L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM), dans une étude consacrée à la conjoncture économique pour l’année 2024 dans les Outre-mer, estime que « 2024 signe globalement un retour à la normale pour le climat des affaires. Même si les situations locales restent néanmoins assez contrastées ».
Ainsi à Mayotte, après un début d’année marqué par un mois et demi de blocage, les perspectives économiques se sont améliorées nettement au milieu de 2024, « portées par l’optimisme des entrepreneurs ». Toutefois, le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier n’a fait que doucher les espoirs.
À La Réunion, l’indicateur du climat des affaires (ICA) se situe en deçà de sa moyenne de longue période sur l’ensemble de l’année. « Les chefs d’entreprise font état d’une activité peu dynamique, et ceci dans tous les secteurs d’activité. Les incertitudes découragent les investissements », constate l’IEDOM.
L’inflation baisse dans tous les territoires d’Outre-mer
L’inflation en Outre-mer a maintenu sa dynamique baissière en 2024. Après avoir atteint 2,6 % en glissement annuel en décembre 2023, elle s’établit à 1,6 % en fin d’année 2024, contre +1,3 % pour l’ensemble Hexagone+DOM.
Dans l’océan Indien les prix de l’énergie se sont orientés à la baisse à La Réunion et ont augmenté à Mayotte, à un rythme soutenu, mais à un niveau moindre qu’en 2023. « Les passages des cyclones Chido à Mayotte et Garance à La Réunion ont entrainé des hausses de prix sur l’alimentation dans les premiers mois de l’exercice 2025 », note l’institut.
Un ralentissement de l’emploi quasi généralisé dans l’ensemble des DROM
En 2024, le ralentissement du nombre de créations d’emploi observé en 2023 se confirme dans de nombreux territoires ultramarins. Le nombre de salariés du privé est resté stable sur un an à La Réunion et en Guadeloupe et est en léger recul en Martinique (-1 %).
Selon l’IEDOM, le secteur de la construction est le principal contributeur au ralentissement observé à La Réunion et aux Antilles, avec une baisse des emplois dans ce secteur de respectivement 6 % et 4 %. Il est à l’inverse très dynamique en Guyane française (+5 %). Dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, les emplois progressent en Guyane française (+6 % de salariés) et à La Réunion (+3 %). Ils sont stables en Guadeloupe et en recul en Martinique (-2 %). Quant à Mayotte, le passage de Chido a fortement fragilisé ce secteur puisqu’environ 60 % des établissements touristiques ont subi des dégâts structurels, et 73 % ont dû fermer temporairement, faute de matériel, d’électricité ou d’eau.
Ainsi, le chômage dans les Outre-mer reste plus élevé que dans l’Hexagone et son taux dépasse 10 % dans quasiment tous les territoires ultramarins (plus de 30 % à Mayotte). Selon les derniers chiffres de l’IEDOM, en moyenne au 2ᵉ trimestre 2025, à Mayotte, le nombre de personnes inscrites à France Travail qui ne sont ni en attente d’orientation ni en parcours social s’établit à 19.015 (catégories A, B, C, D, E). Soit un recul de 12,5 % par rapport au 1er trimestre 2025 et une légère hausse de 0,3 % sur un an. Aussi, sur l’année 2024, à l’exception de la Martinique, un recul du chômage est observé dans l’ensemble des DROM.
Une année 2025 encore incertaine sur le plan économique ?
L’institut estime que les territoires d’Outre-mer doivent renforcer leur attractivité pour réduire leur vulnérabilité aux chocs. « C’est une transformation en profondeur qui paraît aujourd’hui nécessaire ». Pour cela, l’IEDOM évoque plusieurs pistes d’amélioration. La première consiste à améliorer la concurrence en modifiant notamment le code du commerce.

L’IEDOM préconise aussi réduire les rigidités structurelles. « L’Autorité de la concurrence estime notamment que l’octroi de mer favorise les rigidités sur le marché des biens et services (…) il conviendrait d’examiner des pistes comme la simplification des taux ou leur réduction sur les produits pour lesquels il n’existe pas d’équivalent local ». Pour l’IEDOM, il faut également mieux accompagner les entreprises. « L’enjeu consiste à la fois à simplifier les processus administratifs et mutualiser les demandes des entreprises ».
Enfin dernière mesure : Concentrer l’effort d’investissement sur les projets porteurs avec notamment la modernisation des ports, la transition énergétique ou encore l’autonomie alimentaire.
« Dans un environnement international incertain, l’année 2025 s’annonce contrastée pour les Outre-mer français. À court terme, les perspectives d’activité sont peu favorables. Au premier trimestre 2025, le climat des affaires est mal orienté dans la plupart des territoires », souligne ainsi l’IEDOM dans son étude.