Océan Indien : La Chine à l’offensive économique à Madagascar

Deux nouveaux protocoles d’accord viennent d‘être signés. Le premier protocole vise la transformation agricole alors que le second prévoit un vaste programme d’industrialisation du secteur. Madagascar fait partie des 52 pays que la Chine compte accompagner dans le cadre de son plan d’investissement de 50 milliards de dollars annoncé en septembre 2024 à Beijing lors de la 9eme édition du sommet de la coopération Chine-Afrique (Focac) à laquelle avait pris part Andry Rajoelina.

La Chine renforce sa présence à Madagascar en multipliant les accords de partenariats économiques avec la Grande Ile. La semaine dernière, le 26 juillet, deux protocoles d’accord ont été signés au ministère des Affaires étrangères à Antananarivo. Le patron de la Sinomach (China National Machinery Industry Corporation), Cai Jibo, et la Secrétaire d’Etat auprès de la Présidence en charge de la Souveraineté alimentaire, Tahian’Ny Avo, ont signé deux protocoles d’accord dans deux domaines clés.

Une transformation du secteur agricole

Le premier protocole vise un projet de transformation agricole. C’est le haricot mungo ou ambérique verte appelé « voatsororoka en malgache » qui est ciblé par le ministère malgache de l’Agriculture. L’objectif affiché est d’augmenter le niveau de productivité pour en faire un produit d’exportation. « Le groupe Sinomach apportera son expertise et sa technologie pour assurer la vulgarisation de cette filière prometteuse dans tout Madagascar, et ce, en amont jusqu’en aval de cette chaîne valeur, soit l’exportation de cette légumineuse sur le marché international », a souligné Tahian’Ny Avo, qui cible trois zones prioritaires pour lancer les activités : Analamange, Bongolava (région de Tananarive) et Amoron’i Mania (province de Fianarantsoa). « Elle seront les premières régions d’intervention pour la mise en œuvre de ce projet issu de la coopération sino-malgache », a-t-elle déclaré.

Lors de la signature des accords, le 26 juillet dernier à Antananarivo

Pour la secrétaire d’Etat malgache, la Grande Ile souhaite, à travers cette transformation, répondre à une forte demande de ce produit en Chine et ouvrir de nouveaux horizons de marchés à l’international. « Nous visons ainsi l’exportation de ce produit agricole afin d’améliorer les sources de revenu des paysans. Des sites vitrines seront également mis en place pour faciliter sa vulgarisation à l’échelle nationale», a-t-elle expliqué chez nos confrères de Midi Madagasikara.

Le deuxième protocole d’accord prévoit un vaste plan d’industrialisation du secteur agricole par une mécanisation des activités. « Madagascar dispose d’énormes potentialités de terres arables. Nous allons apporter nos technologies et notre expertise pour accompagner le pays dans sa transformation agricole », a souligné le patron du groupe Sinomach, Cai Jibo.  « La Chine va appuyer le pays en matière de mécanisation agricole par le biais de la vulgarisation des matériels et équipements agricoles. Ce qui permettra d’améliorer les rendements contribuant à l’atteinte de la souveraineté alimentaire. Des usines de transformation agricoles seront également installées afin de créer de la valeur ajoutée locale », a ajouté Tahian’Ny Avo.

Des investissements en hausse depuis 2019

 Les deux pays ont diversifié leur coopération économique depuis 2018 dans de nombreux domaines. Le président Andry Rajoelina n’a cessé de louer « l’excellence de la coopération sino-malagasy » à l’occasion de sa rencontre avec le dirigeant chinois lors du forum économique Chine-Afrique en septembre 2024. Si les deux responsables n’ont pas clairement annoncé les montants respectifs de ces deux interventions, de nombreux observateurs à Madagascar laissent penser que les fonds seront puisés dans l’enveloppe de 50 milliards de dollars annoncée par XI Jinping lors du dernier sommet de la Focac. La Chine est considérée comme le premier partenaire commercial de Madagascar et « premier fournisseur du pays (21,5 % de parts de marché) devant les Emirats Arabes Unis (10,1%) et la France (10 %) », selon un document officiel du Trésor français.

En tout, 52 pays dont Madagascar bénéficient du plan d’investissement chinois en Afrique. La Grande Ile a déjà obtenu des promesses d’investissements dans de nombreux domaines avec « 26 projets structurants », couvrant les infrastructures, comme la construction de la route reliant le port de Toamasina à la RN3, la route Ambilobé-Vohemar, la rénovation du réseau des télécommunications ou encore l’appui au développement et à la diversification du secteur rizicole. De nombreuses entreprises chinoises se sont implantées à Madagascar avec un volume d’investissements estimé à « 273 milliards de dollars » en 2019.

A.S.Kemba

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