Huit mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, l’État grave dans le marbre l’outil destiné à coordonner la reconstruction du territoire. Le décret n° 2025-786 du 7 août 2025, paru le 8 août au Journal officiel de la République française, transforme l’ancien établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM) en Établissement public de reconstruction et de développement de Mayotte.
Un territoire marqué par la catastrophe

Le cyclone Chido, l’un des plus violents qu’ait connu le 101ème département français, a détruit une part importante du bâti et des infrastructures, provoquant une crise humanitaire et économique sans précédent. Dès les jours suivants, le président de la République, Emmanuel Macron, avait annoncé la création d’un établissement spécifique pour organiser la reconstruction, suivant le modèle d’opérateurs publics déjà mobilisés dans d’autres contextes exceptionnels.
Une mission élargie et structurée
Le décret du 7 août confie à l’établissement, au-delà de ses anciennes compétences foncières, « la mission de veiller à la livraison des ouvrages et à la réalisation des opérations d’aménagement conduites par des acteurs publics et privés nécessaires à la reconstruction du territoire ». Placé « sous la tutelle conjointe du ministre chargé de l’outre-mer et du ministre chargé de l’urbanisme », il disposera d’une gouvernance renouvelée.

Le conseil d’administration sera composé de quatorze membres, répartis à parts égales entre représentants de l’État et des collectivités locales. Sa présidence reviendra « au président du Conseil départemental de Mayotte », ou plutôt au représentant de la future Assemblée du département, si l’on s’en tient à l’évolution législative prévue dans le cadre de la loi de refondation pour la reconstruction de Mayotte. Par ailleurs, un comité d’orientation de trente membres complètera le dispositif, dont le rôle consistera à éclairer les choix stratégiques.
Un pilotage confié au général Facon

Le général Pascal Facon, nommé préfigurateur par décret du 9 janvier 2025 pour concevoir la future structure, a assuré la phase « préparatoire ». Le poste de directeur général, distinct, doit faire l’objet d’un arrêté ministériel. Selon le calendrier annoncé par le Gouvernement, l’opérateur devrait être pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année 2025. Dans l’immédiat, le directeur général de l’ancien établissement public foncier reste en fonction « jusqu’à la nomination du directeur général dans les conditions prévues » par le décret. D’ailleurs, si le décret ne précise pas encore l’identité du futur directeur général, rien n’exclut que le général Pascal Facon, déjà chargé de la préfiguration de l’établissement, puisse être nommé à ce poste par arrêté ministériel.
Une étape institutionnelle décisive
Dans tous les cas, avec ce texte, l’État franchit une nouvelle étape dans la mise en place du dispositif promis en début d’année. Reste désormais à mobiliser les moyens financiers et techniques pour répondre aux attentes de la population et engager une reconstruction durable du territoire mahorais, encore largement marqué par les conséquences du cyclone Chido.
Mathilde Hangard