venir.

Victor Diwisch

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