Renforts médicaux nationaux à Mayotte également pourvue d’une soixantaine de postes de praticiens étrangers

Les déserts médicaux faisaient la Une de tous les journaux nationaux ce mardi. Il s’agissait de détailler le dispositif de renforts dans les 151 zones prioritaires. Dont Mayotte. Qui est également intégrée depuis un an dans le dispositif PADHUE.

Le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a publié le 30 août au Journal officiel un arrêté listant 259 nouveaux postes vacants Outre-mer à l’adresse de tous les professionnels de santé, dont les praticiens titulaires d’un diplôme hors Union européenne. La mesure est censée répondre au désert médical particulièrement prégnant sur ces territoires.

Ils sont déjà 5.000 médecins PADHUE à exercer sur l’ensemble du territoire français. Comme nous l’avions expliqué dans un article détaillé sur ce sujet, la rareté de praticiens a été provoquée par des réformes successives dans le secteur de la santé, nécessitant ce recours en urgence à des diplômes hors UE.

Jusqu’en juillet 2024, seuls les territoires des Antilles, de la Guyane et de Saint-Pierre-et-Miquelon, bénéficiaient de ce dispositif dérogatoire. On se souvient que l’extension à Mayotte des Praticiens à diplôme hors Union Européenne, plus connus sous leur acronyme PADHUE, par le décret du 3 juillet 2024, avait incité les praticiens de l’île à descendre dans la rue. Ils reprochaient à ces médecins, chirurgiens-dentistes, sage-femmes et pharmaciens concernés, de ne pas remplir les conditions de diplôme normalement applicables, car non soumis à la condition d’obtention des Examens de Vérification des Connaissances (EVC), normalement exigés pour exercer en France métropolitaine.

En juin 2024, la mesure avait incité les praticiens de Mayotte à se mobiliser

Le même décret de 2024 élargissait également l’éventail des structures susceptibles d’accueillir ces praticiens en ajoutant les services départementaux de protection maternelle et infantile, les établissements et services sociaux et médico-sociaux, les services de prévention et de santé au travail.

C’est ainsi que 61 postes sont ouverts à Mayotte, dont 7 médecins urgentistes visant un service en crise au Centre hospitalier de Mayotte, autant de pédiatres, 10 généralistes, 2 pharmaciens en biologie médicale, 4 sages-femmes… En tout 45 professionnels pour le CHM et les PMI (protection Maternelle et Infantile). Deux postes concernent le Centre de santé ONAKIA, 11 le centre UNONO et 3 pour le centre de santé de la Protection civile.

Des renforts nationaux deux jours par mois

Autre mesure, l’ensemble du territoire de Mayotte est également intégré dans les 151 zones prioritaires identifiées par le ministère de la Santé pour la mise en œuvre de la mission de solidarité obligatoire des médecins libéraux. Il s’agit d’envoyer deux jours par mois des généralistes volontaires – au départ le gouvernement voulait l’imposer – moyennant une indemnisation de 200 euros. L’île de La Réunion n’étant pas intégrée par la cartographie de ces zones rouges car en tension, on imagine que ces renforts arriveront du CHU voisin.

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L’ensemble du territoire de Mayotte est intégré à la cartographie des « zones rouges » de désert médical

Cette cartographie repose d’une part sur un indice de vulnérabilité élaboré par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), intégrant des critères tels que la densité médicale ou encore le nombre de patients atteints d’affections de longue durée (ALD). Les agences régionales de santé (ARS) auraient également eu droit à la parole.

Les zones identifiées, qualifiées de « zones rouges », correspondent à des territoires marqués par une offre de soins très insuffisante. À partir de septembre 2025, ces zones disposeront donc progressivement de cabinets dits « solidaires », qui fonctionneront sur un système de rotation entre médecins. Sur la base du volontariat, médecins en exercice ou retraités pourront y intervenir pour garantir une offre de soins effective. « Cette première phase ‘pilote’ sera suivie d’une phase de généralisation au cours de l’année 2026 », indique le ministère de la Santé.

Anne Perzo-Lafond

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