C’est une visite éclair que va effectuer Élisabeth Borne sur notre territoire ce lundi. En effet, durant la matinée, la ministre se rendra dans différents établissements scolaires de Mamoudzou et de Koungou pour « rencontrer tous les acteurs mobilisés afin de garantir la reprise des enseignements dans les meilleures conditions », explique son entourage, avant de repartir plus tard dans l’après-midi.
Elle ira ainsi tout d’abord, en tout début de matinée, à l’école maternelle et élémentaire de Majicavo-Lamir avant de se rendre à l’école élémentaire Bob Gillier, puis au lycée Bamana. En début d’après-midi, la ministre de l’Éducation nationale ira visiter le collège Halidi-Selemani de M’Gombani où lui sera présenté le dispositif « Vacances Apprenantes ».
« Les Vacances Apprenantes » quèsaco ?

Du 18 au 21 août 2025, 52 élèves de CM2 du dispositif A13, sélectionnés suite à des tests de positionnement, participent aux « Vacances Apprenantes » du collège de M’Gombani, un programme éducatif et ludique pensé pour faciliter leur passage en 6e. Ce dernier a pour ambition d’offrir aux élèves des repères solides pour aborder leur nouvelle vie de collégien et vise à les rassurer avant leur entrée au collège en se familiarisant avec leur futur environnement. Il a aussi pour objectif de renforcer leur autonomie et de stimuler leur curiosité.
Pendant quatre matinées, de 8h à 12h, les participants bénéficieront d’un accompagnement personnalisé mêlant renforcement scolaire, initiation au numérique et activités sportives et environnementales. Il s’agit de renforcer les compétences scolaires dans l’acquisition des savoirs fondamentaux et numériques.
Les « Vacances Apprenantes » s’articulent ainsi autour de trois axes majeurs : – un soutien scolaire en français, mathématiques et informatique, pour consolider les savoirs fondamentaux et initier les élèves aux outils numériques ; – la familiarisation avec le milieu collégien, à travers la découverte des espaces (CDI, vie scolaire, pôle médico-social…), des outils de travail (Pronote, carnet de liaison, emploi du temps) et des codes de fonctionnement du collège ; – et enfin des activités sportives et de pleine nature, incluant une sortie à la plage, une randonnée dans la mangrove et des ateliers de sensibilisation à la biodiversité et aux enjeux climatiques.
Une rentrée scolaire en mode (très) dégradé ?

Invitée à participer à la visite de la ministre au collège de M’Gombani, la Fédération des conseils de parents d’élèves de Mayotte (FCPE 976) a décliné « fermement » cette invitation, considérant que « Cette visite s’apparente à une opération de communication, alors que la situation scolaire à Mayotte relève d’une urgence humanitaire, sociale et républicaine », indique la Fédération dans un communiqué. En effet, selon la FCPE 976, huit mois après le cyclone Chido, « aucune salle de classe n’a été reconstruite sur les 3.000 détruites ou endommagées, selon les rapports de la Préfecture ». De plus, près de 15.000 enfants (soit un sur quatre) « seraient privés d’école (source : Défenseure des droits, juin 2025), sans qu’un recensement officiel n’ait été publié par l’Etat ».
La FCPE s’inquiète ainsi de la prochaine rentrée scolaire « qui s’annonce chaotique, sans aucun plan crédible communiqué aux familles. Ce que vivent nos enfants n’est pas une difficulté passagère. C’est une honte pour la République. Une injustice inacceptable ailleurs sur le territoire national ». Et d’ajouter dans le communiqué qu’« un enfant mahorais a six fois moins de chances d’avoir une salle de classe qu’un enfant en métropole (en raison des quadruples rotations scolaires) ». Sans compter « un mépris systémique, répété année après année » avec des promesses non tenues comme « les 1.200 salles d’ici 2026 qui restent des coquilles vides ». Et de dénoncer « une urgence humanitaire qui ne peut plus être niée : des élèves étudient sous des bâches, dans des écoles insalubres, ou ne sont tout simplement pas scolarisés ». La Fédération déplore par ailleurs de n’avoir eu aucune réponse, bien qu’alertées, de la part d’Élisabeth Borne, mais aussi de la nouvelle Rectrice.

Ainsi, la Fédération des conseils de parents d’élèves de Mayotte exige un plan de reconstruction signé et daté, précisant le nombre exact de salles à reconstruire, avec la liste des établissements prioritaires, un calendrier mensuel précis et un budget détaillé, avec l’origine des fonds (Etat, Europe, collectivités). En outre, elle souhaite la création d’une cellule de crise associative réunissant les représentants des parents d’élèves, des collectivités et de l’Etat, dotée d’un pouvoir de contrôle, ainsi que des réunions hebdomadaires avec des comptes-rendus publics.
Elle demande également une transparence totale sur la réponse de l’Etat face à la situation scolaire dans le 101e département, incluant la publication des chiffres réels de non-scolarisation par commune.

La FCPE veut aussi que l’État s’engage solennellement sur la création d’un groupement d’intérêt public (GIP) Observatoire de la Violence à Mayotte (OVM) « qui est pourtant à l’initiative concertée du Rectorat de Mayotte et des institutions de l’Etat depuis 2019 mais que les services de l’Etat refusent d’accompagner alors que la violence reste un fléau quotidien qui impacte la scolarité de nos enfants et de la population de façon globale », fustige-t-elle. Enfin, la Fédération souhaite l’élargissement du Pass Culture à Mayotte « afin de permettre aux familles d’acquérir des manuels pour leur enfant à la rentrée ».
Une rentrée scolaire qui s’annonce donc difficile, malgré de déplacement de la ministre de l’Éducation nationale sur notre territoire, sachant que de nombreux maires de l’île, à l’image de celui de Mamoudzou, ont fait part depuis maintenant plusieurs semaines de leurs inquiétudes s’agissant notamment de l’accueil des élèves dans de bonnes conditions faute de financement de l’État…
B.J.